JO 2036 : La Russie examine la possibilité d’une candidature

Hôte des Jeux d’été en 1980, alors sous l’appellation URSS, puis des Jeux d’hiver en 2014, la Russie n’a jamais renoncé à son ambition d’accueillir à nouveau l’événement planétaire, en dépit d’années marquées par les accusations de dopage organisé et une suspension du Mouvement Olympique actée jusqu’en décembre 2022.

Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi 2014 (Crédits – President of Russia / RIA Novosti)

Depuis la fin de l’année 2014, la Russie est au cœur des polémiques, des accusations et des sanctions prises par les instances sportives internationales face à ce qui a été considéré par moult rapports comme un système de dopage généralisé.

Ainsi, dès 2014, sur la base des témoignages de deux sportifs, Yuliya Stepanova et Vitaly Stepanov, deux documentaires successifs avaient d’abord pointé du doigt la corruption du système antidopage en Russie, notamment en ce qui concerne l’athlétisme.

Dans la foulée, la Fédération Internationale d’athlétisme – IAAF, devenue World Athletics par la suite – décida de sanctionner la Russie, en l’excluant de toutes les compétitions placées sous sa responsabilité et son contrôle, alors que l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) leva peu à peu le voile sur une stratégie organisée à tous les échelons de la gouvernance sportive dans le pays, avant de prendre la décision de sanctionner l’agence russe Rusada.

Les révélations se succédèrent ensuite en amont de la tenue des Jeux d’été de Rio 2016, plaçant de facto le Comité International Olympique (CIO) dans une position particulièrement inconfortable, d’autant plus au regard des conclusions du rapport de l’AMA piloté par Richard McLaren qui préconisa à ce moment-là la suspension de l’ensemble des sportifs russes. Le CIO, dans une démarche résolument diplomatique et comme pour se défausser, laissa finalement le soin à chacune des Fédérations Internationales de prendre les mesures jugées les plus appropriées.

Attendue, la sanction olympique intervient finalement en décembre 2017 à l’aune des conclusions issues des travaux de la Commission pilotée par Samuel Schmid, ancien Président de la Confédération suisse.

Le CIO décide alors de suspendre le Comité Olympique de Russie avec effet immédiat, tout en invitant les athlètes russes à titre individuel pour les Jeux d’hiver 2018, selon des critères stricts de sélection, et sous l’appellation « Athlètes Olympiques de Russie » (OAR).

Les mesures adoptées par le CIO comportent par ailleurs le refus d’accréditation des officiels du Ministère russe des Sports en prévision de cette même édition des Jeux, sans compter également l’exclusion du Ministre des Sports, Vitaly Mutko et de son Vice-Ministre, Yuri Nagornykh, de toute participation aux Jeux.

Dmitry Chernyshenko, ancien Président du Comité d’Organisation de Sotchi 2014 est quant à lui exclu de la Commission de Coordination des Jeux d’hiver de Pékin 2022, tandis que le Président du Comité Olympique Russe, Alexander Zhukov est suspendu de ses droits au sein du CIO.

Au cours des deux dernières années écoulées, l’AMA et le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) se sont démarqués, avec, en décembre 2019, l’exclusion de la Russie de toutes les compétitions sportives internationales pour une durée de quatre ans, avec interdiction de soumettre et d’organiser ce type de compétitions sur son territoire. Une décision qui provoqua à l’époque une vive protestation du pouvoir, en particulier de Dmitri Medvedev, Premier Ministre, et surtout de Vladimir Poutine, Président et acteur de la candidature et de l’organisation des JO 2014.

In fine, après l’appel déposé par la Russie, le TAS prend la décision, un an plus tard, de réduire l’exclusion pour ne tenir compte que d’une édition des Jeux d’été et une édition des Jeux d’hiver, soit Tokyo 2020 et Pékin 2022.

Vladimir Poutine lors d’une parade militaire sur la Place Rouge, le 09 mai 2016 (Crédits – President of Russia)

Dès lors, au regard de la levée prochaine de la suspension, qui doit intervenir en décembre 2022, la Russie se remet à espérer l’accueil prochain des Jeux Olympiques et Paralympiques sur son sol.

Si les précédentes tentatives se sont soldées par des échecs, avec notamment l’élimination dès le premier tour de scrutin de Moscou dans la course aux Jeux de 2012, les autorités russes entendent désormais mettre toutes les chances de leur côté pour parvenir à organiser une nouvelle édition des Jeux, le pays ayant reçu l’événement en 2014 dans sa configuration hivernale et, auparavant, en 1980 dans un contexte alors marqué par le boycott sur fond de Guerre Froide avec les États-Unis et leurs alliés.

Vendredi 13 août, le Ministre des Affaires étrangères a ainsi clairement fait état de la possibilité pour la Russie de soumettre un projet pour l’organisation des JO 2036, prochaine échéance ouverte aux candidatures et ce, après la récente désignation de Brisbane (Australie) pour l’édition 2032.

A l’occasion d’un déplacement à Sambek, dans la région de Rostov, Sergueï Lavrov a ainsi affirmé :

Les offres sont en cours de préparation. Nous avons plusieurs villes intéressées – Saint-Pétersbourg bien sûr, et je crois aussi Kazan.

Plusieurs villes ont déjà soumis leurs propositions, alors ne traînez pas.

Quelques semaines auparavant, le Ministre en charge des Sports avait lui-aussi estimé que la Russie était en capacité de déposer à l’avenir une offre auprès du CIO.

Comme l’avait notamment exposé Oleg Matytsin en marge des Jeux de Tokyo 2020 :

Il est encore trop tôt pour en parler, mais je pense que la Russie sera en mesure de recevoir les Jeux de 2036.

Ce ne sera pas une décision à prendre à la légère, mais nous avons toutes les ressources nécessaires pour organiser un tel événement.

Avant cela, j’espère que la Russie aura l’opportunité d’accueillir d’autres grands événements. Nous en avons le potentiel.

Vue du stade Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg (Crédits – Zenit Football Club / Site officiel)

De fait, même si Saint-Pétersbourg et Kazan sont déjà engagées dans la bataille en vue d’une sélection nationale, d’autres villes et collectivités de Russie pourraient se dévoiler dans les mois à venir, à commencer par la capitale, Moscou.

Bien que le statut de capitale pourrait aider la cité moscovite dans sa quête éventuelle des Jeux, les efforts menés en coulisses par les deux premières villes pourraient être décisifs.

Pour Saint-Pétersbourg, l’intérêt ne date pas d’hier, l’ancienne capitale des Tsars ayant été requérante au milieu des années 1990 pour l’édition des Jeux de 2004, avant d’héberger les acteurs de la SportAccord Convention au printemps 2013, laissant un temps planer l’idée d’une candidature aux JO 2024.

Concernant Kazan, sixième ville du pays avec plus de 1,2 million d’habitants, les dernières années ont permis d’en faire une cité de premier plan pour l’organisation d’événements majeurs, entre les Universiades 2013, les Mondiaux de natation en 2015 et, plus récemment, une partie des matchs de la Coupe du Monde de football en 2018.

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