Athènes 2004 : L’étude d’impact évalue la facture des Jeux à 6,5 milliards d’euros

En août dernier, la Fondation pour la Recherche Économique et Industrielle (IOBE) avait pris la décision d’entreprendre un audit sur le coût réel des Jeux Olympiques et Paralympique d’été de 2004.

Face aux polémiques liées à l’organisation hasardeuse de la compétition internationale par le « Berceau des Jeux » et au gigantisme supposé de l’événement, les autorités grecques souhaitaient alors évaluer l’impact engendré sur l’économie du pays.

Les chiffres ont été publiés ce jeudi et sont pour le moins surprenants.

Ainsi, la Fondation estime que l’événement olympique a généré une dépense publique de 6,5 milliards d’euros.

Ce chiffre équivaut à la moitié des projections budgétaires les plus optimistes concernant Athènes 2004 et est inférieur de 2 milliards d’euros au rapport réalisé par le Ministère des Finances en 2013.

Athènes 2004 - répartition des dépenses de l'Etat Grec

Dans le détail, les principaux postes de dépenses ont été ceux dédiés aux aménagements sportifs (49,5%) et à la sécurité (7,6%) pour quelques 4,1 milliards d’euros ; aux projets de régénération urbaine (13,9%), à l’amélioration des infrastructures existantes (5,1%) et aux autres actions (9,8%) pour 1,6 milliard d’euros. La modernisation du réseau routier (14%) a pour sa part représenté un poste de dépenses de l’ordre de 800 millions d’euros.

Certes, les investissements liés à l’aménagement du nouvel aéroport international d’Athènes ou à la rénovation et l’extension de certains axes routiers, autoroutiers et ferroviaires ne sont pas pleinement pris en considération, les aides européennes ayant été importantes, mais le niveau estimé par l’IOBE apparaît comme relativement faible au regard de la nécessité de construire les sites sportifs et les équipements indispensables aux Jeux et qui faisaient défaut à la Grèce jusqu’en 2004.

La charge financière incombant à l’État ne représenterait donc que « 1% des dépenses gouvernementales sur la période et moins de 2% de la dette brute des administrations publiques » selon les données de la Fondation.

Mais au-delà du montant propre des Jeux, l’étude réalisée apporte également une analyse différente des chiffres relatifs à la dette, chiffres notamment mentionnés par Jacques Rogge, ex-Président du Comité International Olympique (CIO), au début de l’année 2012.

Ce dernier avait alors indiqué que « si l’on regarde la dette extérieure de la Grèce, on peut attribuer aux Jeux jusqu’à 2 ou 3% de celle-ci ».

Néanmoins, les données sont les plus surprenantes ne concernent pas le niveau des dépenses mais bien celui des recettes perçues par l’État Grec. Ainsi, l’étude de la Fondation estime à 2,9 milliards d’euros le montant des avantages financiers liés aux Jeux. Cela concernant en particulier les recettes fiscales et autres taxes.

L’étude démontre même un excédent financier pour le Comité d’Organisation des JO 2004 de l’ordre de 7 millions d’euros.

Les Jeux d’Athènes 2004 ne seraient donc pas si catastrophiques à en croire cette étude, mais les données recueillies apportent toutefois un regard critique sur la gestion post-olympique de l’événement.

De fait, rappelant que l’organisation réussie des JO devait permettre d’insuffler l’image d’un pays en capacité de surmonter les opérations délicates d’accueil d’un tel événement international, la Fondation souligne que la mise en œuvre du projet olympique n’a pas été évident et s’est même révélée être une entreprise des plus complexes.

Les retards sur les chantiers olympiques et la hausse des coûts sont des éléments flagrants d’une dérive organisationnelle et d’un projet que l’on peut aisément considéré comme mal-ficelé dès son lancement.

Dès lors, rien d’étonnant à ce que les effets positifs des Jeux, notamment dans le secteur du tourisme, n’aient pas perduré plus longtemps.

Comme le précise la Fondation dans un communiqué, « la mauvaise utilisation du patrimoine olympique et la publicité négative ayant accompagné la Grèce à la fin de l’année 2009, réduisent à la fois le niveau et la longévité du bénéfice de l’organisation des Jeux pour le pays ».

Une occasion manquée donc – avec ou sans la crise économique et politique persistante – et ce, même si Athènes et l’ensemble de la Grèce ont pu bénéficié des aménagements annexes aux Jeux, en particulier dans le domaine des transports.

Illustrations : Crédits – IOBE / AP