Paris 2024 : La restauration du Grand Palais réorientée pour tenir les délais

En ce début d’automne 2020, le Ministère de la Culture a pris la décision de réorienter le projet de restauration du Grand Palais, notamment pour tenir les délais imposés par l’organisation à venir des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

(Crédits – Kevin Bernardi / Sport & Société)

Malgré l’avancée des études et des travaux préparatoires engagés depuis 2016 sur le secteur du Grand Palais et du Palais de la Découverte adjacent, le vaste projet de restauration de l’ensemble monumental situé dans le 8ème arrondissement de la capitale va être complètement repensé.

Cette décision résulte d’un double constat fait par les services du Ministère de la Culture piloté par Roselyne Bachelot ainsi que par la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN-GP).

En effet, face au risque d’un dérapage financier et calendaire du projet initial, et compte-tenu d’une dégradation majeure relevée sur les façades et la statuaire du Grand Palais depuis deux ans, les parties au projet se sont entendues pour revoir le projet de restauration et ce, afin de respecter l’échéance des Jeux de 2024 au cours desquels l’emblématique monument parisien accueillera, sous la grande Nef – et sauf changement apporté par la prochaine revue de projet – les épreuves d’escrime et de taekwondo, ainsi que d’escrime-fauteuil et de para-judo.

Aussi, le Ministère de la Culture a récemment sollicité Chris Dercon, Président de la RMN-GP, pour que ce dernier présente, en lien avec les services de l’État et Universcience, opérateur du Palais de la Découverte, un projet remodelé capable de répondre à la fois à l’ambition culturelle souhaitée pour le Grand Palais, aux nouvelles contraintes concernant l’édifice, mais aussi et surtout aux exigences relatives au calendrier précédemment évoqué et à l’enveloppe budgétaire de 466 millions d’euros.

Car si le projet initial n’est plus d’actualité, le financement prévu pour ce dernier demeure bien à l’ordre du jour. Pour rappel, ledit financement doit être conduit par le Ministère de la Culture (128 millions d’euros), une subvention issue du Grand Plan d’Investissement (160 millions d’euros), un apport de la RMN-GP via un emprunt (150 millions d’euros), avec par ailleurs une contribution de l’Établissement Public Universcience (3 millions d’euros) et un mécénat d’entreprise avec Chanel (25 millions d’euros).

Pour mener à bien cette entreprise colossale, François Chatillon, architecte en chef des Monuments Historiques en charge du Grand Palais depuis 2010, assurera la maîtrise d’œuvre de la partie restauration et mise aux normes de l’édifice, tandis que la RMN-GP procédera à des concours spécifiques d’aménagement ouverts aux architectes, aux designers et aux artistes.

Visuel de la Place centrale dans le cadre du projet de restauration du Grand Palais (Crédits – Chatillon Architectes pour la Rmn – Grand Palais, 2020)

Le projet ainsi repensé se focalisera davantage sur la restauration globale du bâtiment et sur l’exploitation des espaces entre le Grand Palais et le Palais de la Découverte que sur l’établissement de nouvelles fonctionnalités comme cela fut développé dans le plan du Cabinet LAN, avec par exemple le creusement d’une partie du sous-sol de la Nef et le réaménagement de fond en comble du Square Jean Perrin.

Pour le Ministère de la Culture et la RMN-GP, le nouveau projet doit dès lors s’appuyer sur des objectifs plus sobres – avec un risque de dérapage moins élevé – visant à restaurer et à mettre aux normes l’édifice, notamment en ce qui concerne le risque incendie et l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, mais aussi à retrouver les circulations historiques Nord-Sud, entre les Champs-Elysées et la Seine, et Est-Ouest, entre la Nef du Grand Palais et le Palais de la Découverte.

Le projet doit en outre assurer la restauration de la monumentale Nef pour accroître la capacité d’accueil du site, mais aussi pour réguler la température qui, actuellement, limite les possibilités d’exploitation de cet imposant et fragile fleuron de l’architecture de la fin du XIXème siècle.

Enfin, le projet doit établir une entrée commune pour les publics désireux d’accéder au Grand Palais et ceux soucieux de se rendre au Palais de la Découverte, dans un esprit de rapprochement entre les domaines distincts mais néanmoins complémentaires des arts et des sciences. Au-delà de l’entrée, le projet vise également à relier et à connecter les deux espaces via une Place centrale.

Visuel du Salon Fernand Léger dans le cadre du projet de restauration du Grand Palais (Crédits – Chatillon Architectes pour la Rmn – Grand Palais, 2020)

Après l’aboutissement de cette restauration d’envergure espérée d’ici le printemps 2024, le Grand Palais pourra recevoir les épreuves olympiques et paralympiques pour lesquelles il a été sélectionné dans le dispositif des Jeux par le Comité d’Organisation (COJO) de Paris 2024.

Par la suite, le public pourra à nouveau accéder aux galeries et espaces d’exposition du Grand Palais et du Palais de la Découverte au printemps suivant, soit au début de l’année 2025. Il en sera de même pour d’autres espaces pensés dans le cadre du projet, à savoir une galerie des enfants, des auditoriums, mais aussi des boutiques et des espaces de restauration.

Visuel de l’Esplanade des Arts au niveau du Grand et du Petit Palais à horizon 2030 (Crédits – PCA-STREAM)

A terme, l’édifice restauré pourrait profiter des apports de l’ambitieux projet de parc central présenté en juin dernier par l’architecte Philippe Chiambaretta et le Comité Champs-Elysées pour repenser les usages de la célèbre avenue parisienne et de ses alentours jusqu’à la Place de la Concorde.

Une Esplanade des Arts piétonnisée est notamment projetée pour relier le Grand Palais et le Petit Palais et rappeler ainsi la dimension historique de ces deux monuments hérités de l’Exposition Universelle de 1900.