Paris 2024 : La bataille de l’image et des idées pour l’ouverture des Jeux

En marge de son déplacement au Japon pour assister à l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, le Président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué les préparatifs de Paris 2024 et le souhait de mettre en œuvre une Cérémonie d’ouverture sur la Seine.

Visuel du live-site du Trocadéro pour les Jeux de 2024 (Crédits – Paris 2024 / Ph. Guignard / Populous-Luxigon)

Tout au long du processus de candidature, et encore aujourd’hui, le Comité de Paris 2024 a cherché à se démarquer.

Se démarquer de ses adversaires, avec la promesse de sites iconiques qui font la renommée de la « Ville Lumière » à travers le monde. Se démarquer aussi des erreurs passées et de l’image souvent véhiculée d’une France nostalgique.

Si aujourd’hui Paris 2024 se trouve en position de succéder à Tokyo 2020, le Comité d’Organisation (COJO) présidé par Tony Estanguet a aussi conscience que l’Olympiade à suivre sera celle de Los Angeles 2028, avec un concept faisant la part belle au sport-spectacle et aux nouvelles technologies.

Aussi, afin de ne pas apparaître comme les Jeux de la fin d’une ère, Paris 2024 entend – selon les propres termes de son Président – continuer à « casser les codes ». Pour cela, avec l’appui de l’État, de la Ville de Paris et de l’ensemble des Collectivités et partenaires associés au projet, le COJO a enclenché au cours des derniers mois une réflexion autour de la célébration des Jeux, avec en particulier la volonté de repenser le modèle traditionnel des Cérémonies d’ouverture et de clôture.

Concrètement, Paris 2024 se dirige vers l’installation d’une partie des Cérémonies en dehors du Stade de France, lieu pourtant sélectionné pour être le Stade Olympique dans moins de trois ans. Une manière de se rapprocher de la ville et de ses habitants et d’offrir au monde un spectacle inédit dans la forme et dans le fond.

Pour assurer la mise en œuvre de cette ambition, le COJO peut d’ores et déjà compter sur le soutien actif du Président de la République, Emmanuel Macron, qui, depuis son accession à l’Élysée en 2017, n’a cessé de montrer des marques d’attachement à l’esprit des Jeux et au projet de Paris 2024.

Le Président de la République Française, Emmanuel Macron, et le Président du Comité International Olympique, Thomas Bach, lors de leur entrevue à Tokyo, vendredi 23 juillet 2021 (Crédits – IOC / Greg Martin)

En cette fin de semaine, le Chef de l’État a d’ailleurs prouvé une fois encore qu’il comptait s’investir personnellement dans les préparatifs des Jeux et ce, alors que l’élection présidentielle se déroulera au printemps 2022 en présence, peut-être, de deux alliées du projet mais qui demeurent néanmoins deux adversaires politiques, à savoir d’une part la Maire de Paris, Anne Hidalgo, et la Présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse.

La venue du Chef de l’État à Tokyo pour assister à la Cérémonie d’ouverture des JO 2020 a ainsi permis de réitérer un soutien appuyé à destination du COJO et du Comité International Olympique (CIO), alors que dans le même temps, Anne Hidalgo suivait la retransmission de l’événement depuis les Jardins du Trocadéro temporairement aménagés aux couleurs des Jeux.

Dans quinze jours, le match retour permettra à la Première Magistrate de Paris de se rendre à son tour au « Pays du Soleil Levant » pour, d’une part, recevoir le drapeau olympique des mains de la Gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, devant plusieurs centaines de millions de téléspectateurs, et d’autre part, de parfaire sa stature internationale en vue de l’échéance présidentielle de 2022, et bien sûr des Jeux de 2024.

Anne Hidalgo, Maire de Paris, et Yuriko Koike, Gouverneure de Tokyo, le 27 février 2017 (Crédits – Ambassade de France au Japon)

Cette bataille de l’image et de la communication – qui était déjà de mise durant la phase de candidature, notamment à Lausanne (Suisse), en juillet 2017, lorsque le CIO avait adopté le principe de double attribution des JO 2024-2028 – va immanquablement se poursuivre dans les mois qui viennent, avec aussi une bataille des idées.

En effet, l’idée d’organiser la Cérémonie d’ouverture des Jeux en dehors du Stade de France n’est pas nouvelle, et fut même évoquée par le passé par la Maire de Paris, avec la perspective d’accueillir le monde olympique de l’avenue des Champs-Elysées jusqu’à l’Arc de Triomphe et la Place de l’Étoile.

Au-delà de la « plus belle avenue du monde », une autre piste a émergé jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Ainsi, dans les colonnes du quotidien sportif « L’Équipe », le Président de la République a avancé et même confirmé, l’organisation de l’ouverture des JO 2024 sur la Seine, trait d’union entre la Seine-Saint-Denis – où se situera le Village des Athlètes – et Paris. Un choix qui peut aussi s’expliquer par l’importance des sites olympiques et paralympiques présents sur le parcours du fleuve, des sites qui constituent finalement un modèle de Parc Olympique au cœur de la capitale.

Séduisant au premier abord, le propos présidentiel peut néanmoins sembler précipité au regard de la complexité du sujet et de la nécessité de mener des études de faisabilité techniques et opérationnelles en coopération avec le CIO et les autres parties au projet, au premier rang desquels, la Ville de Paris.

Visuel du Village des Athlètes de Paris 2024 aménagé en bord de Seine (Crédits – Solideo, Plasticine, Dominique Perrault / Ingérop / Une Fabrique de la Ville / VITEC / Agence TER / UrbanEco / Jean-Paul Lamoureux, PHILIPPON – KALT / INDDIGO / AEU / INUITS Artélia / Lavigne et Chéron / Philippon – Kalt)

Quoiqu’il en soit, force est de constater que la position du COJO a quelque peu évolué au fil des ans concernant la tenue de Cérémonies hors du Stade Olympique.

Deux éléments ont permis au Comité d’envisager cette perspective.

D’une part, la célébration des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires 2018 a clairement ouvert une brèche, avec la tenue des festivités sur l’emblématique Avenida 9 de Julio de la capitale argentine, par ailleurs plus large avenue au monde (140 mètres).

D’autre part, les dernières réformes olympiques ont permis de moduler les exigences d’autrefois et d’adapter les Jeux à l’évolution de la société, dans une volonté aussi de rapprocher l’événement du grand public et de répondre dans une certaine mesure aux desiderata des organisateurs.

Pour Paris 2024, les JOJ de Buenos Aires 2018 ont évidemment été un marqueur d’importance, mais la vision abordée dès la candidature de Los Angeles 2028 a aussi pu compter dans la réflexion menée par le COJO.

Pour rappel, LA 2028 entend assurer la célébration de ses propres Cérémonies, dans et en dehors des Stades, avec un parcours itinérant entre le Memorial Coliseum et le SoFi Stadium, merveille d’architecture et concentré unique de technologie.

Visuel des célébrations imaginées par Paris 2024 pour le live-site le long de la Seine (Crédits – Paris 2024 / Luxigon)

Si une bonne dose d’imagination est nécessaire pour concevoir la tenue de la Cérémonie d’ouverture sur la Seine et sur les berges du fleuve dans trois ans, le concept des live-sites de Paris 2024 permet toutefois de s’imprégner de cette envie de faire vivre l’événement au plus grand nombre.

Durant la phase de candidature, et depuis 2017, plusieurs montages ont ainsi été présentés par les organisateurs pour visualiser ce que pourraient être les quais de Seine à l’été 2024.

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