Paris 2024 : Approbation de la convention de DSP pour l’exploitation commerciale de l’Aréna

Pour le premier Conseil de Paris organisé depuis la réélection d’Anne Hidalgo et l’installation de ses Adjoints, les élus de la capitale devaient notamment se prononcer sur l’attribution du contrat de délégation de service public (DSP) portant sur l’exploitation commerciale de l’Aréna de la Porte de la Chapelle.

Visuel de l’Aréna de la Porte de la Chapelle (Crédits – SCAU / NP2F)

Faisant suite à l’approbation du recours à une délégation de service public en juillet 2019, et après la désignation en mai 2020 du groupement chargé de la conception et de la construction de la nouvelle Aréna qui doit prendre place dans le 18e arrondissement de la capitale, le Conseil de Paris a approuvé ce vendredi 24 juillet l’attribution du contrat concernant l’exploitation commerciale de ladite Aréna.

De fait, Anne Hidalgo a été autorisée à signer cette convention avec la Société Anonyme d’Exploitation du POPB, sachant par ailleurs que les dépenses et les recettes à venir seront imputées et constatées sur le budget de fonctionnement de la Ville de Paris à compter de 2023 et pour les années suivantes, le contrat actuel étant défini jusqu’en 2030.

Présentée par Pierre Rabadan, nouvel Adjoint de la Maire de Paris en charge du Sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, la délibération a donné lieu à quelques échanges entre les élus de la majorité municipale et ceux de l’opposition, certains ciblant un modèle économique jugé confus ou des incohérences concernant l’ambition environnementale adossée à la convention.

(Crédits – Pierre Rabadan / Page officielle Twitter)

L’élu, ancien rugbyman et Conseiller aux Sports de la Maire de Paris entre 2015 et cette année, a pris soin de rappeler les fondements d’un projet qui a d’abord été pensé indépendamment de l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques, avant de devenir l’une des clés du concept de Paris 2024.

En effet, le dossier avait été évoqué dès janvier 2016 pour doter la Ville Lumière d’une enceinte multifonctionnelle de taille intermédiaire, avec une jauge supérieure à celle du Stade Pierre de Coubertin (4 000 places dans le 16e arrondissement), mais dans le même temps inférieure à celle de l’AccorHotels Arena – ex-POPB – où 15 000 à 20 000 spectateurs peuvent prendre place en fonction des événements accueillis.

Initialement localisée à proximité immédiate de l’AccorHotels Arena (12e arrondissement) pour créer une cohérence urbaine, l’Aréna 2 alors dénommée a finalement été déplacée jusque dans le quartier de la Porte de la Chapelle, à la lisière avec le département de la Seine-Saint-Denis. En insérant ce projet sportif, culturel, urbain et paysager au cœur de la Chapelle, la Ville de Paris a ainsi souhaité impulser une dynamique pour faciliter et accélérer la transformation de ce quartier entre 2020 et 2030.

Aujourd’hui, le site choisi est déjà en cours d’aménagement, avec un enclenchement des travaux spécifique à la future enceinte de 8 000 places à compter du mois de juin 2021 – une fois les différents permis accordés – et une livraison attendue de l’ouvrage pour juillet 2023, moyennant un investissement prévisionnel de 98 millions d’euros (hors-taxes), avec 50% de la somme en provenance de la Ville de Paris et 50% issus de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) avec, pour cette seconde enveloppe, un apport de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France et de l’État.

Cette échéance 2023 laisse dès lors une légère marge de manœuvre aux porteurs du projet, un an avant la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques au cours desquels l’Aréna doit accueillir successivement les épreuves de badminton, puis les compétitions de para-badminton et de para-taekwondo, en attendant peut-être des ajustements issus de la revue de projet qui doit être réalisée d’ici la fin de l’année 2020. La crise consécutive au Covid-19 pourrait néanmoins produire des retards qui rendent les délais prévisionnels encore plus tendus.

Ainsi, compte-tenu des délais serrés, l’attribution du contrat de délégation de service public pour l’exploitation commerciale de l’Aréna devait donc intervenir rapidement pour permettre au délégataire de pouvoir travailler de concert avec le groupement chargé des travaux de construction de l’édifice, à savoir Bouygues Bâtiment Île-de-France avec le concours des agences d’architecture SCAU et NP2F.

Visuel de l’Aréna de la Porte de la Chapelle avec les différents modules de la structure (Crédits – SCAU / NP2F)

Les parties devront notamment veiller au respect des normes environnementales pour l’aménagement d’un tel site, avec une conformité aux 15 engagements mentionnés dans la Charte d’éco-responsabilité instaurée par le Ministère des Sports à destination des grands événements et des enceintes sportives. Sur ce point, l’élu écologiste Alice Timsit a pointé des incohérences en ce qui concerne l’ambition environnementale du projet et ce, au regard des annexes adossées à la convention de délégation de service public. Selon elle, les objectifs à horizon 2020 de la Charte d’éco-responsabilité précitée sont rendus obsolètes pour l’Aréna de la Porte de la Chapelle en raison de l’échéance d’aménagement et d’exploitation de la salle sur une période de 10 ans, soit jusqu’en 2030.

Des ajustements devraient toutefois être apportés pour revoir à la hausse les objectifs et permettre à l’Aréna de répondre au mieux à l’exigence de durabilité et de respect de l’environnement, en plus des normes déjà établies pour la construction de l’ouvrage, en ce qui concerne le choix des matériaux et l’impact carbone du chantier.

Du côté du groupe d’opposition « Changer Paris » conduit par Rachida Dati (Maire du 7e arrondissement, Les Républicains) et qui s’est abstenu sur la délibération présentée ce vendredi, Rudolph Granier a pour sa part fait état d’un modèle économique susceptible de faire peser in fine des frais supplémentaires sur les finances de la Ville de Paris.

Pour l’élu du 18e arrondissement, la compensation annuelle de service public qui sera attribuée par les pouvoirs publics au délégataire est à ce stade supérieur à la redevance que ledit délégataire versera à la Ville. Dans le détail selon Rudolph Granier, la compensation représente une enveloppe de 715 000 euros à l’année, à mettre en parallèle du versement de 650 000 euros de la part du délégataire désigné, sachant que sur cette redevance, 400 000 euros seront fixes, le reste étant indexés sur le niveau du chiffre d’affaires réalisés par l’exploitation commerciale de l’Aréna.

Des critiques ont par ailleurs été portées sur la volonté de procéder à un naming de la future enceinte sportive et culturelle, même si des garanties ont été fournies par la majorité municipale pour que le choix de l’entreprise soit examiné et ratifié par les élus du Conseil de Paris et ce, sur le modèle de ce qui fut acté en 2015 pour l’AccorHotels Arena. In fine, les membres du Conseil se sont prononcés en faveur d’une toute autre stratégie.

Par un vœu présenté par le groupe « Communistes et Citoyens » et approuvé à l’unanimité par les membres du Conseil, la Ville de Paris a en effet choisi de donner le nom d’une athlète féminine à la future arène, comme un symbole d’inclusion et de représentation des femmes. Nageuse, rameuse et hockeyeuse, mais surtout figure engagée pour la reconnaissance du sport féminin dès le début du XXe siècle, Alice Milliat (1884-1957) donnera donc son nom à l’équipement parisien.

Comme l’a à ce égard précisé Nicolas Bonnet-Oulaldj, Président du groupe précité au Conseil de Paris, par ailleurs Conseiller délégué aux Sports dans le 12e arrondissement :

Aucun équipement olympique ne porte le nom d’une femme aujourd’hui : Stade de France, Pierre de Coubertin, Jean Bouin.

Les JO que nous avons souhaités, c’est d’abord une vision inclusive, solidaire, qui veut faire avancer la place du sport féminin dans la société.

Visuel de l’Aréna de la Porte de la Chapelle et de son parvis arboré (Crédits – SCAU / NP2F)

Au-delà des quelques griefs portés à la connaissance du Conseil, les élus parisiens ont davantage exprimé leur satisfaction concernant le choix d’une délégation de service public pour assurer l’exploitation commerciale. Un choix qui revêt plusieurs avantages pour la Ville de Paris selon Jean-François Martins, prédécesseur de Pierre Rabadan au poste d’Adjoint, et désormais simple Conseiller de Paris.

Pour celui qui a été à la manœuvre sur l’élaboration du dossier de l’Aréna et qui a suivi l’intégration de cette dernière tant dans le projet de requalification urbaine de la Porte de la Chapelle, que dans le concept des JO 2024, une délégation de service public apporte une certaine assurance quant à la diversité des événements appelés à être organisés in situ.

Comme il l’a ainsi exposé face à ses collègues élus :

Le choix que fait la Ville de Paris pour cette Aréna olympique, c’est le choix d’une gestion publique, et nous devons en être fiers à plusieurs égards. Dans cet équipement, certes olympique, il y aura deux gymnases de proximité dans les quartiers populaires pour que les habitants de la Porte de la Chapelle puissent continuer à pratiquer futsal, basket, badminton, danse et tous les sports qui leur feront bien plaisir.

Mais plus encore, dans le marché français et international des arénas, la maîtrise publique que nous faisons ici le choix de retenir, permet de garantir la diversité culturelle et le maintien d’une pratique sportive.

Nous donnons comme exigence au délégataire de maintenir 35 dates, plus 16 dates de sports par an, c’est-à-dire un total de 51 dates. Cela peut paraître évident, mais ça ne l’est pas. Le marché privé aujourd’hui des arénas – prenez l’exemple de l’O2 Arena de Londres – remplit ses salles de musique, de spectacles et de divertissement au détriment du sport qui n’a pas les moyens de payer le tarifs de ces arénas lorsqu’elles sont laissées au marché libre.

Concrètement, le fait de faire appel à une délégation de service public pour l’exploitation commerciale de l’Aréna reviendrait à éviter les écueils éventuels pour la Collectivité –  risque commercial en particulier – en confiant la gestion à une société dont la compétence est reconnue sur le plan de la programmation, de la billetterie et de l’hospitalité, tout en assurant la présence de manifestations culturelles diversifiées et de rendez-vous sportifs de moindre importance qui n’auraient pu avoir lieu dans une enceinte gérée par un organisme exclusivement privé.

Visuel de l’intérieur de l’Aréna de la Porte de la Chapelle (Crédits – SCAU / NP2F)

Car au-delà de l’échéance des Jeux de 2024, la Ville de Paris entend bien sanctuariser l’Aréna de la Porte de la Chapelle comme un nouveau lieu de vie, vecteur de convivialité et de renouveau, avec des outils à disposition du grand public complémentaires à l’usage destiné au haut-niveau via la présence du Paris Basketball en qualité de club résident.

Comme énoncé précédemment, deux gymnases de proximité seront inclus dans l’édifice, avec un financement de la Ville de Paris à hauteur de 20 millions d’euros (hors-taxes). A ces deux équipements, un programme d’activités, de loisirs et de commerces sera également pensé sur place avec pour cette partie spécifique, une contribution municipale de 7,2 millions d’euros.

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