JO 2024 : Dans un contexte politique singulier, Los Angeles et Paris à l’heure de l’inspection

Dès le 10 mai, Los Angeles (États-Unis) ouvrira la – courte – période de l’inspection des Villes Candidates à l’organisation des Jeux d’été de 2024.

Prévue du 23 au 25 avril, la visite de la Commission d’évaluation du Comité International Olympique (CIO) a in fine été décalée sur le créneau initialement attribué à Budapest (Hongrie) avant le retrait de cette dernière.

Palais de l’Élysée (Crédits – Sport & Société)

Après l’inspection de la candidature américaine et des sites sportifs et non-sportifs de celle-ci (10 au 12 mai), la Commission présidée par Patrick Baumann se rendra à Paris du 14 au 16 mai, soit au moment où la passation de pouvoirs sera actée entre le Président de la République, François Hollande et son successeur.

Que ce soit Emmanuel Macron (En Marche !) ou Marine Le Pen (Front National), une rencontre commune entre le Président sortant et le Chef de l’État élu avec la Commission d’évaluation n’est pas à écartée.

Cette possibilité aurait le mérite de montrer à nouveau le plein engagement de la sphère politique auprès du projet de Paris 2024, comme cela est le cas depuis le lancement de la candidature tricolore en juin 2015. Surtout, elle apporterait un caractère d’autant plus symbolique puisqu’elle concernerait directement le sommet de l’État.

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a eu l’occasion d’évoquer son soutien sans équivoque à la candidature de la capitale.

Le projet de Paris est « un point d’horizon très important pour le sport français – les sports français -, pour la population, mais aussi pour le pays et le moral du pays. Les Jeux, c’est quelque chose aussi qui permet d’avoir une stratégie pour à la fois les sports eux-mêmes et les équipements et je pense que l’on a là-dessus de vrais atouts » avait notamment affirmé l’ancien Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique.

Pour sa part, Marine Le Pen avait dès l’année 2015 formulé un soutien sous conditions au projet olympique français.

« Nous sommes favorables à cette candidature parisienne dès l’instant où les principales infrastructures sportives existent déjà et qu’elle n’engagera pas d’investissements majeurs. La France est une grande nation sportive et cet événement d’importance, le plus populaire avec la Coupe du Monde de football, est une belle aventure nationale » avait fait savoir le Cabinet de la leader frontiste dans un message adressé à « Sport & Société ».

(Crédits – Donald Trump / Page Facebook)

Du côté américain, une rencontre entre les membres de la Commission d’évaluation et le Président Donald Trump ne semble pas à l’ordre du jour.

Les propos tenus par Janet Evans dans une interview accordée à « Sport & Société » cette semaine illustrent en tous cas la gène qui prévaut au sein de la candidature depuis l’élection du magnat de l’immobilier et ancienne star de téléréalité.

« Le Gouvernement fédéral soutient totalement la candidature de Los Angeles »  s’est ainsi contentée de déclarer la vice-Présidente du Comité de Candidature, sans plus de détails.

L’attitude du Maire de Los Angeles, Eric Garcetti, est également un signe des tensions qui persistent entre le pouvoir fédéral et les instances fédérés, en particulier au niveau de la Californie.

Se posant en opposant farouche à la politique de Donald Trump – notamment en matière d’immigration – le Maire de la « Cité des Anges » a une fois encore démontré sa volonté d’être un rempart aux idées portées par le Président des États-Unis. Deux nouveaux communiqués de presse ont à cet égard été publiés cette semaine par l’Hôtel de Ville après le vote de la Chambre des Représentants sur l’abrogation de la réforme de la santé « ObamaCare » et sur le Décret présidentiel en matière de liberté religieuse.

(Crédits – Eric Garcetti / Page Facebook)

Il convient néanmoins de rappeler que l’engagement de l’État Fédéral américain ne peut être comparable avec l’engagement de l’État français. Dès lors, l’investissement personnel du Président ne peut être similaire dans les deux cas.

En effet, le Gouvernement américain devrait, comme à son habitude en matière d’événement de ce type, fournir une assistance primordiale en matière de sécurité et de renseignement. Concernant les garanties financières, ces dernières sont en revanche portées par la Ville de Los Angeles (250 millions de dollars), l’État de Californie (250 millions de dollars) ainsi que des assurances et des acteurs du secteur privé (environ 400 millions de dollars, sans oublier la part qui incombera pour financer les travaux).

Concernant le rôle des autorités françaises, l’apport de l’État sera évidemment déterminant sur le plan de la sécurité, avec la mobilisation d’un important contingent militaire et policier, mais il sera également essentiel dans le domaine des financements.

Ainsi, l’État s’est engagé à octroyer plus d’un milliard d’euros pour assurer les garanties budgétaires et les aménagements nécessaires aux Jeux. La Ville de Paris s’est quant à elle engagée sur 145 millions d’euros, les acteurs de la Seine-Saint-Denis sur plus de 122 millions d’euros et enfin la Région Île-de-France sur quelques 209 millions d’euros et ce, sans compter les investissements prévus par les villes associées qui accueilleront la voile (Marseille) et le tournoi olympique de football.

La stratégie de la gouvernance n’est donc pas la même entre la candidature américaine qui mise avant toute chose sur un investissement privé, et la candidature française qui privilégie un modèle hybride avec une participation à 50-50 du secteur public et du secteur privé.

Les délégations des deux Villes Candidates devraient d’ailleurs rappeler ces quelques fondamentaux aux membres de la Commission d’évaluation du CIO.

L’institution de Lausanne (Suisse), bien consciente de disposer ici de deux villes en capacité d’accueillir les Jeux en 2024, veut surtout sécuriser le modèle olympique et avoir à ses côtés un partenaire le plus fiable qui soit pour les sept prochaines années et ce, pour éviter autant que possible les déboires et aléas des précédentes ou actuelles organisations (Rio 2016, Tokyo 2020, etc…).