Paris 2024 : Ouverture de la concertation sur le Centre Aquatique

Mêlant tout à la fois ambition sportive et impératif d’héritage pour le territoire et la population, le projet de Centre Aquatique Olympique occupe une place à part dans le dispositif voulu par Paris 2024 et les Collectivités associées en vue de l’organisation des Jeux d’été.

Envisagé depuis plus de trente ans, un tel équipement n’a pourtant jamais vu le jour en Île-de-France et ce, principalement en raison des échecs successifs des candidatures olympiques et paralympiques tricolores, mais également en raison d’un manque évident de volonté politique à l’échelle nationale.

La désignation de Paris 2024 a toutefois rebattu les cartes et conduit les diverses parties prenantes à se mettre d’accord afin de financer un projet d’ampleur pour le territoire saint-dionysien et, plus largement, pour l’ensemble du pays.

Car si un Centre Aquatique de dimension olympique n’a plus été construit en France depuis 1924 – il s’agissait alors du Stade des Tourelles devenu depuis la Piscine Georges Vallerey -, l’accueil à venir de l’événement planétaire nécessite immanquablement de redoubler d’efforts pour livrer un site adéquat répondant aux exigences de la Fédération Internationale de Natation (FINA) et du Comité International Olympique (CIO).

Parvis et façade de la Piscine Georges Vallerey à Paris, qui fut le Stade Nautique lors des Jeux de 1924 (Crédits – DJS / Mairie de Paris)

Pour permettre la réalisation de l’ouvrage, mais aussi l’aménagement d’un franchissement piéton au-dessus de l’autoroute A1 en direction du Stade de France, une concertation préalable a été actée avec, en juillet dernier, la désignation d’un Garant de la concertation en la personne de Jean-Louis Laure.

Cette phase de concertation – qui dispose d’un site Internet dédié – est particulièrement essentielle pour le devenir du projet.

Organisée sous l’égide de la Métropole du Grand Paris – maître d’ouvrage – et avec le concours de l’État, de la Ville de Paris, de la Ville de Saint-Denis, de l’Établissement Public de Plaine Commune, sans oublier bien sûr, du Comité d’Organisation des Jeux (COJO), de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) et de la Fédération Française de Natation (FFN), ladite phase s’est d’ailleurs ouverte ce lundi 05 novembre et se déroulera jusqu’au 14 janvier 2019.

Pas moins de quatre rendez-vous ponctueront – sur le terrain – le déroulement de la concertation :

  • Une réunion publique se tiendra ainsi en Mairie de Saint-Denis, mardi 13 novembre dès 19h00. Ce premier rendez-vous de présentation sera ensuite suivi par un atelier sur l’accessibilité et l’insertion urbaine du Centre Aquatique et du franchissement piéton pendant et après les Jeux.
  • Organisé samedi 17 novembre dès 09h30, cet atelier se composera de deux temps-forts, à savoir une visite du site puis un échange en salle pour mieux appréhender les objectifs à moyen et long terme du projet.
  • Un atelier participatif sera par la suite mis en place le jeudi 06 novembre dès 19h00, au siège de Plaine Commune. Il s’agira à ce moment-là d’aborder la question de la durabilité et des usages du futur équipement.
  • Au début de l’année 2019, une réunion publique de synthèse clôturera enfin les rencontres de concertation. En Mairie de Saint-Denis, les acteurs du projet feront un point d’étape face au public, mercredi 09 janvier dès 19h00, avant que ne soient intégrées et réceptionnées les contributions en ligne, d’ici le 14 janvier.
Périmètre du Centre Aquatique Olympique à l’occasion des Jeux de 2024 (Crédits – Dossier de concertation)

A compter de cette date, une nouvelle phase s’ouvrira et non des moindres.

Après avoir ouvert une procédure de mise en concurrence pour attribuer un contrat de concession, la Métropole du Grand Paris se verra ainsi remettre les offres initiales en mars 2019. Des discussions avec les divers groupements candidats se dérouleront ensuite entre avril et juillet 2019 avant que la désignation d’un lauréat et la signature du contrat n’interviennent à la fin de l’année à venir.

Les entreprises désireuses de concevoir le bâtiment du Centre Aquatique devront nécessairement tenir compte des échanges qui auront eu lieu durant la phase de concertation et ce, afin d’affiner et de préciser au mieux leurs projets respectifs.

Au-delà des éléments issus de la concertation, les entreprises devront aussi garder à l’esprit les contraintes d’un tel équipement qui devra, après les Jeux, s’intégrer dans un nouvel environnement urbain. La dépollution du site actuel devra en effet précéder la construction du Centre Aquatique et du franchissement piéton et l’incorporation de ces équipements à la future ZAC de la Plaine Saulnier. L’adaptation du Centre Aquatique et sa reconversion post-JO devra par ailleurs constituer un élément pertinent pour convaincre les décideurs sur l’une des options en lice.

Sur la base de ces critères, les propositions adressées à la Métropole devront aussi rentrer dans une enveloppe budgétaire établie par les pouvoirs publics qui assureront le financement du projet pour un montant prévisionnel de 110 millions d’euros, soit 90 millions d’euros pour le Centre Aquatique et 20 millions d’euros pour le franchissement de l’A1.

Après la concertation, le choix de l’entreprise concessionnaire et la réalisation d’études complémentaires, les travaux d’édification du Centre Aquatique devraient avoir lieu entre 2021 et 2024. Le chantier d’adaptation et de reconversion du site devrait quant à lui débuter dès l’année 2025.

Visuel affiné du Centre Aquatique, présenté en juin 2018 (Crédits – Paris 2024 / Luxigon)

D’ici-là, les fondamentaux relatifs à ce que doit être le futur équipement sportif sont d’ores et déjà établis et sont aujourd’hui parfaitement lisibles. Consacré par le Protocole de cofinancement des Jeux, le projet du Centre Aquatique repose de fait sur deux échéances notables – 2024 et après 2024 – et sur une quadruple vocation.

Outre l’organisation ponctuelle de grands événements de natation, le Centre de la Plaine Saulnier est destiné à devenir un équipement majeur pour la FFN qui en fera un pôle d’excellence et de formation pour les plongeurs français. Plus encore, le site proposera l’accueil du grand public et des sessions d’apprentissage de la natation pour les scolaires notamment.

Une promesse et un engagement qui sont loin d’être anodins dans un département qui souffre en 2018 de carences importantes dans ce domaine.

Si le fait que 50% des enfants de 11 ans ne savent pas nager en Seine-Saint-Denis fut l’un des arguments déterminants pour le choix de l’emplacement du futur Centre Aquatique, il est également utile de rappeler que ce territoire est aujourd’hui classé comme le 103ème département français sur 105 en ce qui concerne le niveau des équipements sportifs.

L’organisation des Jeux en 2024 doit en conséquence servir de tremplin pour améliorer ce constat et pour insuffler une dynamique positive en Seine-Saint-Denis, avec l’édification de neuf bassins.

Grâce à l’événement et de manière concrète, quatre bassins prendront place dans quatre villes, à savoir Marville, Aubervilliers – dans le secteur du Fort d’Aubervilliers -, Aulnay-Sous-Bois et Noisy-Le-Sec. Ces quatre structures pérennes seront utilisés comme sites d’entraînement le temps des compétitions olympiques et paralympiques avant de devenir des bassins accessibles à tous après les Jeux.

Pendant les compétitions, cinq autres bassins seront mobilisés pour abriter les différentes épreuves nautiques.

Sur le site de la Plaine Saulnier, le Centre Aquatique disposera ainsi de 5 000 places avec deux bassins pour les compétitions de water-polo et de natation artistique d’une part (50 mètres par 25) et pour les épreuves de plongeon d’autre part (fosse de 26 mètres par 25).

A côté de la structure qui fait aujourd’hui l’objet d’une concertation, des équipements temporaires seront aménagés et comprendront deux bassins temporaires et un bassin de compétition pour les épreuves de natation. Cette installation éphémère pourra alors recevoir jusqu’à 15 000 spectateurs par session.

A l’issue de l’Olympiade de 2024, les cinq bassins mentionnés seront laissés en héritage pour le territoire. Si les deux bassins du Centre Aquatique seront maintenus en l’état, les trois équipements temporaires adjacents seront démantelés avant d’être reconstruits en Seine-Saint-Denis sur des sites qui seront sélectionnés et annoncés par les autorités compétentes d’ici 2020.

Visuel du Centre Aquatique (Crédits – Paris 2024 / Populous / Luxigon)

Bien que l’apprentissage de la natation et l’accès du grand public soient des éléments importants du projet, le haut niveau n’en est pas pour autant négligé.

De manière exceptionnelle, le Centre Aquatique Olympique et ses deux bassins pourront en effet être sollicités pour héberger des événements d’envergure nationale, continentale voire internationale.

Autour des bassins, des installations propres aux compétitions (podium, chambre d’appel pour les nageurs, etc…) pourront ainsi être aménagées, sans oublier des structures spécifiques pour l’accueil des médias et bien entendu du public. La capacité du Centre Aquatique pourra dès lors être doublée, passant de 2 500 places pérennes héritées des Jeux à 5 000 sièges pour des compétitions ultérieures.

Un tel modèle n’est pas sans rappeler le cas du Centre Aquatique de Londres qui, le temps des Jeux, disposait d’une capacité de 17 500 places en 2012.

Après l’événement, des travaux de reconversion furent entrepris sur la structure conçue par l’architecte Zaha Hadid. Aujourd’hui, quatre ans après son ouverture au public et la venue de plus de 2 millions de visiteurs, le site possède 2 500 sièges permanents mais sa capacité peut être aisément relevée dans le cadre de l’organisation de grands événements, comme ce fut le cas en 2016 à l’occasion des Championnats d’Europe de Natation.

_________________________

Indépendante, la plateforme d’information « Sport & Société » fonctionne grâce au soutien de ses lecteurs.