Il y a 20 ans, Mitt Romney prenait la tête des Jeux de Salt Lake City 2002

Le 11 février 1999, le Gouverneur de l’Utah (États-Unis), Mike Leavitt et des représentants de l’État et du Mouvement sportif américain décidèrent de confier les rênes du Comité d’Organisation des Jeux d’hiver de Salt Lake City 2002 (SLOC).

Alors dans l’impasse, faisant face à une situation financière des plus délicates et confronté aux vives critiques suite à la révélation d’un scandale de corruption à grande échelle, ledit Comité se devait de changer de tête pensante.

Après la démission – forcée de Frank Joklik et Dave Johnson, respectivement Président et Premier vice-Président du Comité, le 08 janvier 1999, la priorité avait été portée sur la recherche d’un nouvel homme fort. Comme le précise à ce sujet le Rapport officiel des Jeux de 2002 :

Le SLOC organisa le remaniement de sa direction de façon à restaurer l’image et la réputation des Jeux de 2002. La recherche d’un remplaçant pour M. Joklik aboutit au recrutement de M. Mitt Romney en février 1999.

Avant de se joindre au SLOC, Mitt Romney avait assumé la présidence et la direction générale de Bain Capital, une société d’investissement comptant plus de 2 000 employés et 25 bureaux dans le monde entier.

Robert Garff, le Président du Conseil d’administration déclara que le recrutement de Mitt Romney ‘aiderait le SLOC à avancer, à passer à l’étape suivante’.

A compter du 11 février 1999, le Comité se retrouva ainsi dirigé par un homme d’affaires qui, quelques années plus tard, deviendra Gouverneur du Massachusetts (2003-2007), prétendant à l’investiture du Parti Républicain à l’élection présidentielle (2008), puis candidat du Grand Old Party au scrutin suprême (2012).

Mitt Romney, lors d’une conférence de presse en février 2001 (Crédits – Douglas C. Pizac / AP)

A la présidence du Comité d’Organisation des Jeux de 2002, Mitt Romney parviendra à redresser la barre – grâce notamment à une baisse du budget de fonctionnement de 13% et à des discussions avec le Gouvernement Fédéral pour une contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars – et à permettre la livraison de l’événement dans les temps.

Il faut dire que le nouveau leader du SLOC avait fixé, à l’instar d’un chef d’entreprise, les grandes lignes de la stratégie à conduire, en établissant une sorte de règlement intérieur, véritable feuille de route pour créer un état d’esprit entièrement tourné vers le travail d’équipe et ce, afin d’accroître la performance des employés du SLOC.

Comme le rappelle l’a encore le Rapport officiel des Jeux de 2002 :

La priorité accordée par Mitt Romney à l’intégrité gagna la culture d’entreprise du SLOC.

Il institua cinq principes directeurs que les employés devaient suivre et qui transformeraient les relations de travail au sein du Comité pour créer un lieu de travail où prévaudrait la confiance, le respect et l’attitude positive.

Ces principes étaient les suivants :

 

1 – Travail en équipe :

  • faire participer toutes les personnes concernées à chaque projet / question
  • concevoir les choses de façon horizontale, non verticale, au sein de la structure du SLOC
  • tenir compte du point de vue d’autrui et trouver des solutions où chacun trouve son compte
  • mettre l’accent sur la réussite des équipes et lui rendre hommage
  • aider autrui

2 – Passion et fierté

  • essayer de réaliser, dans son travail, des performances dignes d’une médaille d’or
  • aimer ce que l’on fait
  • savourer la moindre réussite ou performance
  • laisser sa marque sur l’histoire pendant son passage au SLOC

3 – Communication

  • être honnête, direct et respectueux dans toute communication
  • accepter les réactions en évitant d’être sur la défensive
  • rechercher une résolution rapide des problèmes avec autrui, procéder de façon professionnelle
  • écouter davantage, parler un peu moins

4 – Intégrité

  • être loyal envers les absents
  • faire ce qu’on promet de faire
  • ne pas avoir d’intentions cachées
  • respecter et apprécier la diversité chez autrui

5 – Plaisir et célébration

  • prendre son travail au sérieux, pas soi-même
  • encourager les participants à rire, lors de toutes les réunions
  • ne pas s’attarder à des vétilles
  • rechercher les possibilités de faire participer autrui
  • rendre hommage à ceux qui font la preuve de la valeur des principes directeurs du SLOC.
(Crédits – RomneyForUtah)

Vingt ans après avoir exercé ce mandat à la tête des Jeux de Salt Lake City, Mitt Romney demeure une personnalité de premier plan, aujourd’hui Sénateur de l’Utah au sein du Congrès américain.

Outre ses activités politiques, il reste aussi une personnalité reconnue comme le sauveur des Jeux de 2002 dans les arcanes du pouvoir sportif Outre-Atlantique. Les sollicitations passées illustrent d’ailleurs cette reconnaissance.

Au printemps 2013 par exemple, le Comité exploratoire du projet transfrontalier San Diego / Tijuana pour les Jeux de 2024 demanda formellement l’appui de Mitt Romney. Le Maire de San Diego en personne, Bob Filner, ira même jusqu’à lui proposer le poste de Président d’honneur de la candidature, comme une caution morale pour promouvoir le projet.

Même si Mitt Romney refusa poliment la proposition, force est de constater qu’il garda – et qu’il garde encore – un œil très attentif sur les candidatures et l’univers olympique, avec son soutien exprimé en faveur de Boston 2024 et ses critiques adressées à l’égard des Jeux de Sotchi 2014.

Concernant spécifiquement Salt Lake City, Mitt Romney a bien sûr conservé une attache particulière à la ville de l’Utah, exprimant son soutien à l’idée d’une nouvelle expérience olympique dès 2013.

Cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Salt Lake City 2002 (Crédits – CIO)

Officiellement sélectionnée par le Comité Olympique des États-Unis (USOC) en décembre 2018 comme candidate aux Jeux d’hiver, Salt Lake City pourrait compter sur l’investissement de Mitt Romney.

Aujourd’hui, même si aucune intervention n’est pour l’heure envisagée, il ne peut être totalement exclu que le Comité de Candidature puisse – le cas échéant – demander l’appui de l’ex-leader de Salt Lake City 2002 qui, du fait de sa personnalité et de son expertise, pourrait être à même de défendre les couleurs d’un projet dans la course aux Jeux de 2030.

Sollicitée par « Sport & Société », l’équipe de Mitt Romney n’a pas encore fait connaître les positions et motivations éventuelles du Sénateur de l’Utah sur le sujet.

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