JO 2030 : Un calendrier décisionnel bouleversé

Alors que le Comité International Olympique (CIO) devait tenir sa 140ème Session en mai 2023 à Bombay (Inde), les menaces pesant sur le Comité National Olympique indien ont conduit à un report de l’événement qui devait notamment dévoiler l’identité du futur hôte des Jeux d’hiver de 2030.

Thomas Bach, Président du Comité International Olympique, en octobre 2021 (Crédits – IOC / Philippe Woods)

La course aux Jeux de 2030 ne sera décidément pas de tout repos pour le CIO.

Malgré l’installation pleine d’une nouvelle procédure de sélection du futur organisateur, l’institution olympique a ainsi déjà dû composer avec le retrait de la candidature espagnole, tout en constatant actuellement la baisse de régime du projet nippon. Face à cela, le CIO peut bien sûr compter sur la présence solide de Salt Lake City (Utah, États-Unis) et sur l’engagement de Vancouver (Canada), même si cette dernière candidature demeure fragile, faute d’un soutien provincial et fédéral probant à ce stade des discussions.

Outre les problématiques inhérentes aux candidatures, l’institution – qui comptait jusqu’à présent établir les modalités de mise en œuvre de la phase de dialogue ciblé dès le mois de décembre 2022 – est en plus confrontée à la gestion du cas du Comité National Olympique de l’Inde.

Certes non-candidat à l’accueil des Jeux d’hiver de 2030, l’Inde occupe pourtant une place de choix dans le processus décisionnel, puisque le pays doit accueillir la 140ème Session du CIO, Session qui aura l’honneur de désigner le futur hôte.

Or, la mise en évidence de conflits internes et de problèmes portant sur la gouvernance du CNO, ayant notamment eu pour conséquence de retarder la tenue des élections quadriennales de l’organisation, ont conduit cette semaine la Commission Exécutive du CIO à prendre une décision forte.

De fait, un ultime avertissement a été adressé aux dirigeants du CNO indien, avant qu’une possible – si ce n’est probable – suspension ne soit engagée lors de la dernière réunion annuelle de la Commission Exécutive prévue dans le courant du mois de décembre 2022.

Pour éviter une telle sanction – déjà menée à l’encontre du CNO entre 2012 et 2014 – les instances olympiques indiennes devront assurer au CIO la résolution des problèmes internes de gouvernance, tant dans l’intérêt du sport et des athlètes, que du bon fonctionnement des organes dirigeants.

Élection de Bombay comme Ville Hôte de la 140ème Session du CIO, le 19 février 2022 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Aussi, à l’aune de ces incertitudes, la Commission Exécutive du CIO a pris la décision de reporter la tenue de la 140ème Session initialement programmée pour le mois de mai 2023. Ce rendez-vous majeur du Mouvement Olympique devrait dès lors se tenir entre septembre et octobre 2023, toujours à Bombay, sauf à imaginer une suspension du CNO indien, ce qui nécessiterait une délocalisation de l’événement.

Avec ce report, le processus décisionnel concernant l’attribution des JO 2030 se trouve aujourd’hui bouleversé.

De fait, l’installation de la phase de dialogue ciblé – consistant à ne privilégier qu’une ou deux candidature(s) en vue de désigner le futur hôte – devrait également être décalée dans le temps si l’on considère le report de la Session olympique. Ainsi, en lieu et place du mois de décembre 2022, il est probable que l’enclenchement du dialogue ciblé ne soit effectif qu’au cours du printemps 2023.

Pour les candidatures en lice à l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, cette redistribution des cartes pourrait avoir une certaine incidence.

Concernant Sapporo (Japon), le projet développé autour de la Ville Hôte des JO 1972 pourrait profiter des quelques mois supplémentaires pour tâcher de convaincre au mieux le CIO de ses forces, tout en essayant de se démarquer des affaires judiciaires et suspicions relatives à Tokyo 2020, alors même que le Maire de la ville a récemment annoncé l’annulation de son déplacement au siège du CIO.

Jusqu’à présent en position de favorite, la cité nippone pourrait par ailleurs tout perdre si l’opinion publique venait à se retourner de manière irréversible dans le cas où les médias viendraient à se faire l’écho de nouvelles révélations embarrassantes pour Tokyo 2020 et, par ricochet malheureux, pour Sapporo 2030.

Pour ce qui est de Salt Lake City, la candidature américaine pourrait réapparaître comme l’option la plus sûre pour le CIO, la ville et le territoire bénéficiant déjà de l’expérience des Jeux (2002), de la qualité des infrastructures, mais aussi et surtout d’une opinion publique plus que favorable au retour des anneaux olympiques, et d’institutions sportives et politiques enthousiastes.

Entre les deux mastodontes en présence, Vancouver veut encore croire en ses chances, et le délai supplémentaire attendu pourrait lui être bénéfique. Pour la Ville Hôte des JO 2010, les derniers mois écoulés ont permis de refaire une partie du retard consécutif à une longue hésitation des pouvoirs publics locaux. Ainsi, outre la révélation du concept des Jeux, de nouvelles enquêtes sondagières sont venues redonner confiance aux porteurs du projet.

Désormais toutefois, la principale mission sera de convaincre la Province de Colombie-Britannique et l’État Fédéral du Canada de suivre une ambition basée sur l’héritage des JO 2010 et sur une gouvernance des Jeux incarnée par les peuples autochtones. Pour y parvenir, la candidature de Vancouver devra nécessairement tenir compte des échecs passés, le dernier en date étant celui de Calgary 2026 qui avait déjà été embourbé dans des considérations institutionnelles.

Octavian Morariu à la tribune de la 135ème Session du CIO, le 10 janvier 2020 à Lausanne (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

A ce stade, les candidatures ont été informées par le CIO du report de la 140ème Session. Concernant le dialogue ciblé – qui succédera au dialogue continu actuellement disposé – l’institution olympique entend laisser le champ libre à la Commission de Futur Hôte présidée par Octavian Morariu, même si celle-ci devrait suivre le nouveau calendrier.

Comme l’a en ce sens déclaré Thomas Bach, Président du CIO, à l’issue de la réunion de la Commission Exécutive, vendredi 09 septembre :

Ce sera entre les mains de la Commission de Futur Hôte, à savoir le fait de venir devant la Commission Exécutive en décembre ou plus tard.

Nous avons pris la décision [de reporter la Session] pas plus tard qu’hier, nous avons donc informé le Président de la Commission pas plus tard qu’hier ou aujourd’hui afin que cette décision soit prise en considération pour la suite du processus.

Cette Commission fait partie de notre révolution du processus décisionnel, et cela lui donne beaucoup d’autonomie.

Aussi, la Commission Exécutive ou moi-même en tant que Président n’interférerons pas dans la procédure, dans la planification et dans l’ordre du jour.

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