Paris 2024 fait bouger la carte des sites en faveur de la Seine-Saint-Denis

A deux ans de l’ouverture des Jeux d’été de Paris 2024, le Comité d’Organisation (COJO) et le Département de la Seine-Saint-Denis se sont entendus pour une nouvelle évolution des sites au Nord de la capitale, avec notamment le départ du tir, l’arrivée du tournoi qualificatif de boxe, l’implantation d’une fan-zone et la mise à l’honneur d’épreuves paralympiques.

Visuel du cluster de Dugny – Le Bourget avec, au premier plan, le Centre des Médias installé au sein du Parc des Expositions du Bourget, et au second plan, le mur d’escalade sur la droite et ce qui devait être le stand de tir sportif (Crédits – Paris 2024)

En 2024, lorsqu’il sera question de regarder dans le rétroviseur le concept des Jeux proposés en 2017 devant le Comité International Olympique (CIO), force est de constater qu’il faudra convenir d’une réorientation majuscule.

En l’espace de sept ans de préparatifs, mais davantage encore au cours des trois dernières années avant l’ouverture de l’événement planétaire, Paris 2024 aura en effet vu et revu son projet à maintes reprises, en gardant autant que possible à l’esprit la volonté de préserver au mieux le budget fixé, le désir d’utiliser un maximum d’enceintes existantes et – sans doute l’équation la plus délicate – la satisfaction recherchée des Fédérations Internationales.

Depuis la révision majeure de la cartographie des sites opérée en novembre 2020, d’autres ajustements sont survenus dans le courant de l’année 2021 et d’autres le seront en cette année 2022.

Pour preuve, le COJO et le Département de la Seine-Saint-Denis – par l’intermédiaire de son Président, Stéphane Troussel – se sont d’ores et déjà accordés ces dernières semaines pour encadrer le départ annoncé des compétitions de tir, probablement en direction de Châteauroux (Indre).

Aussi, plutôt que de subir le retrait d’un site prévu jusqu’alors sur le « Terrain des Essences » dans un secteur limitrophe du futur Village des Médias à Dugny – Le Bourget, le Département a souhaité en toute logique peser de tout son poids pour obtenir des compensations à la hauteur de l’investissement formulé depuis la phase de candidature aux Jeux.

Visuel du Court Suzanne Lenglen initialement configuré pour le tournoi de boxe des Jeux de Paris 2024 (Crédits – Paris 2024)

A l’issue de négociations fournies, la Seine-Saint-Denis voit donc atterrir sur son sol le tournoi préliminaire de boxe, la phase finale demeurant planifiée à Roland Garros, dans le 16ème arrondissement de Paris.

Sur ce point, un changement logistique a tout de même été engagé. De fait, le tournoi principal se tiendra désormais au cœur du Court central Philippe Chatrier (15 000 places) et ce, en lieu et place du Court Suzanne Lenglen (10 000 places), dont la couverture légère – qui doit être aménagée selon les plans de Dominique Perrault d’ici 2023 – n’offre pas toutes les garanties suffisantes au regard des exigences internationales en la matière.

Pour la Seine-Saint-Denis, l’arrivée d’une partie des rencontres de boxe est une satisfaction.

Malgré les polémiques entourant sa gouvernance et son arbitrage qui pourraient lui coûter sa place aux Jeux de Los Angeles 2028, ce sport est toujours très populaire auprès de la jeunesse, part-clé de la population du département et de surcroît, public-cible essentiel pour le COJO et, par extension, pour le CIO, désireux de rajeunir son audience.

Vue nocturne de l’un des halls du Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte (Crédits – VIPARIS)

Selon toute vraisemblance, les organisateurs devraient programmer les futures rencontres dans l’un des halls du Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte, site dont la gestion est assurée par VIPARIS, à l’instar du Parc des Expositions de la Porte de Versailles (15ème arrondissement) où plusieurs compétitions sont projetées pour 2024.

Certes, cela représenterait l’ouverture d’un nouvel espace non-envisagé jusqu’ici dans la cartographie des sites, mais avec cependant la garantie d’utiliser une infrastructure existante sur laquelle des aménagements mineurs d’adaptation devraient seulement être réalisés dans la perspective des Jeux.

Dans le cadre de la candidature de Paris aux JO 1992, le site de Villepinte fut déjà pressenti pour accueillir des épreuves, avec à l’époque l’ambition d’y établir le basketball, le handball et le volleyball, mais aussi le badminton.

Parmi les arguments alors développés pour justifier la sélection de ce site, les porteurs de la candidature avaient notamment exposé :

A Villepinte, tout a été pensé pour y trouver une organisation efficace et accueillante favorisant la cohabitation entre les mondes des utilisateurs, des visiteurs et de la technique.

A chacun ses accès, des bâtiments fonctionnels et modulables, des services communs regroupés autour d’une esplanade centrale, véritable cœur du parc où tous peuvent se retrouver et y trouver toutes les commodités d’une petite cité autonome.

Visuel du Pôle de Référence Inclusif Sportif Métropolitain (Crédits – Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis)

En plus du tournoi préliminaire de boxe, la Seine-Saint-Denis s’illustre également en ce début d’été par l’obtention de l’épreuve d’escrime du pentathlon moderne ; le reste des épreuves étant toujours planifié à Versailles, dans les Yvelines.

Le tournoi de volley-assis, initialement prévu à Roland Garros sur le Court Suzanne Lenglen, se délocalise lui-aussi en direction de la Seine-Saint-Denis et ce, même si le site reste à établir.

Enfin, le para-cyclisme sur route et le para-marathon – qui furent annoncés en Seine-Saint-Denis lors de la revue de projet de la fin d’année 2020 – prendront respectivement leurs quartiers à Clichy-sous-Bois et à La Courneuve.

Sur le plan des sites d’entraînement, le bâtiment PRISME – en cours d’édification à Bobigny – bénéficiera d’un beau coup de projecteur, avec une intégration à la carte des installations paralympiques dédiées à la préparation des athlètes engagés durant les Jeux.

Outre l’aspect purement sportif, le territoire de la Seine-Saint-Denis devrait encore plus vibrer au rythme des Jeux grâce à l’implantation d’une fan-zone au sein du Parc Georges Valbon, l’un des poumons verts de l’Île-de-France, et avec par ailleurs la tenue d’une épreuve de cyclisme pour tous, suivant en cela la promesse du COJO de Jeux partagés avec le plus grand nombre.

Visuel du Terrain des Essences intégré au Parc Georges Valbon après les Jeux de 2024 (Crédits – Tu Verras / CD93)

Si ces nouveaux changements confortent in fine la place de la Seine-Saint-Denis dans le dispositif olympique et paralympique de Paris 2024, après moult péripéties, une autre problématique d’importance demeure pour les organisateurs, et non des moindres.

Ainsi, après avoir annoncé le retrait du tournoi préliminaire de basketball de l’écrin du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, le COJO poursuit ses discussions avec la Fédération Internationale (FIBA) pour convenir d’un site adéquat, à la fois sur le plan technique et logistique, mais aussi au regard du poids de ce sport dans et en dehors des Jeux.

Mais alors que Paris 2024 planche sur l’organisation de la phase préliminaire dans l’enceinte du Stade Pierre Mauroy près de Lille (Nord), la FIBA préférerait quant à elle maintenir une présence au cœur de la « Ville Lumière » pour des questions évidentes de visibilité, de confort et de sécurité pour les joueurs, surtout lorsque l’on sait que le tournoi pourrait attirer des stars de la puissante National Basketball Association (NBA).

Les négociations – tendues – devront en tout cas rapidement déboucher sur un accord formel entre les parties, sous l’égide du CIO qui pourrait à ce titre avoir un rôle d’arbitre.

7 pensées

  1. Mais alors le court Suzanne Lenglen (10000 places) est libre!
    On pourrait y mettre le beach volley ou le basket 3×3 pour éviter la construction d’une arena temporaire 😉

  2. Bonjour, face à la pénurie de salles pourquoi ne pas recourir à des structures temporaires au lieu de jouer aux chaises musicales? Ces équipements peu coûteux s’érigent en quelques mois et ont déjà fait leurs preuves, surtout à très court terme. D’autant que la région ne manque pas de friches industrielles.

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