L’Ukraine envisage une candidature pour les JOJ 2028 ou les JO 2030

En dépit des répercussions de l’épidémie de Covid-19 et malgré le souvenir du retrait de la candidature de Lviv 2022, l’Ukraine semble avoir placé le projet olympique et paralympique parmi les priorités à mener au cours des prochaines années. Si pour l’heure, aucune échéance n’a été sélectionnée par les autorités, deux dates émergent néanmoins : 2028, année consacrée aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, ou 2030, année des Jeux d’hiver.

Réunion de présentation du projet de création d’un pôle touristique et sportif dans les Carpates en Ukraine, jeudi 30 juillet 2020 (Crédits – Présidence de la République d’Ukraine)

En juillet 2019, peu après son accession à la Présidence de la République d’Ukraine, Volodymyr Zelensky s’était rendu au Centre sportif et olympique de formation de Koncha-Zaspa à Kiev. A cette occasion, l’ancien acteur et humoriste avait plaidé pour le développement d’initiatives sportives pouvant bénéficier in fine à la constitution d’une candidature à l’organisation des Jeux.

Le Président n’avait toutefois pas précisé d’échéance, ni même de saisonnalité, laissant ainsi la porte ouverte aux réflexions.

Aussi, les discussions ayant eu lieu par la suite ont permis de dégager une préférence et ce, au regard de l’expérience ukrainienne et de la volonté de promouvoir la culture sportive du pays. De fait, l’Ukraine pourrait prochainement se positionner pour l’obtention d’un événement olympique hivernale, seul ou avec un allié voisin, comme cela fut évoqué en février dernier avec la perspective d’un projet conjoint avec la Biélorussie.

La semaine dernière, une nouvelle étape a été franchie dans le long processus entourant le choix d’une éventuelle candidature.

Jeudi 30 juillet, Andriy Yermak, Chef de Cabinet du Président de la République, a en effet fait savoir que ledit Cabinet discutait actuellement avec le Comité National Olympique ukrainien pour préparer d’une part, une visite prochaine du Président du Comité International Olympique (CIO), Thomas Bach, et amorcer d’autre part l’élaboration d’un projet pour les Jeux.

Comme il l’a ainsi précisé :

Le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Vadym Gutsait, a rapporté que le Président du CNO, Sergey Bubka, travaillait sur la question d’une candidature de l’Ukraine pour les Jeux de 2028 ou 2030.

La mise en œuvre du projet pourrait donner une impulsion significative pour le développement du sport amateur et du sport de haut-niveau, en particulier dans le secteur des sports d’hiver.

Volodymyr Zelensky, lors de la visite du Centre sportif et olympique de formation de Koncha-Zaspa, mardi 16 juillet 2019 (Crédits – Présidence de la République d’Ukraine)

En mentionnant les deux dates précitées, les autorités ukrainiennes privilégient la course aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de 2028, qui succéderont à l’édition de Gangwon 2024 en Corée du Sud, voire celle dédiée aux Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030, qui seront organisés après ceux de Milan-Cortina 2026 en Italie.

En se positionnant ainsi, l’Ukraine pourrait néanmoins être confrontée à une vive concurrence, puisque l’édition 2030 est d’ores et déjà convoitée par Sapporo (Japon), hôte des JO 1972. Il ne faut pas non plus négliger l’intérêt exprimé par au moins deux autres territoires pour des Jeux d’hiver compris entre 2030 et 2038, à savoir Salt Lake City (Utah, États-Unis) et Barcelone-Pyrénées (Espagne).

Afin de concrétiser une ambition avortée au cours des dernières années avec le retrait de Lviv 2022 et dans l’optique de pouvoir rivaliser avec les autres prétendantes sur la scène internationale, l’Ukraine devra donc consentir à un engagement total de la part des pouvoirs publics, avec aussi une participation souhaitée du secteur privé et ce, notamment pour mettre à niveau les infrastructures sportives nécessaires à l’accueil d’un événement de la dimension des Jeux d’hiver.

La réunion de la semaine passée avait d’ailleurs pour autre objet la création d’un vaste pôle touristique et sportif dans les Carpates, au niveau de la chaîne montagneuse Borzhava. Ce projet, qui pourrait être coordonné le moment venu par le Conseil National d’Investissement avec la contribution des Ministères compétents, viserait à doter le territoire d’un cluster polyvalent capable d’accueillir le grand public ou des sportifs confirmés tout au long de l’année et non uniquement en période hivernale.

Pour le Chef de Cabinet de Volodymyr Zelensky en tout cas :

Plus tôt les parties seront prêtes à présenter au Président un projet détaillé, des délais, des estimations de coûts, mieux ce sera. Nous sommes prêts à apporter notre aide à tous les niveaux.

(Crédits – Lviv 2022)

Une promesse qui semble aujourd’hui être aussi bien dirigée sur la constitution du pôle touristique et sportif que sur l’ambition d’une candidature olympique et paralympique.

Avec l’aménagement d’un tel cluster au Sud-Est du pays, l’Ukraine pourrait dès lors être en mesure de porter un projet pour la tenue des Jeux, complémentaire à l’offre que pourrait présenter Lviv, située plus au Nord.

Dans le cadre de la candidature développée pour les Jeux d’hiver de 2022, les autorités ukrainiennes avaient en effet présenté un concept basé sur une ville-centre – Lviv – pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture ainsi que pour les sports de glace. Deux clusters annexes furent aussi évoqués pour les compétitions de ski alpin et les sports de neige, l’un dans le secteur de Tysovets-Panasivka et l’autre, dans le secteur de Borzhava.

Ville Requérante – au même titre que Cracovie (Pologne), Oslo (Norvège), Almaty (Kazakhstan) et Pékin (Chine) – Lviv avait rapidement été contrainte de se retirer, compte-tenu du contexte entourant la crise ukrainienne de 2013-2014 et les répercussions de cette dernière. En plus de Lviv, Cracovie et Oslo abandonnèrent par la suite en raison d’un référendum pour l’une et d’un faible engouement populaire et politique pour l’autre, ne laissant alors qu’Almaty et Pékin dans la course aux Jeux de 2022.