Jeux d’hiver : Une quête en suspens pour Pyrénées-Barcelone

Au moment où l’Espagne se retrouve confrontée à une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, à l’instar de ses voisins européens, le projet de candidature olympique et paralympique de Pyrénées-Barcelone pour de prochains Jeux d’hiver est aujourd’hui placé en suspens.

Vue du Parc Olympique sur la colline de Montjuïc avec notamment le Palais Sant Jordi au centre et, sur la droite, le Stade Olympique des Jeux d’été de Barcelone 1992 (Crédits – Barcelona / Official Website)

Évoqué depuis plusieurs années, avec d’abord la volonté de soumettre une proposition pour l’échéance 2022, puis un temps mentionné pour celle de 2026, le projet Pyrénées-Barcelone a finalement refait surface au cours des derniers mois avec, en ligne de mire, une échéance non-déterminée comprise entre 2030 et 2038.

Reposant en partie sur l’héritage des Jeux d’été de Barcelone 1992 et sur les infrastructures sportives alors aménagées ou réhabilitées – comme le Stade Olympique ou le Palau Sant Jordi – le projet ambitionne de faire venir les Jeux d’hiver pour la première fois de l’histoire en Espagne, mais avant tout, sur la chaîne pyrénéenne.

Aussi, le Comité Olympique Espagnol (COE) devait initialement officialiser la candidature auprès du Comité International Olympique (CIO) au cours de l’été. Toutefois, l’épidémie de Covid-19 et la gestion par l’institution de Lausanne (Suisse) des modalités de report des Jeux de Tokyo 2020, ont conduit les autorités à revoir leur calendrier, comme l’a récemment expliqué Gerard Figueras, Secrétaire Général des Sports au sein de la Generalitat de Catalogne.

Le Président du CIO, Thomas Bach – au centre – lors d’une rencontre avec les représentants des Provinces catalanes en février 2019 (Crédits – CIO / Greg Martin)

Ce temps ainsi préservé devrait d’ailleurs être mis à profit par lesdites autorités sportives pour poursuivre les discussions avec les pouvoirs publics qui devront in fine se mettre d’accord pour appuyer une probable candidature aux Jeux, le projet technique étant achevé.

De fait, comme l’a affirmé Juan Antonio Samaranch Jr., fils de l’ancien Président du CIO et membre de l’institution en Espagne, dans un entretien pour le quotidien sportif Mundo Deportivo :

Il est essentiel que pour que la candidature de Pyrénées-Barcelone puisse avoir lieu, il doit y avoir une entente parmi les administrations publiques.

S’il n’y a pas d’accord public fiable, solide et puissant – entre le gouvernement central, celui d’Aragon, de la Generalitat de Catalogne, le Conseil Municipal, le Conseil Provincial – mieux vaut ne pas aller de l’avant.

Ce doit être le projet de tout le monde ou de personne ; un projet pour la jeunesse et pour la société accepté comme celui de Barcelone 1992. Sinon, cela ne vaut pas la peine de continuer.

Pour aller plus loin encore dans sa réflexion, celui qui occupe actuellement les fonctions de Président de la Commission de Coordination du CIO pour les Jeux de Pékin 2022, n’a pas manqué de rappeler les nouvelles normes et recommandations établies par l’institution en matière d’utilisation de sites existants.

Ainsi, pour ce qui est du cas de Pyrénées-Barcelone, en dehors des équipements structurants d’ores et déjà en place, Juan Antonio Samaranch Jr. n’hésite pas à faire mention des sites français implantés dans les environs d’Albertville pour conforter le cas échéant le projet espagnol :

Organiser les Jeux ne suppose pas un coût élevé.

C’est surtout l’occasion d’apporter des investissements et des financements publics et privés pour développer le territoire et créer des emplois car en soit, l’organisation n’oblige pas à faire un train rapide vers Baqueira, à déployer une route en direction de Puigcerda ou à construire un autre tunnel dans le massif du Cadi. Ne dépensez pas d’argent pour des tremplins de saut à ski. Qu’en ferez-vous plus tard ? Faites appel aux équipements situés vers Albertville.

Construisez simplement des infrastructures qui ont du sens pour la communauté. S’il y a de la volonté et une entente de la part de tous, c’est un jeu qui vaut la peine d’être tenté.

Ce double propos, sous forme de conseils adressés aux porteurs de l’ambition olympique et paralympique espagnole, dont Alejandro Blanco, Président du COE, est aussi une réponse aux critiques formulées tant à l’encontre du modèle des Jeux, que du projet en question qui repose sur un pays où la culture des sports d’hiver demeure encore à un niveau bien en deçà de celui des sports d’été.

Pour y remédier, les autorités sportives espagnoles espèrent qu’une candidature aux Jeux pourra être de nature à favoriser des investissements dans la mise à niveau des stations pyrénéennes, mais également dans la détection des futurs athlètes appelés à concourir aux Jeux d’hiver, l’Espagne n’étant à ce jour auréolée – malgré vingt participations – que de quatre médailles obtenues lors de trois célébrations distinctes (Sapporo 1972, Albertville 1992 et PyeongChang 2018).

(Crédits – Pirineus-Barcelona)

Dans le cadre de sa candidature éphémère pour les Jeux de 2022, la cité catalane avait proposé un budget d’organisation de 3,262 milliards d’euros, avec une mobilisation des équipements de Barcelone et des infrastructures présentes dans les stations pyrénéennes de La Molina et de Masella, toutes deux situées dans la province de Gérone.

Si le Stade Olympique implanté sur la colline de Montjuïc avait en toute logique été proposé pour recevoir les Cérémonies d’ouverture et de clôture, le Palau Sant Jordi avait quant à lui été présenté pour abriter les compétitions de patinage artistique et de patinage de vitesse sur piste courte (short-track). Un investissement de l’ordre de 10 millions d’euros avait alors été mentionné pour assurer une transformation temporaire de l’enceinte sportive, sur le modèle de ce qui fut réalisé en amont des Championnats du Monde de natation en 2013 avec la conception d’un bassin démontable destiné aux compétitions.

Le Palais Municipal des Sports et le Vélodrome d’Horta furent en outre proposés par la candidature pour les épreuves de curling et pour le tournoi féminin de hockey-sur-glace – moyennant une mise à niveau de ces équipements et des travaux d’adaptation compris entre 23 et 27 millions d’euros. De plus, le Palau Blaugrana (170 millions d’euros) et le Centre de patinage de vitesse (40 millions d’euros) avaient aussi été intégrés au dispositif qui s’appuyait enfin sur l’aménagement d’un Village des Athlètes dans le secteur de la Marina del Prat Vermell (150 millions d’euros).