JO 2038 : La Suisse en position privilégiée

Au-delà du processus décisionnel portant sur les éditions hivernales 2030 et 2034, le Comité International Olympique (CIO) a entrouvert cette semaine la porte des Jeux de 2038 à un partenaire historique de l’institution, à savoir la Suisse. Une phase inédite de « dialogue privilégié » débute à présent entre les deux parties avec pour finalité d’aboutir à un accord d’ici fin 2027.

Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de Lausanne 2020 à la Vaudoise aréna, le 09 janvier 2020 (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

Sans précédent.

En engagement une poursuite des discussions avec non pas une ou deux mais bien trois parties dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de la décennie 2030-2040, la Commission de Futur Hôte et la Commission Exécutive du CIO ont une fois de plus bousculé les règles.

Aussi, aux côtés des Alpes françaises et de Salt Lake City (Utah, États-Unis) qui ont été invitées à participer au dialogue ciblé dans l’optique des Jeux de 2030 pour les premières et de 2034 pour la seconde, les instances olympiques ont invité la Suisse à poursuivre ses échanges avec le CIO et ce, sur la base d’une attribution possible des JO 2038.

Comme l’a expressément indiqué le communiqué officiel diffusé en fin d’après-midi, ce mercredi 29 novembre 2023 :

Pendant le dialogue privilégié, le CIO n’engagera pas de discussions avec d’autres hôtes potentiels des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2038.

Lors de ce dialogue exclusif, le CIO demandera à la partie intéressée d’aborder certains aspects du projet qui doivent encore être discutés, notamment sur la répartition des sites, la stratégie de financement, les garanties et le soutien de la population.

Vue de la Maison Olympique à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / Adam Mork)

Si cette invitation consiste à rallonger la période d’examen du dossier helvète, elle illustre finalement de la stratégie mise en œuvre par le CIO depuis quelques années, consistant à choisir le « bon hôte au bon moment », dans l’intérêt de toutes les parties, au-delà de toute considération calendaire qui pouvait prévaloir jusqu’alors.

De fait, conscient que la Suisse pourrait fournir un solide projet d’accueil d’une édition des Jeux d’hiver – avec l’expérience organisationnelle et la culture des sports d’hiver – l’institution de Lausanne entend donner toutes ses chances au pays de pouvoir être en capacité de boucler un dossier technique des plus efficaces.

L’échéance de 2030 a de facto été considérée comme peu appropriée pour permettre à Swiss Olympic d’apporter les garanties nécessaires dans leur intégralité et 2034 apparaissait hors de portée également dans la mesure où cette édition spécifique semblait d’ores et déjà promise à Salt Lake City.

L’invitation lancée par le CIO à destination des autorités sportives et politiques helvètes conforte par ailleurs la stratégie adoptée par Swiss Olympic dans le cadre de sa réflexion pour bâtir les fondements d’une nouvelle candidature.

Habile, l’instance olympique avait en effet avancé un concept de Jeux pensé à l’échelle du pays tout entier – et non pas focalisé autour d’une ville ou d’un canton comme par le passé – avec de surcroît l’idée de ne pas privilégier une échéance prédéfinie.

L’intitulé même dudit concept faisait ainsi écho à cette stratégie, avec la mention « Switzerland 203X », le X montrant la flexibilité des porteurs de la candidature vers une édition comprise entre 2030 et 2038.

Dans cet esprit, les partisans de la candidature n’ont pas manqué de souligner dès hier soir l’opportunité qui se présente à eux et qu’ils ont tout intérêt à saisir.

Ainsi que l’a exposé Urs Lehmann, Président de Swiss Ski, par ailleurs représentant des Fédérations de sports d’hiver au sein de l’association « Switzerland 203X » consacrée lors de la validation du projet par le Parlement du Sport :

Des Jeux Olympiques d’hiver en 2038 en Suisse peuvent nous donner des ailes dans nos efforts constants pour maintenir les sports d’hiver en forme pour l’avenir en tant que bien culturel national, en tant que partie de l’ADN suisse. Je suis convaincu que le sport suisse dans son ensemble en profiterait.

Nous avons maintenant entre nos mains la possibilité de concrétiser notre vision et de faire de possibles Jeux Olympiques d’hiver 2038 non seulement un événement sportif inoubliable, mais aussi un programme d’impulsion à long terme pour la Suisse et le sport suisse.

Le Parlement du Sport approuve à l’unanimité le projet helvète pour l’organisation des Jeux d’hiver à l’horizon 2030, vendredi 24 novembre 2023 à Ittigen, Suisse (Crédits – Manuel Lopez / Swiss Olympic)

Afin d’être au rendez-vous fixé au plus tard à fin 2027, Swiss Olympic va devoir redoubler d’effort pour obtenir un soutien sans équivoque des pouvoirs publics – le terme de « ferme soutien » a même été employé par le Président de la Commission de Futur Hôte, Karl Stoss – ainsi que de l’opinion publique.

A ce stade, la population semble pencher en faveur des Jeux, même si l’appui mériterait d’être plus soutenu pour pleinement satisfaire le CIO.

En octobre dernier, en marge de la présentation du concept des Jeux, un sondage réalisé pour le compte du quotidien « 20 Minutes » et « Tamedia » auprès de plusieurs milliers de lecteurs révélait ainsi un enthousiasme mesuré quant à la perspective d’une candidature.

A ce moment-là, 55% des personnes interrogées s’étaient alors déclarées favorables à l’idée d’un projet basé sur la mobilisation de sites dans l’ensemble du pays, 41% des sondés faisant part à l’inverse de leur opposition.

Outre la question de l’approbation de la candidature, le CIO cherche aussi à conseiller à la Suisse d’affiner son concept qui, en dépit de la structuration autour d’une majorité de sites existants, conserve des points en suspens, que ce soit sur la localisation de certaines épreuves ou sur la question de l’hébergement des athlètes.

Élément incontournable pour toute candidature aux Jeux, la problématique du financement constitue également un sujet sur lequel Swiss Olympic et les pouvoirs publics devront apporter des réponses, avec par ailleurs le concours attendu d’acteurs issus du secteur privé.

Dans le cas où la Suisse serait fin prête à recevoir les Jeux, l’événement se tiendrait en tout cas 90 ans après la célébration des Jeux d’hiver de St-Moritz 1948 et 18 ans après l’orchestration des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne 2020.

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