JO 2030 : Un accord technique pour une répartition entre Aragon et Catalogne

En Espagne, un accord technique a été obtenu pour répartir les épreuves de la candidature olympique et paralympique pour les Jeux d’hiver de 2030 entre l’Aragon et la Catalogne. La balle est désormais dans le camp des gouvernements régionaux, avant une consultation populaire attendue d’ici l’été 2022.

Vue du domaine skiable de Baqueira Beret dans le Val d’Aran (Crédits – Catalunya Experiance / Marc Gasch)

La candidature espagnole à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030 pourrait bien retrouver des couleurs, après plusieurs mois de flottements et de querelles politiques entre les leaders régionaux de l’Aragon et de la Catalogne.

Comme l’ont annoncé les médias nationaux ce lundi 28 mars – parmi lesquels le quotidien « La Vanguardia » – un accord a en effet été obtenu pour envisager une répartition des épreuves la plus équilibrée possible entre les deux Communautés qui se partagent une partie des Pyrénées et ce, à l’issue des travaux menés depuis décembre 2021 par une Commission Technique composée, à parts égales, de représentants de l’Aragon, de la Catalogne, et du Comité Olympique Espagnol (COE).

Le Président du COE, Alejandro Blanco, a adressé en ce sens un courrier présenté comme un « acte de répartition des sites » à l’attention des représentants de l’Aragon, de la Catalogne, ainsi que du gouvernement central à Madrid, ces derniers devant désormais valider la cartographie proposée pour les JO 2030.

Comme attendu, les compétitions de ski alpin se dérouleraient dans les stations de La Molina et de Masella en Cerdagne, dans le Nord de la Catalogne, les épreuves de snowboard et de freestyle étant quant à elles annoncées du côté du Val d’Aran, à Baqueira Beret.

Présent sur la prochaine édition des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 en qualité de sport additionnel, le ski alpinisme – ou ski de randonnée – serait pour sa part localisé dans la station catalane de Boí Taüll, la plus élevée de la chaîne pyrénéenne.

Toujours en Catalogne, Barcelone serait évidemment de la partie, même si le schéma des sites initialement envisagé pourrait considérablement se réduire pour celle qui fut Ville Hôte des Jeux d’été en 1992.

Ainsi, parmi les sports de glace, seul le hockey-sur-glace serait programmé au sein du très modulable Palau Sant Jordi, sur la colline de Montjuïc, à quelques encablures du Stade Olympique qui pourrait accueillir les Cérémonies d’ouverture et de clôture, bien que la recherche d’un compromis semble être sur la table des discussions entre l’Aragon et la Catalogne.

Pour les autres compétitions, l’Aragon serait a priori en pôle position, avec les villes de Jaca pour le curling et de Saragosse pour le patinage artistique, le patinage de vitesse et le patinage de vitesse sur piste courte (short-track). Le biathlon et le ski de fond se tiendraient également sur le sol aragonais.

Concernant les épreuves de bobsleigh, de luge, de skeleton, ainsi que les compétitions de saut à ski et de combiné nordique, le COE poursuit sa réflexion pour inclure un territoire en dehors de l’Espagne, disposant des critères logistiques et techniques pour recevoir ces compétitions. Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, une alliance historique avec Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) pourrait prochainement être conclue.

Cartographie des sites envisagés par le Comité Olympique Espagnol pour les Jeux d’hiver de 2030 (Crédits – La Vanguardia)

A l’aune des esquisses apportées, il apparaît évident que le COE a voulu s’assurer d’un accord technique et politique avec l’Aragon qui, depuis les prémices de la candidature, mène une sérieuse bataille de communication pour dénoncer la main-mise supposée de la Catalogne et de sa ville-phare sur le projet.

D’ailleurs, les proches du Président de l’Aragon, Javier Lambán, se sont pour l’heure bien gardés d’évoquer un accord sur le concept proposé par le COE. Ils ont même fait savoir qu’une étude rigoureuse dudit concept serait réalisée pour, le cas échéant, formuler une contre-proposition si d’aventure le Président aragonais jugeait la répartition inégalitaire entre son territoire et le voisin catalan.

Désormais, les leaders des deux Communautés autonomes espagnoles vont donc se pencher sur les contours d’un projet qui, déjà pour 2022, s’était heurté à des questions institutionnelles et politiques alors limitées sur le seul territoire de la Catalogne.

Outre la question des sites, le choix de la future dénomination de la candidature pourrait encore être source de tensions, l’Aragon refusant – à ce stade – la mention de Barcelone dans l’intitulé de l’offre espagnole.

Dans l’hypothèse où les autorités régionales et nationales viendraient à confirmer le concept, le COE serait ensuite en mesure de pouvoir soumettre son projet à l’appréciation du Comité International Olympique (CIO) qui, récemment, avait conseillé à l’Espagne de renoncer à l’idée de porter une candidature de Madrid pour les Jeux d’été.

Pour le Président Alejandro Blanco, l’entente entre les parties prenantes doit perdurer pour convaincre l’institution olympique le moment venu.

Au cours du week-end passé, le dirigeant sportif espagnol n’a d’ailleurs pas manqué d’exposer son point de vue sur le contexte actuel et sur les chances de succès de la candidature pyrénéennes.

Ainsi qu’il l’a affirmé à l’occasion d’une conférence organisée par la Fundación Rafael Campalans :

Avoir réussi à atteindre ce point de rencontre est déjà un premier succès. C’est maintenant que commence le travail en commun pour atteindre le succès final.

La base du succès de la candidature, ce n’est pas la neige ou la glace, mais le respect et le dialogue.

C’est un projet très sérieux. Nous devons y aller unis, ensemble.

Si nous sommes, pensons et travaillons ensemble, nous avons toutes les chances de gagner devant le CIO qui nous regarde chaque jour.

Alejandro Blanco, à droite, Président du Comité Olympique Espagnol, lors d’une conférence sur la candidature pyrénéenne pour les Jeux d’hiver de 2030, vendredi 25 mars 2022 (Crédits – COE)

Pour le COE, l’enjeu est crucial, d’autant plus au moment où Sapporo (Japon), Ville Hôte des JO 1972, tient plus que jamais la corde pour rafler la mise, avec un projet technique élaboré et un budget revu à la baisse pour répondre au mieux aux critères de durabilité et de maîtrise des dépenses.

Afin d’espérer refaire son retard sur sa rivale nippone, la candidature espagnole devra encore être en capacité de franchir une étape-clé dans les prochains mois, avec la perspective d’une consultation populaire.

Sur ce point, les pouvoirs publics locaux devraient essayer de faire entendre la voix des territoires actuellement écartées du projet de ladite consultation, cette dernière n’étant pour l’instant envisagée que sur certains secteurs pyrénéens.

Pour le COE, cette consultation populaire s’annonce à haut-risque, surtout si l’on considère la capacité de nuisance des opposants à la candidature qui tâcheront certainement de raviver les tensions territoriales, tout en déployant leur argumentaire contre le modèle olympique régulièrement placé en confrontation face aux enjeux de durabilité et de changement climatique.

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