Milan-Cortina 2026 : Turin pourrait intégrer la cartographie des sites

Initialement envisagées à Baselga di Pinè dans la région du Trentin-Haut-Adige (Italie), les épreuves de patinage de vitesse des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 vont finalement devoir trouver un nouveau point de chute, le site ayant été écarté du dispositif en raison de l’inflation des coûts d’aménagement d’un Anneau de vitesse couvert. Malgré son renoncement au stade de la candidature, Turin pourrait dès lors faire son grand retour sur la scène des Jeux.

Vue de l’Oval Lingotto, site des épreuves de patinage de vitesse lors des Jeux d’hiver de Turin 2006 (Crédits – Lingotto Fiere Torino)

Comme pour tout hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques, Milan-Cortina 2026 adapte son concept et continuera à le faire au cours des trois prochaines années et ce, afin d’optimiser au mieux un projet pensé sept ans avant l’ouverture des Jeux et même davantage si l’on considère la réflexion nécessaire à la mise en œuvre d’une telle entreprise.

Aussi, il n’est pas surprenant de constater que des évolutions peuvent et pourront survenir quant à la cartographie des sites choisis pour accueillir les compétitions en 2026.

Il n’empêche, malgré cet indispensable travail d’adaptation, certains choix mettent aussi en lumière les fragilités du projet transalpin, à l’image du casse-tête que constitue la localisation des épreuves de patinage de vitesse.

Si la patinoire de Baselga di Pinè a été sélectionnée dès la phase de candidature, le choix de ce site en plein air a par la suite posé question, notamment du fait des coûts potentiellement élevés pour permettre l’aménagement d’une toiture au-dessus de la structure existante.

De fait, alors qu’une enveloppe budgétaire de l’ordre de 36,352 millions de dollars avait été avancée en 2018-2019, dont 3,692 millions de dollars au titre des aménagements olympiques à prévoir à la charge du Comité d’Organisation, les projections ultérieures ont eu pour conséquence d’alourdir la facture prévisionnelle et d’amener les organisateurs à penser à des solutions alternatives.

Il faut dire qu’au-delà de la pose d’une toiture, la refonte de la structure existante devait également conduire à l’installation d’une jauge de 5 000 places durant les Jeux, capacité ramenée ensuite à 3 000 places pérennes.

Pour cet agencement, une enveloppe de près de 70 millions d’euros a pu être évoquée en 2021, alors que dans le même temps, des tests ont été réalisés en concertation avec le Comité International Olympique (CIO) et l’Union Internationale de Patinage (ISU) sur le site milanais de la Civica Arena, écrin de 30 000 places construit au début du XIXème siècle sur ordre de Napoléon Ier alors Empereur des Français et Roi d’Italie.

Vue de la patinoire de Baselga di Pinè (Crédits – Tripadvisor)

Finalement, en novembre 2022, les contours d’un projet d’arène couverte à 50,5 millions d’euros avec de larges baies vitrées offrant une vue imprenable sur le territoire ont été dévoilés, dont 9 millions consacrés aux aménagements olympiques spécifiques à la tenue des épreuves en 2026.

Depuis, les coûts prévisionnels n’ont toutefois cessé de s’accroître pour atteindre une fourchette désormais comprise entre 70 et 75 millions d’euros et ce, sans compter les frais de maintenance et d’entretien de l’équipement après l’organisation des Jeux.

En conséquence, le Comité d’Organisation de Milan-Cortina 2026 et les autorités locales ont décidé d’écarter Baselga di Pinè du dispositif.

Ainsi que l’a exposé cette semaine Giovanni Malago, à la tête de Milan-Cortina 2026, par ailleurs Président du Comité National Olympique Italien (CONI) et membre du CIO :

Dès le début, le CIO a eu beaucoup de doutes sur la durabilité d’un endroit comme Pinè.

Nous avons défendu ce site jusqu’à la dernière minute. Nous avons fait l’impossible pour défendre cet emplacement.

Baselga n’est pas victime de tout cela, mais c’est un cas comme il y en a des dizaines dans l’organisation des Jeux.

Pour sa part, le Président de la Région du Trentin-Haut-Adige, Maurizio Fugatti, a eu l’occasion de mettre en avant le sens des responsabilités pour justifier l’abandon du site initial :

Tout ce qui devait être fait pour permettre la construction d’un Anneau de vitesse tel qu’envisagé par le CIO a été fait.

Techniquement, il y avait le temps nécessaire, mais la couverture de la patinoire est essentielle et les coûts sont passés de 50 millions d’euros en novembre dernier à 70 à 75 millions aujourd’hui.

Visuel du projet de requalification de l’Anneau de vitesse de Baselga di Pinè, Italie, dans l’optique des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 (Crédits – Studio Zoppini Associati)

A ce stade, aucune alternative n’a formellement été actée, même si deux options se présentent au Comité d’Organisation et aux institutions publiques associées au projet qui devront in fine prendre une décision à l’unanimité.

La première option consisterait à établir une structure temporaire, disposée sur un site restant à définir, mais dont la jauge et les caractéristiques techniques pourraient convenir aux organisateurs et aux instances internationales.

La seconde consisterait à mobiliser l’Oval Lingotto de Turin, site des compétitions de patinage de vitesse lors des Jeux d’hiver de 2006, les derniers à s’être déroulés en Italie.

Bien que complexe à mettre en œuvre, cette option aurait l’avantage de reposer sur un équipement existant qui a déjà fait ses preuves auprès du CIO et de l’ISU. Elle permettrait surtout de réduire drastiquement les coûts pour bénéficier d’un site adapté proposé par le CONI lors de la présentation de son Masterplan Olimpico en août 2018. A l’époque, Turin avait été proposée pour accueillir les épreuves de patinage de vitesse, ainsi qu’une partie du tournoi de hockey-sur-glace partagé avec Milan.

En revanche, il y a lieu de se rappeler que Turin – malgré son expérience olympique passée – avait fait le choix de ne pas suivre Milan et Cortina d’Ampezzo au moment de bâtir les fondations de la candidature aux JO 2026.

Or, les temps changent et les autorités turinoises pourraient à présent être tentées de jouer une nouvelle partition.

Cette possibilité semble en tout cas recueillir les faveurs du gouvernement italien. Matteo Salvini a ainsi plaidé pour une coopération franche et directe avec le Piémont, le Vice-Président du Conseil italien, Ministre des Infrastructures et des Transports ayant notamment fait savoir cette semaine que le Président de la Région et l’actuel Maire de Turin étaient disponibles pour des discussions avec les organisateurs.

Si d’aventure Turin venait à rejoindre le dispositif des Jeux de 2026, d’autres sites hérités de l’édition hivernale passée pourraient aussi être intégrés à la cartographie des prochains Jeux.

Ce pourrait en particulier être le cas de la piste de bobsleigh, luge et skeleton de Cesana Pariol et ce, alors que le projet de reconstruction de la piste Eugenio Monti à Cortina d’Ampezzo a été présenté en dépit d’un coût au-delà de 80 millions d’euros.

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