JO 2030 : Vancouver pourrait s’inviter dans la course

Ville Hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2010, Vancouver (Canada) pourrait être tentée de rallumer la flamme au travers d’une candidature aux Jeux de 2030. En milieu de semaine, une motion en ce sens doit être défendue par une élue locale lors de la prochaine séance du Conseil Municipal.

Les Conseillers de la Ville de Vancouver avec, au centre, le Maire Kennedy Stewart, en octobre 2018 (Crédits – Vancouver City Council)

En écho aux propos formulés en début d’année en marge du dixième anniversaire de la célébration des Jeux de Vancouver 2010 par John Furlong, Président du Comité d’Organisation (VANOC), la Conseillère Melissa De Genova devait présenter le 1er avril dernier, une motion pour encourager l’étude d’une nouvelle candidature aux Jeux d’hiver et, le cas échéant, le développement d’un projet olympique et paralympique.

Toutefois, l’épidémie de Covid-19 a conduit les autorités à remettre à plus tard les discussions sur le sujet et ce, afin de mieux concentrer les efforts sur la gestion de la crise sanitaire et les répercussions économiques de celle-ci. Aussi, quelques mois après en avoir évoqué la teneur, Melissa De Genova aura enfin l’occasion de présenter sa motion lors de la réunion du Conseil Municipal de Vancouver programmée ce mercredi 04 novembre.

L’élue locale proposera alors à ses pairs un bref exposé des éléments-clés du projet et de l’héritage des Jeux de Vancouver 2010 qui ont eu une certaine incidence sur l’emploi, avec la création de plusieurs milliers de postes dans toute la Province de Colombie-Britannique entre 2003 et 2008 et qui, plus globalement, ont permis de générer entre 70,2 et 91,9 millions de dollars de recettes fiscales supplémentaires, avec par ailleurs un impact à hauteur de 1,05 milliard de dollars sur le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, selon les données compilées par PricewaterhouseCoopers.

Au-delà des retombées économiques et sociales, Melissa De Geneva profitera de son exposé pour rappeler que la tenue des JO 2010 a également participé à l’aménagement de plusieurs équipements structurants comme le Centre des Congrès de Vancouver, éphémère Centre des Médias durant les Jeux, ou Hillcrest Center, site du curling il y a dix ans, aujourd’hui transformé en installation aux usages multiples ouvert au public (patinoire, centre aquatique, salle de danse et espace de fitness, etc.).

Melissa De Geneva proposera enfin à ses collègues que le Maire de Vancouver, Kennedy Stewart, adresse un courrier aux parties susceptibles de rejoindre l’aventure des Jeux.

Melissa De Genova, Conseillère de la Ville de Vancouver (Crédits – Page officielle Facebook)

De fait, si la motion est votée par le Conseil Municipal, ce dernier autorisera le Maire à envoyer une lettre au Comité Olympique Canadien (COC), au Comité Paralympique Canadien (CPC), ainsi qu’aux quatre Premières Nations – les peuples autochtones – ayant été hôtes des Jeux en 2010, soit les Musqueam, les Squamish, les Tsleil-Waututh et les Lil’wat, dans le but de sonder les opinions et de recueillir in fine avis et commentaires quant à la possibilité de présenter une candidature pour l’organisation de Jeux d’hiver dans les dix prochaines années, autrement dit, l’échéance de 2030.

En parallèle de cette prise de contact, le Maire de Vancouver se verrait également confier la mission de solliciter le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, et celui de la Province de Colombie-Britannique, John Horgan, afin que ces derniers prennent position sur une nécessaire implication financière dans le projet de candidature et dans l’aménagement éventuel d’infrastructures à Vancouver et dans sa région.

Si cette étape capitale venait à être franchie dans les prochains mois, Kennedy Stewart pourrait alors s’adresser de nouveau au COC et à d’autres partenaires pour engager d’une part une étude d’opportunité et de faisabilité autour d’un projet pour 2030 et, d’autre part, pour envisager l’instauration d’un référendum pour que la population se prononce elle-aussi sur l’ambition olympique et paralympique de Vancouver.

Octavian Morariu, Président de la Commission de Futur Hôte pour les Jeux d’hiver, à la tribune de la 135ème Session du CIO, le 10 janvier 2020 à Lausanne (Crédits – CIO / Christophe Moratal)

La cité canadienne de plus de 630 000 habitants pourrait à ce moment-là entrer en concurrence avec les autres villes et territoires déjà en discussions avec le Comité International Olympique (CIO) selon les nouvelles modalités de candidature établies par l’institution de Lausanne (Suisse). Vancouver serait ainsi confrontée aux ambitions exprimées par Sapporo (Japon), Salt Lake City (États-Unis) et Pyrénées-Barcelone (Espagne), ces dernières étant toutefois en pleine incertitude à l’heure actuelle.

En effet, alors que le Japon est aujourd’hui focalisé sur la livraison des Jeux de Tokyo 2020 et sur une gestion maîtrisée du surcoût lié au report de cette édition olympique et paralympique, la candidature de Sapporo, longtemps perçue comme favorite pour décrocher la timbale 2030, pourrait sortir fragilisée de cette phase délicate, les autorités nationales pouvant faire le choix d’écarter un quelconque soutien au projet de la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 1972.

Du côté des États-Unis, la proximité calendaire avec l’organisation à venir des Jeux d’été de Los Angeles 2028 pourrait conduire Salt Lake City et l’État de l’Utah à se recentrer sur 2034 afin de ne pas interférer avec la stratégie marketing développée par la « Cité des Anges » conjointement avec le Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC).

Enfin, pour ce qui est du projet régional Pyrénées-Barcelone, la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 à travers toute l’Europe a pour conséquence de retarder la présentation officielle du projet, le Gouvernement espagnol étant fort logiquement engagé dans la lutte contre la propagation du virus. En outre, le manque d’expérience du pays dans l’organisation d’événements majeurs dans le domaine des sports d’hiver, la faible représentation des athlètes dans le palmarès hivernal, et la recherche d’une entente transpartisane pourraient avoir une incidence et repousser dès lors le rêve catalan au-delà de 2030 voire même de 2034.

Compte-tenu de ces divers éléments, Vancouver pourrait donc apparaître comme une piste sérieuse pour le CIO soucieux de s’appuyer désormais sur des territoires où le nombre et la qualité des infrastructures existantes sont reconnus et au sein desquels l’investissement pourrait être réduit au minimum.

Vue du chaudron olympique des Jeux de Vancouver 2010 (Crédits – Ashley Conick / Flickr)

Il n’empêche, même si elle dispose d’indéniables atouts en raison de l’héritage acquis depuis dix ans, la Ville Hôte des JO 2010 devra nécessairement tenir compte des faiblesses de la précédente candidature soumise par le Canada, à savoir celle de Calgary pour les Jeux de 2026.

Bien qu’ayant été elle-même organisatrice de l’événement hivernale par le passé – en 1988 – la principale ville de la Province de l’Alberta n’avait pas réussi à convaincre la population de suivre le projet alors présenté.

En novembre 2018, par 56,4% des suffrages exprimés, les citoyens avaient ainsi exprimé leur opposition à un projet qui aurait conduit, en cas de succès devant le CIO, à la mise en œuvre d’une contribution budgétaire de 720 millions de dollars canadiens à l’initiative de la Ville, avec aussi une participation de la Province et de l’État du Canada pour respectivement, 700 millions et 1,453 milliard de dollars.

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