Paris 2024 : Emmanuel Macron, entre impatience et autocritique

Cette semaine, le Président de la République s’est rendu à Évry-Courcouronnes (Essonne) dans le cadre d’un nouveau rendez-vous du Grand Débat National.

A cette occasion, Emmanuel Macron a eu l’opportunité d’échanger avec des élus locaux, véritables acteurs de terrain, du territoire francilien. Au-delà des revendications ou critiques formulées par les uns et les autres concernant notamment les politiques publiques du devenir des quartiers populaires, le Chef de l’État a focalisé une partie de son propos sur la question des préparatifs d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de Paris 2024 et, à travers eux, la problématique de l’héritage :

Aujourd’hui, on n’est pas au rendez-vous de l’ambition que ce grand événement 2024 doit avoir pour les quartiers d’Île-de-France qui sont les premiers concernés. Donc on va travailler parce que là, je ne suis pas content.

Il est clair que la Région, et tout particulièrement la Seine-Saint-Denis, parce qu’elle est la plus impactée par quelques grands équipements, n’a pas le juste retour et donc ça, c’est un point que l’on va retravailler.

Le Président de la République Française, Emmanuel Macron, et le Président du CIO, Thomas Bach, lundi 10 juillet 2017 (Crédits – Sport & Société)

Avec ce propos, le Chef de l’État – qui s’était personnellement investi durant la phase de candidature, lors des Journées Olympiques 2017 ou en se rendant à Lausanne en juillet 2017 – a ainsi souhaité rappeler la place occupée par la Seine-Saint-Denis dans le dispositif olympique et paralympique.

Le département accueillera en effet le Village des Athlètes, celui des Médias, mais aussi diverses installations dédiées aux compétitions, au premier rang desquelles, le Stade de France (athlétisme), le futur Centre Aquatique de Saint-Denis (natation) et le cluster sportif du Bourget.

Les aménagements prévus doivent permettre de créer les conditions adéquates à une régénération urbaine.

Ce devrait être par exemple le cas de la reconversion de la ZAC de la Plaine Saulnier implantée face au Stade de France, Stade Olympique de 2024. Ce devrait aussi être le cas en ce qui concerne les nouvelles connexions dans le domaine des transports, avec les lignes nouvelles du Grand Paris Express, lignes qui desserviront entre autres, les villes de Saint-Denis, Aubervilliers ou Aulnay-Sous-Bois.

Outre la transformation territoriale, l’accueil des Jeux doit également faciliter l’implantation de structures sportives à l’échelle du département, avec en particulier l’héritage de bassins aquatiques à Aubervilliers ou encore au Pont de Bondy et dans d’autres villes du 93.

Le futur pôle sportif et scolaire du Bourget (Crédits – Dossier de concertation du cluster des médias de Paris 2024 / SOLIDEO)

Le Chef de l’État semble avoir pris conscience cette semaine – avec une forme d’autocritique – des défis qui attendent ainsi chacune des parties prenantes à l’organisation des Jeux, dans six ans.

Il n’empêche, en dépit de cette promesse olympique et paralympique et malgré l’existence d’une partie des équipements pré-mentionnés, les chantiers s’annoncent colossaux et dépassent le strict cadre de l’événement sportif.

Le propos du Président de la République ne doit d’ailleurs pas faire oublier que les Jeux ne sont pas une solution miracle, capable de répondre et de résoudre tous les maux d’un territoire.

Certains ont pu le penser ou le percevoir ainsi, que ce soit dans le cadre de la candidature ou depuis l’attribution effective des Jeux. Si tel était le cas néanmoins, nombre de villes et de territoires à travers le monde seraient sur les rangs pour organiser l’événement quadriennal. Or, la désaffection constatée lors des dernières procédures de candidature démontre bel et bien l’inverse.

Les élus et surtout les citoyens attendent légitimement beaucoup de la tenue des Jeux en France, mais les problématiques récurrentes des territoires – en particulier dans les quartiers populaires franciliens – ne pourront être résolues sous le seul prétexte que le pays s’apprête à organiser le rendez-vous olympique et paralympique.

Le logo de Paris 2024 installé sur le perron du Palais de l’Élysée, le 15 septembre 2017 (Crédits – Sport & Société)

A ce jour, des actions ont été et sont menées par les parties prenantes. Le Département de la Seine-Saint-Denis a par exemple acté un Plan d’accompagnement dès 2016, basé sur 24 initiatives rassemblées autour de 7 thématiques pour un investissement de 200 millions d’euros.

Mais même si les acteurs concernés – Comité d’Organisation, Société de Livraison des Ouvrages Olympiques, Région Île-de-France, Ville de Paris, Départements – doivent être pleinement engagés dans la promesse des Jeux, l’État a immanquablement son rôle à jouer pour, au-delà de son soutien à l’événement via le Protocole de cofinancement des Jeux, répondre durablement aux aspirations territoriales.

Cela passe bien sûr par l’accompagnement financier de la transformation urbaine, les garanties d’amélioration des conditions de transport en commun, mais aussi par un réel investissement en direction – notamment – de l’emploi, du sport-santé et de l’éducation, en Île-de-France et au-delà.

Les mois à venir devraient permettre d’affiner le propos du Président de la République. Après les déclarations d’intention, les actes ?

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