JO 2024 : L’hypothèse italienne face à des chantiers en suspens

La question d’une nouvelle candidature de Rome va se poser dans le courant du mois de septembre, avec notamment une rencontre prévue entre Giovanni Malago, Président du Comité Olympique Italien (CONI) et Matteo Renzi, Président du Conseil.

Néanmoins, un dossier de la capitale italienne devra être conditionné à l’analyse et au règlement d’au moins trois dossiers ou projets en suspens : le devenir du Stadio Flaminio après le départ de l’équipe nationale de rugby pour le spacieux Stade Olympique, la réhabilitation du quartier du Village des Jeux de 1960, sans oublier la relance de la Città dello Sport à Tor Vergata.

Le règlement de ces trois chantiers est un impératif, sinon une nécessité pour rendre crédible et pertinente l’idée d’une nouvelle offre olympique de la part de l’Italie.

Stade Flaminio - abords

Construit pour les Jeux Olympiques d’été 1960, le Stadio Flaminio a accueilli les phases finales du tournoi de football avant de devenir l’un des stades emblématiques de la « Ville Éternelle ». Depuis 2000, le stade était l’enceinte sportive de l’équipe de rugby italienne, qui y disputa notamment les rencontres du Tournoi des VI Nations. Toutefois, depuis l’installation de l’équipe au cœur du Stadio Olimpico, la question se pose du devenir de l’écrin de Flaminio.

Certes, le stade présente une capacité moindre (30 000 places contre 72 000) mais offre des prestations intéressantes pour un club résident : piscine, gymnase, terrains adjacents, parc…

Encore faudrait-il que ces divers atouts soient valorisés dans le cadre d’un projet de réaménagement capable de faire de l’enceinte sportive, un site attrayant pour Rome et plus largement, l’Italie. Or, aujourd’hui, les abords du stade ne sont guère porteurs d’un quelconque espoir de renouveau, entre grilles rouillées, détritus et déchets en nombre

Selon les médias italiens, 12 à 13 millions d’euros seraient pourtant nécessaires pour réhabiliter l’ensemble et redonner un nouveau souffle et une nouvelle vie à l’un des sites majeurs des JO 1960. Face au rejet des dirigeants du club de la Lazio d’ériger leur futur stade, l’idée d’un centre sportif – un centre national d’entraînement par exemple – pourrait faire son chemin dans l’optique d’une candidature olympique.

Un moyen d’assurer une reconversion au site et de permettre un entraînement, dans des conditions optimales et adéquates, aux sportifs italiens, non loin des installations du Foro Italico, potentiel Parc Olympique des Jeux de 2024.

Autre projet qui est étroitement lié à une candidature italienne aux JO, la Città dello Sport.

Prévu dans le cadre du projet olympique de Rome pour 2020, le double dôme multifonctionnel n’est toujours pas achevé et ce, malgré plusieurs centaines de millions d’euros déjà injectés par les investisseurs privés mais surtout par les pouvoirs publics.

Récemment, les élus locaux ont pressé le Maire de Rome, Ignazio Marino, de « déployer les voiles de Calatrava » du nom de l’architecture de l’ambitieux projet. Car ce projet est bel et bien ambitieux, peut-être trop.

Initialement estimé à 60 millions d’euros en 2005, le projet a connu une inflation folle pour atteindre le chiffre de 660 millions d’euros quatre ans plus tard. Ce coût faramineux s’explique en partie par les retards mais aussi par les proportions du projet sportif qui a évolué avec les années.

Ainsi, la salle multifonctionnelle devrait à l’origine accueillir 8 000 spectateurs mais le dépôt de la candidature olympique de Rome 2020 a conduit les concepteurs et les autorités à revoir à la hausse les objectifs et à quasiment doubler la capacité d’accueil (15 000 sièges). Cette tendance fut la même pour les piscines olympiques qui devaient initialement accueillir 3 000 personnes pour le bassin extérieur et 4 000 pour le bassin intérieur. Mais porté par la candidature olympique, le projet a été revu et corrigé, l’organisation de l’événement nécessitant la mise en place d’un centre aquatique de plus de 17 000 places.

Aujourd’hui, certains souhaitent une relance totale du projet alors que d’autres imaginent de faire de cet espace, à la fois une salle multifonctionnelle capable d’accueillir des matchs de basketball ou de handball, et un jardin botanique d’envergure.

Comme pour le Stade Flaminio, la réponse pourrait venir d’une nouvelle candidature olympique de Rome. Avorté en raison des difficultés économiques et financières de l’époque, le projet pour 2020 aurait pourtant permis d’insuffler une vraie dynamique pour ce territoire proche de la capitale. Une tentative pour 2024 permettrait peut-être de relancer et d’achever ce « serpent de mer » du sport italien.

Édifié pour accueillir les athlètes lors des Jeux d’été 1960, le Village Olympique est devenu depuis un quartier de Rome, doté de près de 1 350 appartements.

Ce qui aurait pu devenir une sorte de « Cité radieuse » à l’italienne s’est transformé en espace résidentiel vétuste et, pour tout dire, abandonné. Des projets de rénovation ont pourtant été présentés mais n’ont jamais vu le jour, laissant la population dans l’attente d’un avenir meilleur.

Comme l’a d’ailleurs récemment énoncé un site internet local, « les problèmes du quartier vont du mauvais entretien des espaces verts et des transports en commun à la dégradation du contexte social ».

Le plan urbain « Flaminio » (2004-2006) devait pourtant permettre une réhabilitation profonde du quartier à hauteur de 8 millions d’euros. Les travaux auraient notamment porté sur la rénovation des axes routiers menant au quartier, la création de nouveaux espaces de loisirs ainsi que l’aménagement d’un centre médical métropolitain.

Le projet fut toutefois écarté par les autorités politiques qui préférèrent alors concentrer les moyens financiers sur d’autres quartiers de Rome.

A l’inverse du Foro Italico et de sa constante évolution et modernisation, le Village Olympique n’est pas une pleine réussite. Certes, il a permis à des centaines de personnes d’acquérir ou de louer un logement sur les traces des héros des Jeux de 1960, mais son intégration à l’environnement urbain demeure délicat. La faute à une absence de volonté politique pour faire de ce quartier un modèle du genre et, pourquoi pas, un écoquartier à la pointe de la modernité.

Si l’Italie décide de se lancer dans la bataille pour les Jeux 2024, les promoteurs du projet devront garder à l’esprit les réussites mais également les échecs de la précédente Olympiade romaine. La déshérence du Village des Athlètes en fait sans nul doute partie.

Illustrations :
– Vue extérieure des abords du Stadio Flaminio (Crédits – La Repubblica / Franz Benvenuti / F3Press)
– Vue aérienne du chantier de la Città dello Sport (Crédits – Progretti Concorsi)
– Vue extérieure des immeubles du Village Olympique (Crédits – Roma Today)