JO 2030 : Des pistes de réflexion pour les sites de Vancouver

Alors que l’étude de faisabilité pour une candidature olympique et paralympique de Vancouver (Colombie-Britannique, Canada) devrait livrer ses conclusions au mois de juin, de premières pistes de réflexion se dégagent concernant les sites susceptibles d’être mobilisés en 2030.

Les anneaux olympiques au cœur du Whistler Olympic Park (Crédits – Flickr / Jon Wick)

Si certains équipements utilisés lors des Jeux d’hiver de 2010 devraient – sans surprise – être de la partie dans le cadre de l’élaboration d’un nouveau projet olympique et paralympique, d’autres sites sont actuellement passés au crible dans toute la Colombie-Britannique pour, le cas échéant, intégrer la cartographie dudit projet.

A ce stade, il semble parfaitement acquis que le BC Place Stadium serait une fois de plus l’écrin des Cérémonies d’ouverture et de clôture. Pour sa part, le Vancouver Convention Center abritera à nouveau les journalistes du monde entier dans une configuration de Centre des Médias.

Parmi les autres sites de Vancouver et de sa région auréolés des anneaux olympiques en 2010, il est aussi à noter la forte probabilité de retrouver la Rogers Arena (18 910 places) et la UBC Thunderbird Arena (7 200 places) pour l’accueil du tournoi de hockey-sur-glace, tout comme l’Anneau olympique de Richmond pour le patinage de vitesse.

Le Hastings Park de Vancouver serait quant à lui à nouveau sollicité pour accueillir le patinage artistique et le patinage de vitesse sur piste courte – ou short-track – au cœur du Pacific Coliseum (15 000 places), à seulement 6 kilomètres à l’Est du BC Place Stadium.

En revanche, le curling – hébergé au sein du Hillcrest Center en 2010 – devrait trouver un nouveau point de chute dans l’optique des JO 2030. Pour l’heure, le PNE Agrodome semble tenir la corde.

Construite dans les années 1960, l’enceinte dispose d’une jauge comprise entre 3 260 et 5 000 places en fonction de la configuration adoptée. Surtout, bien qu’ayant été absent du dispositif des JO 2010, le site répondrait aux exigences olympiques portant sur une utilisation maximale de structures déjà existantes et aurait, en outre, l’avantage d’être implanté, comme le Pacific Coliseum, au sein du Hastings Park. Une rénovation – restant à évaluer – serait toutefois nécessaire pour permettre à l’équipement de devenir un site des Jeux.

Offrant une pluralité de sites dans un périmètre relativement compact, le Hastings Park serait par ailleurs susceptible d’accueillir les spectaculaires épreuves de Big Air, via un aménagement temporaire au niveau de l’hippodrome.

Le parc pourrait aussi être le lieu consacré aux cérémonies de remise des médailles, avec également la possibilité d’y installer des concerts chaque soir durant les Jeux et ce, grâce à l’utilisation du PNE Amphitheater pour lequel un projet de modernisation est en cours, avec une livraison attendue pour le courant de l’année 2026.

(Crédits – Flickr / GoToVan)

Concernant les autres sites et sports, le domaine skiable de Whistler figurerait bien sûr dans le concept des Jeux de 2030, avec la localisation in situ des compétitions de ski alpin sur le secteur de Whistler Blackcomb, des épreuves de bobsleigh, luge et skeleton au sein du Whistler Sliding Center, et des épreuves de ski de fond, saut à ski, ski nordique et biathlon au Whistler Olympic Park.

En revanche, le complexe de Cypress Mountain qui, en 2010, fut l’hôte chaotique des épreuves de snowboard et de ski acrobatique, pourrait cette fois-ci être rayé de la carte, au profit d’un autre site à définir entre Brohm Ridge et Sun Peaks.

Le premier a l’avantage d’être limitrophe de la ville de Squamish et est, de facto, affilié au peuple Squamish qui constitue l’une des quatre Premières Nations et, dans le cadre du projet olympique et paralympique, l’un des principaux partenaires.

Le second dispose quant à lui de l’un des plus vastes domaines skiables du Canada, mais est néanmoins relativement distant de Vancouver. Alors que Brohm Ridge se situe ainsi à environ 80 kilomètres au Nord de la Ville Hôte des JO 2010, Sun Peaks se trouve pour sa part à plus de 400 kilomètres au Nord-Est de Vancouver.

Un tel choix nécessiterait en tout cas l’aménagement d’un Village des Athlètes annexe, comme l’a d’ailleurs souligné le Maire de Sun Peaks, Al Raine, dans une récente interview pour la presse locale. Au cours de cet entretien, l’édile a également confirmé que des discussions étant en cours pour inclure le site parmi les emplacements destinés à recevoir les Jeux en 2030 dans l’hypothèse, bien évidemment, où Vancouver serait désignée hôte.

Comme il l’a notamment affirmé :

Le Comité Olympique du Canada ne veut pas assumer le risque d’un site soumis au réchauffement climatique et aux conditions météorologiques comme à Cypress Mountain et recherche en conséquence un autre lieu, et nous sommes un lieu de choix.

L’équipe chargée de l’étude de faisabilité est venue ici à plusieurs reprises, et a examiné les pentes et a estimé qu’elles seraient idéales pour accueillir des épreuves.

Au-delà des questions relatives à l’emplacement des sites sportifs, l’une des problématiques majeures d’une nouvelle candidature aux Jeux résiderait dans l’installation du ou des Village(s) pour héberger les athlètes.

Sur ce point, et hormis la piste d’un Village secondaire, un site principal pourrait être édifié dans le secteur de Jericho Lands, près du quartier de West Point Grey, à environ 7 kilomètres à l’Ouest du BC Place Stadium, ou dans le secteur de Heather Lands, non loin de Little Mountain, à 5 kilomètres au Sud du Stade Olympique.

Ces deux entités foncières sont aujourd’hui contrôlées – pour partie – par trois des quatre Premières Nations, à savoir les Squamish, les Musqueam et le Tsleil-Waututh. A l’instar du site de Brohm Ridge, l’intégration de l’un des deux secteurs précités permettrait de consolider le partenariat historique engagé entre les représentants autochtones, les Villes de Vancouver et de Whistler, ainsi que les autorités olympiques et paralympiques canadiennes.

Vue aérienne de Vancouver et de ses environs (Crédits – VANOC / IOC)

Si la réflexion en cours autour des futurs sites de Vancouver 2030 va encore se poursuivre pour affiner un concept détaillé, deux obstacles majeurs demeurent pour les porteurs de la candidature.

La question capitale du financement de la candidature et du projet se pose ainsi, compte-tenu des acteurs potentiellement engagés dans la mise en œuvre de cette entreprise. De fait, sans compter la nécessité de recueillir l’appui du secteur privé, et outre les quatre Premières Nations et les Villes de Vancouver et de Whistler, l’installation des Jeux serait aussi susceptible de mobiliser les autorités provinciales de Colombie-Britannique et, de surcroît, les autorités fédérales du Canada.

Or, pour l’heure, le gouvernement de Colombie-Britannique ne semble pas soucieux de participer financièrement à l’éventuel effort collectif sur la question des Jeux, préférant laisser cela entre les mains des autres institutions. Mais en l’absence de soutien de la Province, il apparaît délicat d’envisager un appui massif du gouvernement fédéral derrière le projet olympique et paralympique, ce qui affaiblirait considérablement les chances de succès dudit projet.

La possibilité d’un apport institutionnel limité n’est pas sans rappeler ici le flottement qui avait un temps perturbé la candidature de Calgary 2026, flottement qui avait in fine contribué à précipiter la chute du projet canadien.

Ce dernier avait en outre souffert du manque de soutien populaire. Aussi, ce volet – crucial – de toute candidature reste à conquérir pour Vancouver 2030 à en croire les sondages successifs publiés au cours des derniers mois. En effet, la perspective d’une nouvelle candidature ne convainc pas l’opinion publique, douze ans après la tenue des JO 2010.

Une enquête réalisée à la fin de l’année 2021 par l’institut Leger révélait notamment que 34% seulement des habitants de la Province de Colombie-Britannique soutenaient une éventuelle candidature, alors que dans le même temps, 35% se déclaraient opposés à une telle entreprise. Signe encourageant – mais démontrant aussi l’immense défi à relever pour les porteurs d’une candidature – pas moins de 31% des sondés se déclaraient indécis.

Les conclusions de l’étude de faisabilité attendues pour le mois prochain devraient permettre d’y voir plus clair, dans un sens comme dans l’autre.

En cas d’encouragement à poursuivre les efforts, les porteurs du projet devront alors retrousser leurs manches pour convaincre les institutions et la population du bien fondé d’un projet pensé comme le plus responsable possible, en misant grandement sur l’héritage des JO 2010. En cas d’appréciations mitigées, les partisans de l’ambition olympique et paralympique canadienne devront tirer les enseignements nécessaires pour, remettre à plus tard l’idée même de candidature ou, plus difficile encore, faire le choix d’abandonner le projet.