Milan-Cortina 2026 : Le patinage de vitesse pourrait être déplacé

Alors que Milan-Cortina 2026 prévoyait jusque-là d’organiser les épreuves de patinage de vitesse à Baselga di Pinè, une autre option se dessine aujourd’hui et pourrait in fine s’imposer aux organisateurs pour limiter les coûts, avant et après les Jeux.

Vue de la patinoire de Baselga di Pinè jusqu’à présent intégré au dispositif des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 pour abriter les épreuves de patinage de vitesse (Crédits – Tripadvisor)

Avec la désaffection des Villes Candidates au cours des dernières années, le Comité International Olympique (CIO) a multiplié les initiatives pour regagner la confiance des territoires potentiellement intéressés par l’idée d’accueillir les Jeux, mais également l’opinion publique rafraîchie par certaines dérives et polémiques.

Aussi, après avoir engagé l’Agenda 2020 au début de son premier mandat, le Président Thomas Bach a souhaité aller plus loin par la suite, avec l’adoption de la Nouvelle Norme dont l’un des objectifs majeurs est d’assurer un dialogue constant entre les parties, pendant la phase de candidature et une fois les Jeux attribués.

En Italie, se fondant sur ces deux documents-clés, le projet de Milan-Cortina 2026 s’est progressivement mis en place depuis sa sélection en juin 2019 par l’institution olympique. Pour preuve, la structuration des équipes de direction s’est rapidement enclenchée et se poursuit encore à l’heure actuelle avec la nomination récente du Directeur Commercial. Les différents chantiers à mener d’ici 2026 ont par ailleurs été identifiés, ou sont en passe de l’être, à l’image des travaux prochains sur le site du Village des Athlètes à Milan ou, dans le domaine des infrastructures publiques, les rénovations ou modernisations des transports dans les régions-hôtes des Jeux.

Carte du concept olympique de Milan-Cortina 2026 (Crédits – Milano-Cortina 2026)

En ce début d’année 2021, les organisateurs italiens et le CIO semblent désireux de poursuivre leurs efforts pour optimiser le concept olympique et paralympique de 2026 pensé autour de quatre clusters sportifs entre Milan et Cortina d’Ampezzo, avec la participation de Collectivités associées comme Baselga di Pinè.

Excentrée par rapport à Predazzo et Tesero, cette commune située dans le Trentin-Haut-Adige doit recevoir les épreuves de patinage de vitesse sur un site existant nécessitant néanmoins quelques aménagements pour répondre aux normes internationales en vigueur.

Avec la perspective des Jeux, la Patinoire Pinè pourrait ainsi voir sa capacité porter à 5 000 places – 3 000 à l’issue des compétitions – avec surtout la construction d’un toit au-dessus de l’actuelle piste à ciel ouvert. Pour réaliser cette mise à niveau, les porteurs du projet de Milan-Cortina 2026 avaient projeté un investissement de 36,352 millions de dollars durant la phase de candidature, dont 3,692 millions au titre des aménagements olympiques à la charge du Comité d’Organisation.

Aujourd’hui cependant, une réflexion est engagée pour éventuellement déplacer les épreuves pré-mentionnées sur un site qui ne nécessiterait pas une modernisation aussi imposante et un coût de maintenance et d’entretien élevé.

Selon les dernières estimations en effet, les nouveaux aménagements pourraient faire grimper la facture à au moins 70 millions d’euros, sans compter les pertes chiffrées entre 570 000 et 830 000 euros chaque année pour un équipement de cette ampleur.

Vue nocturne de la Patinoire Piné à Baselga di Piné (Crédits – VisitPineCembra)

Dès lors, l’idée de recentrer les épreuves de patinage de vitesse sur Milan semble faire son chemin à en croire la presse transalpine. Cette dernière s’est fait l’écho cette semaine d’une possible intégration de la Civica Arena au dispositif des Jeux de Milan-Cortina 2026.

L’aréna, construite au début du XIXe siècle sur ordre de Napoléon Ier, alors Empereur des Français et Roi d’Italie, dispose d’une jauge de 30 000 places pour la tenue de compétitions sportives en plein air. Or, sa configuration et sa localisation dans la cité lombarde pourraient lui permettre de recevoir les compétitions de patinage de vitesse et ce, même en l’absence de couverture.

Le CIO et l’Union Internationale de Patinage (ISU) vont en tout cas conduire un test grandeur nature entre le 06 et le 22 février, soit le même créneau de dates que celui retenu pour les futurs JO 2026. Le but de cette manœuvre est de convertir une partie du terrain en patinoire de 60 mètres par 30 afin d’évaluer l’adaptation de la glace à un environnement en plein air.

Comme l’a affirmé Roberta Guaineri, Conseillère municipale en charge du Tourisme, du Sport, et de la Qualité de vie :

Nous avons répondu à une demande du CIO pour mettre à disposition le site pour un test.

Il n’appartient évidemment pas à la Ville de Milan de faire le choix de transférer les sites destinés aux compétitions, mais ce serait une excellente opportunité pour le territoire qui, notamment, ne compromettrait pas l’utilisation de l’arène pour les athlètes : c’est et ce sera toujours leur maison.

Vue de la piste d’athlétisme et du terrain de la Civica Arena de Milan (Crédits – Runner’s World / Fidal)

En cas de test concluant, le site de la Civica Arena pourrait être préféré à celui de Baselga di Pinè, une modification des textes officiels étant néanmoins à prévoir pour permettre la tenue des épreuves de patinage de vitesse dans une enceinte sportive dépourvue de toiture.

Cette option a immédiatement fait réagir le Président de la Province autonome du Trente où se situe la patinoire de Pinè. Pour Fabrizio Fugatti :

Si l’on devait opter pour une installation extérieure, il y a une raison de plus de faire le choix de Baselga di Pinè.

Alors que Milan n’a rien à perdre dans cette période de mise en concurrence des installations sportives régionales, la commune de Baselga di Pinè pourrait en revanche se retrouver dans une situation inconfortable, payant sans doute son relatif éloignement du cœur du cluster de Val di Fiemme.

Dans le cas où le CIO, l’ISU et les organisateurs de Milan-Cortina 2026 venaient à changer les plans initialement fixés, la commune de 5 000 habitants serait exclue ni plus ni moins du dispositif des Jeux. Milan, pour sa part, conforterait sa position de pôle principal des sports de glace au sein de ce même dispositif, le curling étant en revanche maintenu sur le site des Cérémonies des Jeux de 1956 à Cortina d’Ampezzo.

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