Dopage : Quelles sanctions à l’égard de la Russie et de ses sportifs ?

Ce mardi, la Commission exécutive du Comité International Olympique (CIO) se réunira en conférence téléphonique afin d’examiner le sort de la Russie à un peu plus de 15 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Rio 2016.

Cette réunion exceptionnelle fait suite à la publication du Rapport McLaren de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), Rapport qui a mis en évidence un système de dopage organisé et coordonné avec l’appui des autorités politiques et des services secrets russes.

Deux options s’offrent au CIO :

  • L’exclusion totale de la délégation russe des JO 2016,
  • L’étude au cas par cas en fonction des éléments fournis par chaque sportif.

Dans le premier cas, l’institution olympique frapperait un grand coup en prenant une décision sans précédent, d’autant à l’égard d’une nation aussi importante sur l’échiquier sportif international.

Dans le second cas, chaque sportif russe souhaitant participer aux Jeux de Rio de Janeiro devra fournir des documents et des éléments permettant de lever les soupçons sur une participation active ou passive au programme de dopage.

Charte Olympique

Hier, l’AMA a préconisé la première option, en indiquant notamment que le système soulevé par le Rapport McLaren, avait été utilisé au bénéfice de l’ensemble des 21 sports inscrits au programme des Jeux d’été.

Pour prendre sa décision, le CIO se basera sur quelques points issus de la Charte Olympique, et plus précisément sur ceux du Chapitre 6, article 59.

« En cas de violation de la Charte Olympique, du Code Mondial Antidopage ou de toute autre réglementation, selon le cas, les mesures ou les sanctions qui peuvent être prises par la Session, la Commission exécutive ou la Commission disciplinaire à laquelle il est fait référence […] sont […]

1.4 A l’égard des CNO :

a) la suspension (Commission exécutive du CIO) ; en pareille hypothèse, la Commission exécutive détermine dans chaque cas les conséquences pour le CNO concerné et ses athlètes ;

b) le retrait de la reconnaissance provisoire (Commission exécutive du CIO) […] ».

L’institution de Lausanne (Suisse) disposera en outre d’une redoutable arme comme l’indique l’article 61 du même Chapitre.

« 1. Les décisions du CIO sont définitives. Tout différend relatif à leur application ou interprétation ne peut être résolu que par la Commission exécutive du CIO, et dans certains cas, par arbitrage devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).

2. Tout différend survenant à l’occasion des Jeux Olympiques ou en relation avec ceux-ci sera soumis exclusivement au TAS, conformément au Code de l’arbitrage en matière de sport ».

Même si les conséquences des révélations concernant les Jeux d’hiver de Sotchi 2014 devraient être examinées ultérieurement, le CIO a là-encore des prérogatives exceptionnelles issues de la Charte Olympique.

Comme le mentionne ainsi l’article 59, point 2, « Dans le cadre des Jeux Olympiques, en cas de violation de la Charte Olympique, du Code Mondial Antidopage, ou de toute autre décision ou réglementation applicable édictée par le CIO ou une FI ou un CNO, y compris, mais sans s’y restreindre, le Code d’éthique du CIO ou toute autre législation ou réglementation publique, ou en cas d’une forme quelconque d’inconduite :

2.1 A l’égard de concurrents individuels et d’équipes : l’inadmissibilité aux Jeux Olympiques ou l’exclusion de ceux-ci à titre temporaire ou permanent, la disqualification ou le retrait de l’accréditation ; en cas de disqualification ou d’exclusion ; les médailles et diplômes obtenus en relation avec la transgression de la Charte Olympique seront restitués au CIO ».

Au regard de ces éléments, le CIO a donc toutes les cartes en mains pour appliquer des sanctions appropriées – ce que demande d’ailleurs le Comité Olympique des États-Unis (USOC) – voire même pour redistribuer des médailles et des titres olympiques glanés lors des Jeux de Sotchi 2014.

Une chose est sûre : en fonction de la teneur de la décision à venir du CIO, la Russie ne devrait pas rester immobile.

Elle en a déjà donné un aperçu avec la longue déclaration du Président Vladimir Poutine.