JO 2036 : L’Allemagne renonce à l’idée d’une candidature

Un temps évoquée, l’idée d’une candidature allemande à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2036 a finalement été balayée d’un revers de la main par le Ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer.

Au cours des derniers mois pourtant, cette perspective avait publiquement été présentée par Andreas Geisel, Sénateur berlinois en charge des questions intérieures et sportives.

Pour ce dernier, l’échéance de 2036 représentait alors une double opportunité, à savoir d’une part la réhabilitation des infrastructures sportives de la capitale fédérale et, d’autre part, l’envoi d’un message de fraternité d’une ville cosmopolite, bien loin des clichés hérités des Jeux de la propagande nazie de 1936.

Vue du parvis et du Stade Olympique de Berlin (Crédits – Site officiel de l’Olympiastadion Berlin)

Il n’empêche, la seule idée d’organiser sur le sol allemand un tel événement, cent ans après lesdits Jeux – et ceux de Garmisch-Partenkirchen également – avait soulevé une vive polémique au plan local et fédéral.

Bien avant la sortie du Sénateur social-démocrate (SPD), l’ancien Chancelier allemand, Gerhard Schröder, lui aussi issu du SPD, avait même parfaitement résumé une situation déjà critique :

Je pense que ce serait bien si nous pouvions postuler à nouveau pour l’organisation des Jeux. Berlin serait le seul endroit qui aurait une chance de réussir.

L’Allemagne devrait candidater, mais soit avant ou après 2036 car, sinon, la question historique serait au premier plan au détriment de l’aspect sportif.

Cette semaine, le Ministre de l’Intérieur a abondé dans ce sens, jugeant inimaginable une telle candidature.

Dans les colonnes du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), Horst Seehofer, membre de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et soutien de la candidature passée de Munich 2022, a ainsi estimé que :

Ce serait impensable. Si nous le faisions, nous provoquerions un tollé international et nous nuirions à l’image olympique.

Comment les gens percevraient cela à travers le monde ? L’Allemagne célèbre le centenaire des Jeux Olympiques nazis ? Cela ne peut pas arriver !

Horst Seehofer, Ministre allemand de l’Intérieur (Crédits – Horst Seehofer / Page officielle Facebook)

Si l’idée d’une candidature allemande pour 2036 a donc été écartée au sommet de l’État, la possibilité de revoir le pays sur la ligne de départ d’une course olympique n’est pas totalement exclue dans les années qui viennent.

Sans évoquer de date précise, le Maire de Berlin, Michael Müller, avait par exemple souhaité l’émergence d’un nouveau projet dès 2018, soit moins de trois années après l’échec du projet de Berlin 2024, écarté par le Comité Olympique Allemand (DOSB) au profit de celui de Hambourg 2024.

L’effort de pédagogie vis-à-vis d’une population hostile aux Jeux – revers des référendums pour Munich 2022 puis pour Hambourg 2024 – devrait toutefois être important pour espérer voir aboutir une candidature de la capitale fédérale qui reste aussi marquée par son échec pour les Jeux de l’an 2000, année pour laquelle plusieurs infrastructures avaient été aménagées.

Quoiqu’il en soit, à l’instar d’autres nations potentiellement désireuses de soumettre un projet, l’Allemagne devrait attendre la mise en œuvre de la nouvelle procédure de candidature par le Comité International Olympique (CIO) pour se prononcer sur une future échéance qui – pour l’été – serait centrée au plus tôt sur 2032 ou 2040.

De gauche à droite, Michael Mronz, initiateur du projet de candidature de la Rhénanie du Nord-Westphalie ; Veronika Rücker, Directrice Générale du DOSB ; Armin Laschet, Premier Ministre de la Rhénanie du Nord-Westphalie ; et Thomas Bach, Président du CIO, vendredi 08 mars 2019 à Lausanne (Crédits – Michael Mronz / Compte Twitter officiel)

Au regard des précisions qui seront prochainement apportées par l’institution olympique, l’Allemagne pourrait même choisir de porter une candidature régionale avec le prospère Land de Rhénanie du Nord-Westphalie.

En mars dernier, les représentants de la région et des autorités sportives d’Outre-Rhin avaient d’ailleurs fait le déplacement jusqu’à Lausanne (Suisse) afin de rencontrer le Président du CIO, et ancien leader du DOSB, Thomas Bach.

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