JO 2036 : Les Madrilènes veulent les Jeux

Au moment où le projet de Pyrénées-Barcelone pour les Jeux d’hiver de 2030 apparaît plus affaibli que jamais, l’idée d’une candidature de Madrid pour de prochains Jeux d’été recueille en revanche un appui populaire certain. Un élément peut-être déterminant pour l’avenir.

Présentation du projet de Madrid 2020 devant les membres du CIO, le 03 juillet 2013 à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / R. Juilliart)

En Espagne, la rivalité entre Madrid et Barcelone n’est plus à démontrer. Les deux grandes cités du pays s’illustrent en effet régulièrement sur le terrain sportif – en particulier lors des duels footballistiques – et politique sur fond de revendications indépendantistes catalanes.

La question des Jeux n’est évidemment pas épargnée par cette querelle historique, Madrid ayant, à trois reprises au cours des dernières années, tenté d’inscrire son nom comme Ville Olympique pour les Jeux d’été, Barcelone l’ayant été en 1992 avec la réussite organisationnelle et l’héritage que l’on connaît.

Aussi, malgré ses échecs successifs pour l’obtention de l’Olympiade de 2012, 2016 et 2020, la capitale espagnole conserve un intérêt évident pour les Jeux. Reste encore à déterminer la fenêtre de tir idéale pour se repositionner dans la course et parvenir, enfin, à rafler les anneaux olympiques.

Depuis plusieurs mois en tout cas, l’échéance de 2036 semble tenir la corde du côté des élus locaux. Sur cette base, un sondage « Sigma Dos » pour le quotidien national « El Mundo » a permis de constater un certain engouement de la population à l’idée de candidater une quatrième fois.

Il ressort en effet de cette enquête que 58,8% des Madrilènes se déclarent favorables à une nouvelle candidature de leur ville, tandis que 33,8% se positionnent contre une telle entreprise, et que 7,4% se déclarent indécis à ce stade.

Dans le détail, 60,1% des hommes se montrent enthousiastes pour une candidature de Madrid, de même que 57,6% des femmes. Un niveau d’adhésion similaire est par ailleurs relevé si l’on considère les tranches d’âge, le soutien allant ainsi de 60,8% chez les 18-29 ans à 62,1% auprès des 45-64 ans, les 30-44 ans étant pour leur part 61,7% à approuver la perspective d’une candidature aux Jeux. La défiance est en revanche un cran au-dessus chez les plus de 65 ans, où 47,8% se montrent opposés à un nouveau projet madrilène contre 42,4% qui soutiennent une éventuelle démarche.

Autre enseignement utile dans l’hypothèse d’une prochaine candidature, l’appui populaire est significatif au-delà de la sensibilité politique des sondés.

De fait, à droite de l’échiquier politique, l’adhésion à une candidature dépasse le seuil des 70% chez les électeurs du Parti Populaire (PP, 71,8%) de l’actuel Maire, José Luis Martínez-Almeida, ainsi que chez les soutiens de Ciudadanos (73,3%), tandis que 68% des sympathisants de Vox adoptent aussi une position favorable.

A gauche en revanche, le soutien est plus mitigé, 58,2% des électeurs proches du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) se montrant favorables à une candidature de Madrid pour l’organisation des Jeux, alors que 51,8% des sympathisants de Más Madrid, proche de l’ancienne Maire, Manuela Carmena, se déclarent en opposition.

Maquette du projet olympique et paralympique de Madrid 2020 (Crédits – Madrid 2020)

Ces chiffres vont sans nul doute être décortiqués par les élus locaux et nationaux, ainsi que par les responsables du Comité Olympique Espagnol (COE) aujourd’hui conscients des difficultés du projet hivernal de Pyrénées-Barcelone.

Si la prudence reste de mise après trois tentatives infructueuses, la forte proportion d’infrastructures existantes – au moins 80% – est l’un des arguments pouvant plaider en faveur d’une nouvelle candidature.

Cette dernière devra en tout cas recueillir, outre l’indispensable soutien populaire, une adhésion politique forte pour espérer ensuite convaincre le Comité International Olympique (CIO).

Sur ce point, le Maire de Madrid avait récemment affirmé, comme un préalable à la mise en œuvre d’un projet :

Une candidature ne peut être annoncée sans que le reste des groupes municipaux en soit informé, sans avoir contacté au préalable le Gouvernement espagnol, ou sans avoir pris attache avec le Gouvernement de la Communauté de Madrid, ou sans accord avec le Comité Olympique Espagnol.

Les mois à venir – avec potentiellement un retrait de Pyrénées-Barcelone 2030 – pourraient permettre d’éclaircir la situation et, le cas échéant, d’avancer en direction d’une candidature aux Jeux de 2036.

Pour cette édition, plusieurs villes et territoires ont d’ores et déjà fait part d’un intérêt, parmi lesquels Budapest (Hongrie), Londres (Royaume-Uni), la Russie, Doha (Qatar), mais encore Istanbul (Turquie), l’Indonésie, et l’Inde.

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