JO 2030 : Juan Antonio Samaranch Jr. au secours de la candidature espagnole

En Espagne, le projet porté par Pyrénées-Barcelone pour les Jeux d’hiver de 2030 est plus que jamais fragilisé par des tensions politiques et des critiques citoyennes exprimées sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Face à ce double constat, Juan Antonio Samaranch Jr., fils de l’ancien Président du Comité International Olympique (CIO), a décidé de monter au créneau.

Juan Antonio Samaranch Jr., lors de la 138ème Session du CIO, le 21 juillet 2021 à Tokyo (Crédits – IOC / Greg Martin)

Alors qu’il préside actuellement la Commission de Coordination des Jeux de Pékin 2022 qui doivent s’ouvrir dans moins de trois mois dans un contexte encore incertain en raison de la crise sanitaire, Juan Antonio Samaranch Jr. conserve un œil attentif sur le développement de la candidature de Pyrénées-Barcelone 2030.

Aussi, conscient de l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le projet, le leader catalan a pris la parole ces derniers jours.

L’occasion pour le fils de l’ancien Président emblématique du CIO (1980-2001) de rappeler la nécessité pour la candidature de recueillir le soutien le plus large possible pour espérer décrocher l’organisation des Jeux.

Ainsi qu’il l’a exposé dans la presse locale :

S’il n’y a pas d’unité entre toutes les institutions impliquées et la société civile, il n’y en aura pas et il ne sera pas nécessaire de commencer. Nous nous blesserons, nous perdrons du temps et cela nous coûtera de l’argent.

Si des forces politiques comme la CUP, qui soutiennent le gouvernement de la Generalitat de Catalogne, disent qu’elles doivent discuter, conclure des accords et consulter le territoire, je suis d’accord, à condition que cela soit fait avant de présenter la candidature.

(Crédits – Pirineus-Barcelona)

Au travers de ce qui s’apparente à un avertissement sans frais, tant à l’égard des porteurs de la candidature que des opposants à cette dernière – et qui n’est pas sans rappeler le propos déjà formulé à l’automne 2020 – Juan Antonio Samaranch Jr. entend montrer que le temps est d’ores et déjà compté pour l’ambition catalane.

De fait, même si aucun calendrier pré-déterminé n’a été officialisé par l’institution de Lausanne (Suisse), le choix du futur hôte des JO 2030 pourrait intervenir à la mi-2023 lors de la Session du CIO qui se déroulera alors à Bombay (Inde).

En considérant cette échéance, la candidature de l’Espagne devrait en conséquence être prête à défendre ses chances au plus tard à l’automne 2022 pour envisager un dialogue ciblé avec le CIO qui privilégie désormais l’échange régulier avec les prétendants aux anneaux olympiques.

Or, les querelles partisanes et les critiques citoyennes freinent aujourd’hui le projet, au moment même où d’autres villes et territoires affirment leur positionnement sur la scène européenne et internationale, à l’image de l’Ukraine, de Sapporo (Japon), de Salt Lake City (Utah, États-Unis), dans une moindre mesure de Vancouver (Canada) et, de façon moins structurée pour l’heure, de la France, avec la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Aussi, pour tenter de rassurer les opposants rassemblés sous la bannière « Stop JJOO », qui pointent notamment le défi climatique dans les Pyrénées, Juan Antonio Samaranch Jr., membre du CIO depuis 2001 et Vice-Président du Comité Olympique Espagnol (COE), a exprimé son souhait de demander qu’un rapport soit réalisé concernant les conditions d’enneigement et de température dans les Pyrénées dans les 20 prochaines années.

Pas sûr néanmoins que cela soit suffisant. Pour le collectif citoyen qui a publié en milieu de semaine un Manifeste, le projet de candidature aux JO 2030 doit en effet être mis sur arrêt dans les plus brefs délais.

Reprenant le slogan du collectif « 30 jours de fête, 30 ans de misère », ledit Manifeste énonce d’ailleurs en particulier :

Nous devons faire face à l’avenir. Nous voulons vivre dans les Pyrénées et avoir une vie digne. Nous ne pouvons pas permettre à un événement de 30 jours de nous condamner à 30 ans de misère.

Il est maintenant temps de construire un mouvement social à travers les Pyrénées qui ouvre la voie du changement, dans nos territoires et dans toute la Catalogne.

Nos revendications sont claires : retirer la candidature aux Jeux d’hiver de 2030 et canaliser les investissements pour couvrir les besoins de la montagne pour aller vers un changement de modèle socio-économique basé sur la vie des Pyrénées et la défense du territoire.

(Crédits – Stop JJOO)

Avec un site Internet et une présence de plus en plus visible sur les réseaux sociaux – plus de 1 800 followers sur Twitter et plus de 2 110 sur Instagram au 13 novembre 2021 – le collectif « Stop JJOO » veut peser dans le devenir de la candidature espagnole qui, déjà ces dernières années, n’avait pas réussi à convaincre les pouvoirs publics de s’engager dans la course aux Jeux de 2022, puis dans celle pour la quête des Jeux de 2026.

Pour accroître son argumentaire, le collectif devrait en outre pouvoir compter sur l’appui d’opposants au modèle olympique qui ont contribué à l’échec des référendums organisés autour des candidatures de Munich 2022 et, plus récemment, de Calgary 2026 et, sur le plan des Jeux d’été, Boston 2024 et Hambourg 2024.

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