JO 2036 : Le Mexique pourrait se lancer dans la course

Après avoir accueilli les Jeux d’été de 1968, le Mexique pourrait prochainement s’ajouter à la liste déjà fournie des prétendants à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2036.

Le Secrétaire aux Relations Extérieures du Mexique, Marcelo Ebrard, lors d’un déplacement au siège du Centre sportif et olympique mexicain, jeudi 16 juin 2022 (Crédits – Gobierno de Mexico)

Profitant d’un déplacement sur l’esplanade du Centre sportif et olympique mexicain (CDOM) au cours duquel il a pu échanger avec des dizaines d’athlètes, le Secrétaire aux Relations Extérieures, Marcelo Ebrard, a saisi en plein vol la proposition d’une candidature du Mexique pour l’organisation des Jeux d’été de 2036.

Alors que la Présidente du Comité Olympique Mexicain (COM), María José Alcalá Izguerra, lui a demandé si une telle entreprise pouvait être mise en œuvre, celui qui fut Chef du Gouvernement du District Fédéral – autrement dit Gouverneur de Mexico – de 2006 à 2012, a ainsi répondu par l’affirmative, à la condition toutefois que le Président de la République soit un appui de ladite entreprise.

De fait, et comme l’a fait savoir le Secrétaire aux Relations Extérieures :

[Si Andrés Manuel López Obrador donne son feu vert, ce dernier sera invité à] travailler avec toute la présence diplomatique mexicaine pour que nous ayons les Jeux Olympiques au Mexique en 2036.

Cet encouragement à l’émergence d’un projet de cette ampleur est intervenu à la suite de la signature d’un accord de mobilisation entre le Gouvernement et le COM pour soutenir les athlètes mexicains, en particulier dans leur quête de performances en dehors des frontières mexicaines, avec les Jeux de Paris 2024 comme premier horizon.

Concrètement, l’accord vise à développer des actions pour accroître la pratique sportive dans le pays, mais également pour accompagner athlètes et entraîneurs lors de manifestations sportives internationales. Outre ce double objectif, l’accord signé jeudi 16 juin a aussi pour ambition de promouvoir et de diffuser des activités diplomatiques et ce, dans le but de renforcer la place du Mexique sur l’échiquier sportif mondial.

Signe de cette volonté institutionnelle marquée, l’événement s’est tenu en présence du Secrétaire Général de la Panam Sports Organization, qui rassemble quelques 41 Comités Nationaux Olympiques (CNO), Ivar Sisniega Campbell, ainsi que de l’Ambassadeur de France au Mexique, Jean-Pierre Asvazadourian.

Le Secrétaire aux Relations Extérieures du Mexique, Marcelo Ebrard, et la Présidente du Comité Olympique Mexicain, María José Alcalá Izguerra, jeudi 16 juin 2022 (Crédits – Gobierno de Mexico)

Bien sûr, la mise en œuvre d’une candidature mexicaine n’en est qu’au stade des prémices, l’identification des sites et l’installation d’un concept sportif répondant au mieux aux nouvelles exigences en la matière étant encore à définir.

Néanmoins, Mexico pourrait être désireuse de profiter de la dynamique offerte par la venue prochaine de la Coupe du Monde de football 2026 – organisée conjointement avec les États-Unis et le Canada – pour se positionner avec un projet technique qui, à n’en pas douter, mobilisera l’Estadio Azteca, hôte d’une partie des épreuves de football durant les JO 1968, et dont la capacité actuelle avoisine les 87 000 places.

Par le passé, l’enceinte sportive a aussi accueilli la Coupe du Monde de football en 1970 et en 1986, de même que la Coupe du Monde de football des moins de 20 ans en 1983, sans compter la Coupe des Confédérations en 1999 et, plus antérieurement, une partie des compétitions des Jeux Panaméricains de 1975.

Certains sites des JO 1968 pourraient par ailleurs être à nouveau sollicités, même si des travaux de modernisation s’annoncent indispensables pour prétendre à l’accueil d’un événement planétaire dont la dimension n’est en rien comparable aujourd’hui avec celle de l’unique édition des Jeux organisée au Mexique, tant au regard du nombre de spectateurs que de compétiteurs.

Mais si Mexico – du fait de son statut de capitale – semble être en pôle position pour porter le drapeau d’une éventuelle candidature, la ville de Guadalajara pourrait aussi tenter la qualification, forte de l’organisation des Jeux Panaméricains en 2011.

Deux compétiteurs s’affrontant lors du Festival Olímpico de Boxeo 2022, devant les anneaux olympiques et le drapeau mexicain, le 24 avril 2022 (Crédits – COM)

Avant d’obtenir les anneaux olympiques au premier tour de scrutin, le 19 octobre 1963, au détriment de Détroit (États-Unis), de Lyon (France) et de Buenos Aires (Argentine) par 30 voix contre 14 pour sa concurrente américaine, 12 pour sa rivale française et 2 pour sa concurrente continentale argentine, Mexico avait tenté par deux fois l’aventure des Jeux, sans succès.

Ainsi, pour l’édition de 1956, la capitale mexicaine se retrouva face à des candidatures incarnées par Melbourne (Australie), Buenos Aires et Détroit – déjà -, mais aussi par une pluralité de concurrentes américaines – à une époque où un même pays pouvait envoyer plusieurs dossiers – de Los Angeles à San Francisco, en passant par Chicago, Philadelphie et Minneapolis.

Aussi, après avoir décroché 9 voix lors du premier tour de scrutin organisé à l’époque à Rome (Italie), le 28 avril 1949, Mexico fut écartée dès le deuxième tour, ne recueillant alors que 3 suffrages. In fine, Melbourne rafla la mise au quatrième tour, d’une voix d’écart face à Buenos Aires (21-20).

Quelques années plus tard, le 16 juin 1955, cette fois depuis Paris, Mexico tenta à nouveau de saisir la clé des Jeux.

Face à Détroit – encore -, Rome, Lausanne (Suisse), Budapest (Hongrie), Bruxelles (Belgique), et Tokyo (Japon), Mexico ne pu cependant réellement rivaliser. De fait, à l’issue d’un premier tour marqué par l’obtention de 6 voix, la capitale du Mexique décida de faire l’impasse pour la suite, tout comme Bruxelles. Et tandis que Rome passa de 15 à 26 suffrages au second tour, devant Lausanne (21), Détroit (11) et Budapest (1), la « Ville Éternelle » emporta finalement l’élection au troisième tour par 35 voix contre 24 pour la « Capitale Olympique ».

Les anneaux olympiques devant la Maison Olympique à Lausanne (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

Au cours des dernières années, l’idée d’une candidature mexicaine fut un temps évoquée à la suite de la commande d’une étude de faisabilité pour les JO 2024 à l’initiative de la Commission des Sports de la Chambre des Représentants.

Cette dernière estima toutefois au printemps 2014 que les conditions n’étaient pas réunies pour permettre la présentation d’une offre suffisamment solide pour se démarquer de la concurrence internationale.

Dans l’optique d’une potentielle candidature pour les Jeux d’été de 2036, le Mexique pourrait se retrouver confronté au projets de Londres (Royaume-Uni), de l’Indonésie, de l’Inde avec Ahmedabad, de Doha (Qatar), de Budapest (Hongrie), ou encore d’Istanbul (Turquie) et de l’Égypte avec la nouvelle capitale administrative du pays.

Un temps annoncée, une candidature de la Russie semble aujourd’hui plus que compromise au regard du contexte géopolitique international consécutif à la guerre en Ukraine.

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