JO 2032 : Séoul croit encore aux chances d’un projet commun avec la Corée du Nord

Malgré la décision du Comité International Olympique (CIO) d’engager un dialogue ciblé avec les autorités australiennes et la candidature du Queensland, la Corée du Sud espère encore pouvoir changer la donne. Jeudi dernier, un dossier de candidature a ainsi été formellement déposé au CIO.

(Crédits – Seoul Metropolitan Government)

L‘organisation des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018 avait été synonyme d’un rapprochement certain entre la Corée du Sud et le voisin du Nord et ce, alors que les tensions diplomatiques sont régulières dans la péninsule.

Outre le défilé des athlètes, la venue de Kim Yo-jong, petite sœur de Kim Jong-un, à la Cérémonie d’ouverture – placée non loin des dirigeants sud-coréens et américains – avait marqué les esprits et symbolisé la détente entre les deux pays.

Par la suite, avec le concours du CIO, le Sud et le Nord avaient convenu d’une réflexion autour de la participation d’équipes unifiées pour les Jeux d’été de Tokyo 2020 et même de l’étude d’une candidature conjointe entre Séoul et Pyongyang.

Or, près de trois années plus tard, les relations diplomatiques sont au point mort, comme le prouve la dernière sortie médiatique de Kim Yo-jong. Dès lors, l’idée d’un projet olympique et paralympique porté par les deux capitales – et qui exige une entente sur le long terme – semble plus que jamais dans l’impasse.

Pourtant, en dépit de ce double constat, le Gouvernement Métropolitain de Séoul apparaît convaincu qu’une organisation conjointe des Jeux de 2032 est possible, rappelant dans une déclaration formulée jeudi dernier, la capacité de l’événement à être un marqueur de nouvelles relations plus apaisées dans la péninsule.

Ainsi que la affirmé Seo Jeong-hyup, Maire par intérim de la capitale sud-coréenne depuis le décès de Park Won-soon survenu à l’été 2020 :

Le CIO a déclaré le 25 février la ville de Brisbane en Australie comme négociateur prioritaire pour les JO d’été 2032.

Notre gouvernement et la mairie de Séoul ont conjointement exprimé leurs regrets suite à cette décision et ont déposé la proposition à l’issue d’un dialogue engagé avec le CIO.

Les JO d’été de Séoul-Pyongyang 2032 pourraient être un tournant décisif pour la paix et l’harmonie sur la péninsule coréenne. Il s’agit d’un événement national et la municipalité de Séoul s’efforcera d’obtenir l’organisation de ces JO en 2032 avec le soutien du gouvernement central.

Le Président du CIO, Thomas Bach, avec les délégations Nord-Coréenne et Sud-Coréenne, le 15 février 2019 à Lausanne (Crédits – CIO / Greg Martin)

Misant sans doute sur un échec des discussions entre le CIO et le Queensland – à l’instar des autres candidates déclarées pour 2032 – les autorités sud-coréennes réaffirment ici leur intérêt pour l’accueil d’une nouvelle Olympiade, 33 ans après avoir organisé les JO 1988.

Force est de constater cependant qu’au regard de la perspective limitée d’un projet unifié, la Corée du Sud pourrait in fine se laisser tenter par la proposition d’une candidature autour de la seule métropole de Séoul.

Contrairement au Nord, le Sud a en effet toujours semblé plus motivé et déterminé dans la quête des Jeux.

Dès l’hiver 2019, les autorités avaient ainsi souhaité une accélération dans la mise en œuvre du projet, en désignant Séoul comme porte-étendard national à l’issue d’un processus dans lequel la métropole de Busan, dans le Sud-Est du pays, s’était aussi engagée. Organisée à Jincheon, la réunion du Conseil des Sports avait alors largement penché en faveur de la ville de près de 10 millions d’habitants, par 34 voix sur 49.

De la même manière – signe que l’initiative reste avant tout portée par le Sud – un accord avait été conclu au printemps 2020 entre le Gouvernement Métropolitain de Séoul, le Conseil des Sports de Séoul et le Conseil Consultatif pour l’Unification Nationale (NUAC) qui œuvre depuis 1980 à une politique de rapprochement avec la Corée du Nord.

Surtout, avec in fine une candidature conjointe ou non, la Corée du Sud se positionne une fois encore comme un partenaire de l’institution olympique et ce, d’autant plus si l’on considère la tenue des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018 et l’organisation prochaine des Jeux de la Jeunesse de Gangwon 2024.

Vue du Stade Olympique de Séoul (Crédits – Seoul Metropolitan Government)

Quoiqu’il en soit, la récente déclaration des autorités locales doit davantage être perçue comme un intérêt pour de futures Olympiades, à commencer par celle de 2036 qui est déjà dans l’esprit des dirigeants de plusieurs territoires à travers le monde.

De fait, l’échéance de 2032 devrait – sauf rebondissement dans les semaines à venir – revenir à l’Australie qui a su mettre toutes les chances de son côté depuis 2019.

Brisbane et sa région pourraient d’ailleurs être désignée dès cet été à l’occasion de la prochaine Session du CIO qui se réunira en marge de l’ouverture des Jeux d’été de Tokyo 2020.