Le CIO annonce un partenariat avec Airbnb, n’en déplaise à la Maire de Paris

Attendu depuis plusieurs jours, le nouveau partenariat du Comité International Olympique (CIO) a été officialisé ce lundi 18 novembre à Londres (Royaume-Uni).

La plateforme de location de logements « Airbnb » rejoint ainsi le Programme TOP du Mouvement Olympique jusqu’en 2028, ce qui assurera à l’entreprise une présence sur cinq éditions des Jeux au cours des neuf prochaines années : Tokyo 2020, Pékin 2022, Paris 2024, Milan-Cortina 2026 et Los Angeles 2028.

(Crédits – CIO)

Avec cette arrivée, quelques années après celle du géant chinois du commerce en ligne, « Alibaba » et le départ de l’enseigne historique « McDonald’s », le CIO poursuit la transformation de son vaste programme de partenariat qui lui offre de confortables revenus, dont une partie est par la suite utilisée au service de l’organisation des Jeux et de la promotion des valeurs olympiques à travers le monde.

Comme l’a exposé Thomas Bach, Président du CIO, à l’issue de l’officialisation du contrat :

Ce partenariat novateur renforce notre stratégie qui est de s’assurer que l’organisation efficace des Jeux Olympiques est durable et laisse un héritage à la communauté hôte.

Avec le soutien d’Airbnb, nous offrirons également de nouvelles possibilités aux athlètes du monde entier de générer leurs propres revenus en faisant la promotion de l’activité physique et des valeurs olympiques. Ce partenariat profitera directement aux athlètes, en plus des 5 milliards de dollars que le CIO distribue durant cette Olympiade via les Comités d’Organisation et les organismes sportifs du monde entier.

Concrètement, le CIO entend profiter de ce partenariat pour renforcer tout à la fois la place des athlètes et l’accueil des spectateurs lors des compétitions olympiques et ce, dans un double esprit de fraternité et de durabilité.

En effet, durant les prochaines éditions des Jeux, la plateforme « Airbnb » s’appuiera sur son expérience pour proposer plusieurs centaines de milliers de logements à la location des futurs spectateurs, voire même d’athlètes, qui investiront telle ou telle Ville Hôte.

La dimension économique est bien sûr ici recherchée – avec l’apport de revenus complémentaires pour les particuliers d’une part, et la location de logements à des prix raisonnables d’autre part – tout comme la dimension de durabilité, le CIO cherchant à limiter les coûts d’aménagement de structures dédiées à l’hébergement durant les Jeux Olympiques et Paralympiques.

Au-delà des particuliers, le partenariat conclu entre le CIO et « Airbnb » vise aussi à mettre à la disposition des athlètes des logements certifiés par la plateforme et ce, au cours de déplacements liés à la participation à des compétitions ou à des entraînements. Comme le précise l’institution de Lausanne (Suisse), la valeur globale des logements ainsi mis à disposition avoisinera les 28 millions de dollars, soit 25,28 millions d’euros.

Pour les athlètes toujours, le CIO et « Airbnb » entendent favoriser le soutien et la formation des sportifs qui, le cas échéant, souhaiteraient devenir hôtes sur la plateforme de location de logements. Durant les mois à venir, les deux structures préciseront les modalités d’un tel soutien, via la plateforme Athlete365 du CIO.

Joe Gebbia, co-fondateur de la plateforme « Airbnb » et Thomas Bach, Président du Comité International Olympique (Crédits – CIO / Greg Martin)

Par le passé, et depuis sa fondation en 2008, « Airbnb » a déjà eu une riche expérience olympique.

La plateforme fut en effet l’un des Partenaires des Comités d’Organisation des Jeux de Rio 2016 et de PyeongChang 2018.

Aujourd’hui, la signature du partenariat avec le CIO fait entrer « Airbnb » dans une autre dimension, l’entreprise devenant Partenaire Olympique Mondial dans la catégorie exclusive « Produits d’hébergement uniques et Services d’expérience uniques ».

L’annonce de ce partenariat n’a toutefois pas fait que des heureux.

Dans une lettre directement adressée à Thomas Bach, la Maire de Paris a ainsi interpellé le CIO sur les conséquences possibles d’un tel contrat pour l’économie locale et pour la stabilité du marché immobilier dans la capitale française.

Anne Hidalgo, Maire de Paris et Présidente de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) et Tony Estanguet, Président du Comité d’Organisation des Jeux de 2024, le 13 septembre 2017 à Lima, Pérou (Crédits – Sport & Société)

En s’immisçant de cette manière dans les affaires olympiques, Anne Hidalgo néglige au moins deux éléments d’importance.

D’une part, le juteux contrat signé entre le CIO et « Airbnb » n’est pas lié directement aux Jeux de Paris 2024, mais à un total de cinq éditions olympiques et paralympiques comme mentionné précédemment. Autrement dit, l’avis de la Maire de Paris importe peu dans le cas présent, le Programme TOP étant par définition la chasse gardée du Mouvement Olympique qui assure ainsi le maintien à long terme de sa capacité financière grâce à des partenariats à plusieurs centaines de millions de dollars chacun.

D’autre part, ce qui s’apparente ni plus ni moins à des gesticulations politiques à l’approche des élections municipales de mars 2020 pourrait à un moment ou à un autre impacter les ambitions du Comité d’Organisation des Jeux (COJO) de Paris 2024 dans la quête de nouveaux sponsors.

De fait, au moment où Paris 2024 ne comptabilise en cette fin 2019 qu’un seul et unique Partenaire Premium – avec le « Groupe BPCE » -, les interventions de la Maire de Paris et le fiasco de l’épisode « Total », sont de nature à freiner l’arrivée d’éventuels partenaires.

Dommageable à plus d’un titre, surtout lorsque l’on sait que le COJO souhaite parvenir à au-moins 1,2 milliard d’euros de revenus issus de la conclusion de partenariats dans le cadre de son Programme des Sponsors. Or, si le niveau de revenus n’est pas satisfaisant et ne permet pas de palier aux dépenses liées à la tenue des Jeux, il faudra immanquablement s’attendre à ce que les pouvoirs publics – et donc la Ville de Paris – mettent la main au portefeuille…

Laisser un commentaire