Baignabilité de la Seine: Paris 2024 entend bien être au rendez-vous

A moins d’un an de l’ouverture des Jeux d’été de Paris 2024, l’annulation de la quatrième étape de la Coupe du Monde de natation en eau libre prévue ce week-end dans la Seine, montre le travail restant à accomplir pour assurer la baignabilité du fleuve, en 2024 pour les compétiteurs et dans deux ans pour le grand public.

Visuel du site du Pont Alexandre III configuré pour les épreuves de triathlon et para-triathlon, ainsi que pour les épreuves de natation en eau libre, dans le cadre des Jeux d’été de Paris 2024 (Crédits – Paris 2024)

En contrebas du Pont Alexandre III, face à un ponton flottant spécialement aménagé pour l’occasion, la quatrième étape de la Coupe du Monde de natation en eau libre devait donner, ce week-end des 05 et 06 août 2023, un aperçu de la mobilisation de la Seine dans le cadre de compétitions attendues lors des Jeux d’été de Paris 2024.

Finalement, en raison des fortes intempéries constatées ces derniers jours – inédites dans leur configuration et leur survenance à cette période de l’année depuis 1965 selon les autorités – et à l’aune des relevés portant sur la qualité de l’eau du fleuve, World Aquatics et la Fédération Française de Natation ont pris la décision d’annuler le rendez-vous.

Dans un bref communiqué, la Fédération Internationale n’a d’ailleurs pas caché sa déception face à l’impossibilité de maintenir l’étape parisienne, tout en se projetant sur 2024 en relevant aussi que des efforts importants devaient encore être accomplis en coordination avec les pouvoirs publics et le Comité d’Organisation des Jeux (COJO) de Paris 2024.

Comme l’a affirmé le Président de World Aquatics, Husain Al Musallam :

World Aquatics est déçu que la qualité de l’eau de la Seine ait entraîné l’annulation de l’étape de Coupe du Monde de natation en eau libre, mais la santé de nos athlètes doit toujours être notre priorité absolue.

World Aquatics comprend que d’autres projets d’infrastructures seront achevés pour améliorer considérablement la qualité de l’eau de la Seine à l’approche des Jeux.

World Aquatics reste enthousiaste à l’idée d’organiser des courses olympiques dans le centre-ville pour les meilleurs nageurs en eau libre du monde l’été prochain.

Sur la base de ce week-end, il est clair que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour Paris 2024 et les autorités locales afin de garantir la mise en place de plans d’urgence solides pour l’année prochaine.

De son côté, la Fédération Internationale de triathlon – qui projette un test pour le triathlon et le para-triathlon entre les 17 et 20 août prochains – a fait savoir qu’elle suivrait les résultats des prochaines analyses. Surtout, l’instance internationale a précisé que le format des épreuves pourrait être adapté le cas échéant, autrement dit, en supprimant si besoin la partie natation.

Ainsi que l’a exposé World Triathlon dans un communiqué :

Pour Paris 2024 et World Triathlon, la santé et la sécurité des athlètes sont notre priorité absolue.

Nous continuerons donc, en collaboration avec les autorités compétentes, à surveiller attentivement la qualité de l’eau au cours des prochains jours, dans l’espoir confiant – sur la base des prévisions météorologiques actuelles – que des athlètes de haut-niveau concourront dans la Seine plus tard ce mois-ci.

Dans le cas peu probable où la qualité de l’eau ne répondrait pas aux exigences de World Triathlon et aux critères de santé publique, un plan d’urgence sera mis en place, qui verra la ou les courses passer au format duathlon.

A un an des Jeux, les efforts pour rendre la Seine baignable, menés par l’État et la Ville de Paris, continuent d’améliorer significativement la qualité de l’eau de la Seine.

Vue du ponton flottant aménagé en contrebas du Pont Alexandre III à Paris en prévision des épreuves tests de natation en eau libre et de triathlon et para-triathlon (Crédits – World Aquatics)

Pour les organisateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques, l’enjeu de la baignabilité de la Seine constitue un point-clé du dispositif envisagé.

D’abord promesse durant la phase de candidature – elle-même héritée d’une promesse électorale à la fin des années 1980 – la baignade dans la Seine a ensuite constitué un défi logistique colossal, avec la mobilisation de 1,4 milliard d’euros et la mise en chantier de plusieurs infrastructures dans et en dehors de la capitale.

A ce sujet, le COJO a eu l’opportunité de rappeler ce week-end que des travaux étaient encore à finaliser, la Ville de Paris ayant quant à elle précisé dès le début du mois de juillet, que les opérations engagées seraient terminées à 75% à la fin de cet été. Une manière de rassurer l’ensemble des acteurs au projet olympique et paralympique.

Les autorités locales avaient notamment listé les quatre axes au sein desquels des chantiers ont été actés, que ce soit au travers de la modernisation ou de la construction d’ouvrages visant à réduire les déversements d’eaux usées en cas d’intempéries orageuses, de la suppression des mauvais branchements – 23 000 – des habitations rejoignant la Seine et la Marne, mais encore le raccordement d’environ 260 bateaux au réseau d’assainissement, ainsi que le traitement dit de « désinfection » des eaux rejetées par les stations d’épuration gérées par le Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP) en amont de Paris, sur les sites de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) et de Valenton (Val-de-Marne).

Parmi les chantiers majeurs, celui du bassin de stockage d’Austerlitz, dans le 13e arrondissement de la capitale, est sans nul doute l’un des plus représentatifs des efforts aujourd’hui menés.

En effet, d’ici 2024, en cas de fortes intempéries comme celles survenues ces jours passés, et dans le but de prévenir la saturation des égouts, la structure cylindrique de 50 mètres de diamètre pour plus de 30 mètres de profondeur sera en mesure de pouvoir retenir plus de 50 000 m3 d’eau, soit l’équivalent de quelques 20 piscines olympiques.

Parallèlement à ce dispositif, d’autres équipements d’envergure seront également opérationnels à compter de l’année prochaine.

Cela concernera notamment le bassin versant du Ru Saint-Baudile (Seine-Saint-Denis) qui offrira dès lors une capacité de stockage de 30 000 m3, ou le VL8, soit le collecteur de grande capacité – diamètre de 2,5 à 3 mètres et longueur d’environ 10 kilomètres – construit à près de 30 mètres sous terre entre les départements de l’Essonne et du Val-de-Marne.

Vue du chantier du bassin d’Austerlitz à Paris (Crédits – Guillaume Bontemps / Ville de Paris)

Les projections des autorités laissent en tout cas penser que les aménagements une fois achevés dans leur intégralité assureront aux Jeux d’être en capacité d’éviter un aléa comme celui repéré ce week-end.

Bien sûr, le timing de l’annulation de l’étape de Coupe du Monde de natation en eau libre intervient au plus mauvais moment sur le plan de la communication et au niveau du calendrier, peu après les célébrations relatives au compte à rebours des Jeux, un an avant l’ouverture sur la Seine.

Il n’empêche, nageurs et organisateurs sont conscients des contraintes pouvant se faire jour dans un environnement naturel qui est une composante-clé de la pratique de la natation marathon.

Le cas de Paris ne saurait toutefois être comparable à celui de Rio de Janeiro (Brésil) qui, après l’obtention des JO 2016, avait présenté un vaste plan de dépollution de la célèbre baie. Des difficultés logistiques et financières avaient cependant ponctué la mise en œuvre de ce plan dès 2014, alors que de vives critiques et la publication d’analyses bactériologiques avaient par la suite suscité l’inquiétude parmi les futurs compétiteurs.

Aussi, résolument confiant à moins d’un an des Jeux de 2024, le COJO parisien compte bien être prêt, avec le concours de l’État, de la Ville de Paris et de l’ensemble des parties prenantes, déjà dans l’optique du rendez-vous de triathlon et de para-triathlon dans les jours à venir, et de surcroît dans la perspective des Jeux.

Si d’aventure, un épisode météorologique intense venait toutefois à se produire lors de l’événement olympique et paralympique, Paris 2024 a d’ores et déjà prévu d’installer une journée de contingence. En d’autres termes, les compétitions impactées par une éventuelle mauvaise qualité de l’eau de la Seine pourront être décalées.

Ce report possible – qui pourrait atteindre deux jours de contingence – sera néanmoins contraint par la date de clôture des Jeux Olympiques, soit au 11 août 2024, sachant que la natation en eau libre est attendue sur le site du Pont Alexandre III entre les 08 et 09 août.

Concernant le déroulement prévu des compétitions de triathlon, les épreuves individuelles seront orchestrées les 30 et 31 juillet 2024, quelques jours avant l’épreuve du relais mixte planifiée au 05 août. Quant aux épreuves de para-triathlon, ces dernières se tiendront in situ les 1er et 02 septembre 2024.

Visuel du site de baignade du Bras de Grenelle, dans le 15e arrondissement de Paris (Crédits – Ville de Paris)

Au-delà des Jeux, le défi posé par les aménagements dans et en dehors de Paris répond également à la promesse de rendre à nouveau baignable la Seine aux Parisiens et aux visiteurs à compter de 2025, soit précisément 102 ans après l’interdiction formulée par les autorités, tant face à la pression démographique de l’époque qu’au regard du trafic fluvial et des activités portuaires.

Début juillet – en marge de l’opération « Paris Plages » dans laquelle une zone de baignade estivale est déjà identifiée sur le Bassin de La Villette (19e) depuis 2017 – la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a en ce sens annoncé que trois sites le long de la Seine seraient ouverts un an après la tenue des Jeux.

Face à l’île Saint-Louis, le site du Bras Marie (4e) sera ainsi accessible, tout comme celui du Bras de Grenelle (15e), entre le port de Grenelle et les rives de l’île aux Cygnes, mais encore celui de Bercy (12e), au niveau de la passerelle Simone de Beauvoir, en contrebas du Parc de Bercy face à la Bibliothèque François Mitterrand.

Dès 2025, des bouées permettront de délimiter les plans d’eau qui seront surveillés et aménagés autour d’un ponton pour un accès en toute sécurité. Des espaces destinés aux baigneurs seront en outre agencés sur les quais bas, comprenant des vestiaires et des douches.

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