Milan-Cortina 2026 : Sergio Mattarella réélu à la Présidence de la République

La réélection du Président Sergio Mattarella, assure une stabilité bienvenue à l’Italie et au tandem formé avec le Président du Conseil, Mario Draghi, engagé dans la mise en œuvre de réformes structurelles majeures et dans un plan de relance économique capital après la crise du Covid-19. Cette réélection assure également la stabilité pour le projet olympique et paralympique de Milan-Cortina 2026, alors que les préparatifs vont s’accélérer dans les prochains mois.

Le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, lors de cérémonie de remise du drapeau aux athlètes italiens engagés sur les Jeux d’hiver de Pékin 2022, jeudi 23 décembre 2021 (Crédits – Ufficio per la Stampa e la Comunicazione della Presidenza della Repubblica)

En politique, rien n’est jamais écrit à l’avance. En Italie, cela est encore plus le cas, surtout si l’on considère les dernières semaines écoulées et le chaotique processus d’élection du Président de la République.

Même si les prérogatives du Chef de l’État italien sont relativement limitées – le Président du Conseil, équivalent du Premier Ministre, étant à la manœuvre pour gouverner le pays – il n’en demeure pas moins que le poste occupé peut s’avérer particulièrement stratégique, notamment en cas de crise, pour maintenir la bonne gestion des affaires du pays.

Alors que l’instabilité politique est l’une des caractéristiques du régime italien, l’épidémie liée au Covid-19 a sans nul doute apporté un enseignement majeur à la classe politique transalpine dans son ensemble. De fait, dans l’intérêt de l’Italie et de ses habitants, une entente transpartisane a permis de placer au sommet du gouvernement, Mario Draghi, un homme faisant consensus et dont l’installation a d’abord été rendue possible par l’intervention du Président sortant, Sergio Mattarella.

Ce choix, opéré en février 2021 au lendemain de la démission du Président du Conseil d’alors, Giuseppe Conte, est aujourd’hui salué comme un succès. De fait, depuis près d’un an, force est de constater que le tandem incarné par le Président réélu ce week-end et l’ancien dirigeant de la Banque Centrale Européenne (BCE) fonctionne et rassure même, dans et en dehors de l’Italie.

Cela était crucial à plus d’un titre, le risque d’un échec étant tout simplement synonyme d’un retour aux urnes pour les Italiens et ce, dans un contexte économique et social fragilisé par la crise sanitaire qui a durement frappé la péninsule depuis le printemps 2020.

Dès lors, outre la mise en place d’une stratégie vaccinale à grande échelle, le gouvernement de Mario Draghi a surtout réussi à insuffler une dynamique pour mettre en œuvre des réformes structurelles majeures, en partie attendue par l’Union Européenne pour la délivrance d’une aide conséquente – issue du plan de relance de l’UE – de 191 milliards d’euros. Au cours des derniers mois, certaines des réformes ont pu être engagées, parmi lesquelles la simplification des procédures relatives aux grands travaux, tandis que d’autres pourraient être prochainement établies : réforme de la justice, réforme de la concurrence, réforme fiscale, etc.

Mais en dépit de ses succès, Mario Draghi aurait pu se retrouver – peut-être bien malgré lui – dans une toute autre situation avec l’élection présidentielle qui s’est achevée cette semaine.

Certains voulaient en effet que le Président du Conseil accède au poste de Président de la République. A l’inverse néanmoins, certains soutiens avaient clairement menacé de faire voler en éclat l’attelage parlementaire mêlant Gauche et Droite derrière Mario Draghi, au cas où celui-ci viendrait à être élu au Palais du Quirinal.

Car aussi paradoxal que cela puisse paraître, la récompense du travail bien fait promue par une partie des élus italiens aurait sans doute conduit à la convocation de nouvelles élections législatives, le consensus autour de Mario Draghi comme Président du Conseil n’étant pas à la portée d’autres figures politiques, au moins à l’heure actuelle.

In fine, les grands électeurs italiens – le scrutin présidentiel mobilisant non pas les citoyens mais les parlementaires, ainsi que des élus locaux et régionaux – ont fait le choix de la stabilité en reconduisant dans ses fonctions, Sergio Mattarella. Ce dernier avait pourtant indiqué depuis plusieurs mois qu’il ne souhaitait pas rempiler pour un second septennat, préférant, à l’âge de 80 ans, se retirer de la vie politique.

La cacophonie autour des candidatures réelles – dont un temps celle de l’éternel revenant Silvio Berlusconi – ou supposées, et le risque de voir imploser l’entente parlementaire et gouvernementale actuelle auront cependant fait vaciller ce noble projet.

Samedi 29 janvier, le Président a ainsi reçu une délégation de représentants de partis politiques et des leaders régionaux pour les sonder sur le déroulement du vote qui, après sept tours de scrutin, restait sans « fumée blanche ». Dans l’intérêt de la nation, Sergio Matterella a dès lors accepté de demeurer quelques années supplémentaires au Palais du Quirinal. Son élection, par 759 voix sur 984 suffrages exprimés, a ensuite été officialisée en milieu de soirée.

Le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, remettant les insignes de l’Ordre du Mérite au Président du Comité National Olympique Italien, Président du Comité d’Organisation des Jeux de Milan-Cortina 2026 et membre du Comité International Olympique, Giovanni Malago, jeudi 23 décembre 2021 (Crédits – Ufficio per la Stampa e la Comunicazione della Presidenza della Repubblica)

Au-delà de la stabilité institutionnelle et politique recherchée, la réélection de Sergio Mattarella est sûrement source de soulagement du côté du Comité d’Organisation des Jeux de Milan-Cortina 2026.

Alors que la phase de candidature olympique et paralympique avait été un temps perturbée par les querelles partisanes et les intérêts des uns et des autres, les préparatifs de l’événement sont désormais sanctuarisés dans les grands axes par une coopération de l’ensemble des échelons institutionnels, du local au national, en passant bien sûr par le régional.

Par le passé, les deux précédentes candidatures italiennes ont, chacune, souffert de l’instabilité politique, mais aussi de l’expression d’une certaine défiance partisane. Cela fut le cas pour Rome 2020 et encore davantage pour Rome 2024.

Pour Milan-Cortina 2026, l’élection d’un nouveau Président et, de surcroît, la perspective de nouvelles élections législatives à l’issue incertaine dans un contexte encore brouillé par la crise sanitaire, auraient certainement donner du fil à retordre à Giovanni Malago, patron du Comité National Olympique et du Comité d’Organisation des JO 2026, soucieux de préserver le calendrier, la feuille de route, et l’engagement du soutien financier de l’État.

Si des élections devraient tout de même se tenir dans le courant de l’année 2023, la marge de manœuvre est aujourd’hui plus confortable, d’autant plus au regard du passage de flambeau qui aura lieu le 20 février prochain, entre Pékin 2022 et Milan-Cortina 2026.

Le plus dur commencera alors pour l’attelage transalpin, avec l’accélération des préparatifs et des chantiers, notamment à Milan, à moins de quatre ans de la Cérémonie d’ouverture programmée au cœur du Stade San Siro, 20 ans après la célébration des Jeux de Turin 2006 et 70 ans après les Jeux de Cortina d’Ampezzo 1956.

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