Paris 2024 : Valérie Pécresse demande la suspension du projet CDG Express

Moins de six ans avant l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, les organisateurs et les parties prenantes à l’événement doivent composer avec la problématique sensible des transports.

Si l’importance du maillage territorial francilien fut une force de la candidature et demeure bien sûr un atout du projet, les chantiers en cours et à venir doivent toutefois être réalisés en tenant compte de contraintes budgétaires et d’un calendrier resserré.

Extrait du film technique de la candidature française (Crédits – Paris 2024)

Parmi les projets envisagés par les pouvoirs publics, le dossier de la liaison Charles de Gaulle Express (CDG) semble désormais constituer un point de faiblesse du schéma global des déplacements futurs dans la région-capitale.

De fait, la dernière réunion du Conseil d’administration de l’autorité de gestion des transports franciliens, Île-de-France Mobilités, a donné lieu à une mise au point de la Présidente de ladite autorité et par ailleurs Présidente de la Région, Valérie Pécresse :

Depuis trois ans, ma priorité est d’améliorer la qualité des transports franciliens.

Même si les bénéficies du CDG Express pour l’attractivité de notre région sont réels, les travaux générés par ce projet dans son calendrier actuel pourraient durablement détériorer la vie quotidienne de millions de Français.

Il n’est donc pas acceptable si des garanties ne sont pas données pour préserver le RER B et les autres lignes de Transilien, qui sont prioritaires.

En filigrane, la Présidente de la Région – pourtant fervente partisane de la nouvelle ligne il y a encore quelques mois – demande à l’État de suspendre le dossier du CDG Express et de préciser si le calendrier de mise en service de la ligne nouvelle est pleinement compatible avec l’échéance olympique et paralympique de 2024 et avec le maintien d’une qualité optimale des services des lignes B, H, K, E, et P qui transportent quotidiennement 1,6 million de voyageurs.

Pour Valérie Pécresse, la réalisation de la liaison entre Paris et l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle ne doit pas être un frein à la modernisation des lignes susmentionnées et ne doit pas se faire sans des garanties en ce sens de la part de l’État. L’inquiétude de la Présidente de la Région porte particulièrement sur la ligne du RER B qui, avec 900 000 voyageurs quotidiens, est l’une des plus fréquentées du réseau francilien.

Cartographie du projet CDG Express (Crédits – CDG Express / Groupe ADP)

Serpent de mer des transports en Île-de-France, le projet a connu un nouveau souffle avec la désignation de Paris comme Ville Hôte des Jeux. L’ambition affichée n’est autre que de consacrer, d’ici le 1er janvier 2024, une ligne ferroviaire permettant de relier en vingt minutes la principale plateforme aéroportuaire du pays jusqu’à la Gare de l’Est au cœur de la capitale.

Pour parvenir à ce challenge d’au moins 1,8 milliard d’euros, le CDG Express nécessiterait la mobilisation de 32 kilomètres de voies, dont 8 kilomètres de portions nouvelles. Sur les 22 kilomètres de voies existantes, le CDG Express emprunterait le même axe que d’autres lignes, à commencer par la ligne K et le TER Paris-Laon.

Cette juxtaposition est d’ailleurs l’un des principaux griefs soulevés par les opposants au projet, des opposants qui sont tout à la fois des riverains soucieux de nuisances durant les travaux, que des élus locaux qui pointent le doublon que pourrait constituer le CDG Express dans le paysage des transports franciliens.

En effet, la ligne du RER B permet déjà de rejointe le Terminal 2 de Roissy-Charles de Gaulle, même si la régularité et surtout la congestion de la ligne sont des problèmes récurrents. L’accueil des milliers de spectateurs étrangers durant les Jeux plaideraient dès lors à la mise en place d’un nouvel axe capable d’absorber les flux massifs de voyageurs, mais le coût du trajet (24 euros) pourrait rapidement devenir prohibitif et constituer un frein pour nombre de passagers réguliers qui seraient amenés à utiliser le CDG Express à l’issue des Jeux.

Compte-tenu de ce double constat, la Région souhaiterait donc une amélioration significative de l’exploitation du RER B et de la qualité du service offerte aux centaines de milliers de voyageurs quotidiens qui empruntent cette ligne historique.

Sur cette ligne, l’investissement régional s’annonce conséquent, avec une enveloppe globale de 3,5 milliards d’euros sur dix ans. Cet investissement doit faciliter la refonte du système de signalisation, le remplacement des caténaires, la construction d’un atelier de maintenance supplémentaires, la mise en place de nouveaux trains plus capacitaires dès 2025 ou encore la mise en accessibilité des gares et l’adaptation de ces dernières aux nouveaux matériels roulants.

(Crédits – Île-de-France Mobilités)

Outre la délicate question du CDG Express, le Conseil d’administration du 12 décembre a permis le vote des prochains investissements sur les diverses lignes du réseau.

Après l’investissement de 744 millions d’euros en 2018 pour la modernisation du matériel roulant, la Région Île-de-France et Île-de-France Mobilités consacreront ainsi 1,1 milliard d’euros en 2019 pour l’acquisition et la rénovation de rames. La mise en place de nouvelles lignes et de dessertes supplémentaires nécessitera par ailleurs 114 millions d’euros, tandis que l’amélioration des services aux passagers (accessibilité, billetterie, signalétiques dans les gares, etc.) bénéficiera d’une enveloppe de 240 millions d’euros.

In fine, 2019 verra la mise en service de 126 rames neuves ou rénovées, des rames qui viendront s’ajouter aux 252 déjà installées sur le réseau depuis trois ans. A terme, et d’ici 2021, la Région et Île-de-France Mobilités se sont fixés un objectif de mise en circulation de 708 rames neuves ou rénovées, dont 77 pour le RER A et 37 pour le RER B.

Au-delà des voies ferrées, l’offre de bus régionaux sera considérablement élargie au cours des mois à venir, puisque la Région entend assurer la création ou le renforcement de 500 lignes et l’installation de 1 000 bus électriques d’ici 2020. Signe de l’importance de l’investissement à venir, Île-de-France Mobilités mobilisera en 2019 pas moins de 133 millions d’euros pour accroître l’offre de bus en Grande couronne.

Les déplacements individuels seront aussi soutenus par la Région Île-de-France grâce à l’installation de 20 000 places pour vélos dans des espaces Véligo et l’ouverture de 27 000 places de parkings relais pour les voitures d’ici 2021.

Pour convaincre les voyageurs de laisser leur véhicule personnel dans de telles structures avant d’emprunter les transports en commun à disposition, Valérie Pécresse a proposé la gratuité des places de stationnement pour les détenteurs d’un Pass Navigo annuel.

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