JO 2030-2034 : Sapporo sur le chemin de la raison

Confrontée à une opinion publique relativement mitigée et face au positionnement actuel du Comité Olympique du Japon (JOC), la candidature de Sapporo semble peu à peu reconsidérer le calendrier de son projet, avec désormais la probabilité de déplacer le curseur de 2030 à 2034.

Vue de Sapporo en hiver (Crédits – Visit Sapporo / Official Local Travel Information)

La mise sur pause du processus de candidature de la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 1972, puis les dernières déclarations en provenance du JOC ont sans doute pesé dans la balance conduisant à faire vaciller les certitudes des autorités municipales jusqu’alors exclusivement concentrées sur l’organisation des JO 2030.

Il faut dire que les derniers mois ont été particulièrement tumultueux pour celle dont le statut de favorite s’était construit au gré de l’évolution de la concurrence internationale, et notamment de la préférence pour 2034 exprimée par la plus sérieuse rivale du projet nippon, à savoir Salt Lake City (Utah, États-Unis).

Aussi, en profitant de ce boulevard offert sur la voie des JO 2030 et en misant aussi sur les Jeux de Tokyo 2020 – pour lesquels les épreuves de marche et le marathon avaient été délocalisés à Sapporo – la candidature avait peu à peu conforté son positionnement, elle qui fut contrainte au retrait de la course aux JO 2026 il y a quelques années.

Néanmoins, les scandales entourant Tokyo 2020 ont mis un sérieux coup de frein à cette candidature, d’autant plus en considérant la volatilité de l’opinion publique soucieuse de ne pas subir – une fois encore – la hausse des coûts prévisionnel et, in fine, de tardives révélations embarrassantes quant à la gestion de l’organisation des Jeux.

Aussi, lorsque une réflexion s’est imposée au printemps 2023 pour revoir les conditions de la candidature et sa promotion, l’idée d’un report sur l’édition 2034 a commencé à faire son chemin.

Cela a même été renforcé ces dernières semaines par le positionnement du JOC, dont le Président récemment réélu, Yasuhiro Yamashita, n’a pas fait mystère de ses doutes quant à la capacité de Sapporo d’être prête pour 2030, non pas en termes de préparatifs structurels, mais davantage en ce qui concerne l’adhésion populaire et la transparence des décisions.

Katsuhiro Akimoto, Maire de Sapporo, et Thomas Bach, Président du Comité International Olympique, le 07 août 2021 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Au cours des jours passés, le message a en tout cas été reçu du côté de l’Hôtel de Ville de Sapporo.

Ainsi que l’a déclaré le Maire, Katsuhiro Akimoto, lors d’une conférence de presse organisée le 30 juin 2023 :

Je pense qu’il sera difficile de reprendre les activités pour amener les Jeux Olympiques d’hiver à Sapporo si nous ne sensibilisons pas davantage le public à l’événement.

Ce propos – repris par le quotidien nippon « The Asahi Shimbun » – est intervenu deux jours après l’annonce, par les autorités municipales, d’une refonte de la stratégie autour des plans de gestion pour les Jeux.

Concrètement, Sapporo prévoit d’établir un système ouvert pour assurer le recrutement d’une partie des membres du Conseil d’administration d’un futur Comité d’Organisation, tout en se dirigeant vers l’instauration d’une autorité tierce chargée de superviser les travaux dudit Comité et ce, dans un souci de transparence vis-à-vis des parties prenantes aux Jeux et plus encore à l’égard de la population.

Outre ces initiatives portant sur le fonctionnement interne, Sapporo entend également organiser des réunions publics à travers les divers quartiers de la ville. Sans évoquer la perspective d’un référendum – qui a tant impacté certaines candidatures olympiques par le passé – les autorités municipales espèrent ainsi retrouver la confiance de l’opinion.

Cette stratégie est cependant à double tranchant.

Dans la course aux JO 2024, Boston (Massachusetts, États-Unis) avait ainsi choisi de multiplier les réunions publiques à mesure que les sondages dégringolaient. Mais plutôt que de faire repartir à la hausse la courbe sondagière, cette initiative avait eu pour conséquence de produire l’effet inverse en accélérant la chute de la candidature.

(Crédits – Visit Sapporo / Official Local Travel Information)

Quoiqu’il en soit, la mise en œuvre des actions promises par la Ville de Sapporo paraît aujourd’hui peu compatible avec la poursuite de la candidature pour 2030.

Forte d’un projet reposant pour partie sur l’héritage des JO 1972 et sur des infrastructures déjà existantes, cette dernière pourrait dès lors prendre la direction de 2034, voire d’une échéance ultérieure.

Car le Comité International Olympique (CIO) – soucieux de préserver l’image de marque des Jeux qu’il s’attache à restaurer depuis plusieurs années – s’est lui-aussi quelque peu détourné de Sapporo au fil des mois.

A présent, Stockholm (Suède) apparaît en position de force pour 2030. Pour confirmer cette tendance, il faudra encore que le projet proposé soit suffisamment convaincant pour l’opinion publique et les autorités locales et nationales, maîtres du destin de la candidature suédoises.

Pour 2034, le futur hôte semble d’ores et déjà tout trouvé, avec la solidité de la proposition exprimée par Salt Lake City qui a su conserver un précieux et confortable temps d’avance.

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