JO 2024 : Boston et l’importance des installations sportives universitaires

Aux États-Unis, le sport occupe une place singulière. Les universités du pays possèdent ainsi leurs propres locaux et stades et organisent régulièrement des matchs entre les différentes équipes et franchises universitaires.

Ce modèle de gestion et d’économie s’explique par l’importance croissante du sport universitaire Outre-Atlantique.

Comme l’explique Allen Sack, président du Drake Group, réseau d’enseignants défendant l’intégrité académique dans le sport universitaire, « le sport est devenu tellement important que c’est désormais l’un des seuls moyens que connaisse le corps étudiant pour exister en tant que tel.

En Chine et ailleurs dans le monde, il n’y a pas de stades gigantesques au milieu des campus. La grande priorité, c’est l’éducation. Alors qu’aux États-Unis nous jouons au football ».

Véritable religion moderne, le sport universitaire est retransmis à la télévision et permet d’encourager des étudiants-athlètes qui peuvent, quelques années plus tard, devenir de grands champions.

Toutefois, le succès du sport à l’université a aussi un revers et non des moindres. L’argent occupe désormais une place prépondérante dans la gestion des équipes sportives, notamment en ce qui concerne les salaires.

Ainsi, « pour la Penn State, le football est une affaire très lucrative. D’après le Ministère de l’Education, l’équipe a affiché pour l’année 2010 près de 73 millions de dollars de recettes pour 19,5 millions de dollars de dépenses, ce qui a permis de financer 29 disciplines sportives.

Néanmoins, seule la moitié des programmes sportifs de haut niveau présentent des comptes à l’équilibre. Bien d’autres n’arrivent à couvrir leurs dépenses que grâce aux frais de scolarité ou au budget général de l’université ».

Dès lors, rien d’étonnant à ce que les universités soient sollicitées par les organisateurs de grands événements sportifs. Il s’agit en effet d’une démarche gagnante-gagnante : aucune ville ne peut prétendre accueillir les JO sans intégrer à son projet des structures universitaires existantes ou s’engager à aménager des installations qui seront ensuite confier aux universités.

Boston 2024 - Harvard Stadium Allston

Parmi les villes retenues par le Comité Olympique des États-Unis pour les Jeux d’été de 2024, Boston (Massachusetts) a bien compris cette problématique et compte de fait, associer les prestigieuses universités de Harvard et le MIT à son concept olympique.

Comme le relate d’ailleurs le « Boston Business Journal », Gloria Larson, présidente de l’Université Bentley et proche du Comité de Candidature dirigé par John Fish, a déjà rencontré les dirigeants de près de dix établissements, dont Katie Lapp, vice-présidente de Harvard et Israël Ruiz, vice-président du MIT.

Cette démarche vise à convaincre les dirigeants des collèges et universités de la région de Boston, de prendre part au projet olympique pour 2024.

Selon Gloria Larson, « les collèges et les universités sont enthousiastes à l’idée de participer à la démarche.

Ils sont prêts et sont désireux de discuter sur la manière dont ils pourraient être utiles à la candidature ».

Le Stade Olympique – dans le cas où le Gillette Stadium ne serait pas retenu au projet -, le Centre Aquatique ou même le Village Olympique sont autant d’infrastructures nécessaires aux Jeux que la ville de Boston devrait s’engager à construire.

Elle pourrait s’y résoudre en signant des partenariats et des accords financiers avec les principaux établissements d’enseignement supérieur du Massachusetts.

Mais la démarche économique et urbaine n’est pas la seule que le Comité de Candidature souhaite prendre en compte. En effet, derrière toute candidature sommeille une intense stratégie de lobbying.

Boston 2024 n’y dérogera pas puisque selon le « Boston Business Journal », le Comité de Candidature « prévoit de rechercher les antécédents scolaires de l’ensemble des membres votants du Comité International Olympique (CIO) afin de savoir combien d’entre eux ont des liens avec les établissements locaux.

L’objectif, si Boston est retenue comme Ville Requérante pour les États-Unis, serait de renouveler ces liens, comme moyen pour convaincre les membres du CIO de voter pour la candidature olympique ».

Illustration : Vue du Harvard Stadium à Allston (Crédits – Bojan Mandaric / November Project / Boston Business Journal)