Milan-Cortina 2026 : Le devenir incertain de San Siro après les Jeux

Emblématique écrin des deux clubs de football de Milan (Italie), le Stade Giuseppe Meazza – plus communément appelé San Siro – sera l’un des sites-phares des Jeux d’hiver de 2026, année où il fêtera d’ailleurs ses 100 ans d’existence. Le devenir de l’enceinte et du quartier environnant est toutefois suspendu au projet de nouveau stade qui, pour l’heure, patine des retards et des questions administratives.

Visuel du projet « Cathédrale » développé pour le nouveau stade de Milan, Italie avec, en bas, les vestiges du Stade San Siro et l’un de ses escaliers monumentaux (Crédits – Populous)

A l’été 2019, deux événements sont venus redéfinir les perspectives d’aménagement urbain de la cité milanaise, avec d’abord la désignation de Milan-Cortina 2026 comme hôte des Jeux d’hiver, puis avec l’annonce du projet de nouveau stade pour les deux clubs historiques de la région, que sont l’AC Milan et l’Inter.

Dans les deux cas, un même quartier était alors concerné : San Siro, qui a notamment donné son surnom à l’emblématique enceinte de 80 000 places reconnaissable entre toutes.

Néanmoins, alors que le projet olympique et paralympique prévoyait – et prévoit encore – d’inclure le Stade San Siro au sein du dispositif, pour l’accueil de la Cérémonie d’ouverture, le 06 février 2026, le second projet a en revanche été pensé pour assurer la construction d’un équipement plus moderne et accessible, non loin du site historique appelé à être détruit après les Jeux, avec, pour le nouvel écrin, une jauge ramenée à 60 000 places.

Pour mener à bien cette entreprise d’envergure, les porteurs du projet de nouveau stade – à savoir les deux clubs de football résidents – ont choisi de faire confiance à l’expertise de Populous à qui l’on doit nombre de stades et arénas à travers le monde, à l’image du Groupama Stadium de Lyon-Décines (France).

Visuel du projet de nouveau stade à Milan, Italie (Crédits – Populous)

Imaginé au cœur d’un écoquartier pensé comme la destination sportive et de divertissements la plus durable d’Europe, « The Cathedral » – comme un hommage au stade historique mais également au célèbre Duomo caractéristique de Milan – doit de fait incarner le renouveau d’un paysage urbain dégradé et vieillissant et, in fine, le symbole de la dynamique milanaise profitant de la venue des Jeux.

Or, ce vaste programme – qui inclus aussi un aménagement paysager sur plusieurs hectares, et l’édification d’immeubles comprenant logements, bureaux et commerces – soulève plusieurs problématiques depuis sa présentation.

Il faut dire que la santé financière des deux clubs résidents est source d’inquiétudes du côté de l’Hôtel de Ville de Milan, où le Maire Giuseppe Sala, regarde avec attention le possible rachat de l’AC Milan par un investisseur basé à Bahreïn qui propose une enveloppe de 1,1 milliard de dollars (1,02 milliard d’euros) pour réaliser son acquisition. Le sort de l’Inter n’est pas non plus figé, le club étant actuellement détenu par un consortium chinois qui a contracté un important emprunt auprès d’un fonds d’investissement américain, avec les risques liés à une telle opération.

A l’aune de ce constat, il n’est donc pas étonnant que les pouvoirs publics rechignent pour l’heure à accorder les autorisations administratives nécessaires à l’enclenchement d’un projet immobilier dont le coût reste d’ailleurs à déterminer, dans une fourchette large comprise entre 730 millions et 1,2 milliard de dollars (676,85 millions et 1,11 milliard d’euros). Des études complémentaires ont déjà été demandées et un débat public sollicité par les autorités municipales.

Visuel du projet de nouveau stade à Milan, Italie (Crédits – Populous)

Face à cet enlisement qui pourrait encore durer plusieurs semaines, si ce n’est plusieurs mois, les porteurs du projet font désormais pression sur les autorités, en menaçant en particulier de délocaliser leur nouveau stade en périphérie de la ville-centre, ce qui serait de nature à laisser à la municipalité un futur « éléphant blanc » de 80 000 places dont elle assure déjà la gestion, moyennant le versement de loyers par l’AC Milan et l’Inter.

A ce jeu-là, la commune de Sesto San Giovanni pourrait être la future grande gagnante, d’une part, du fait de la capacité foncière dont elle dispose et qu’elle pourrait offrir aux clubs, et d’autre part, de sa proximité avec Milan, étant située à seulement une quinzaine de kilomètres au Nord-Est du quartier de San Siro.

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