JO 2030 : Denver et Salt Lake City à l’heure de l’inspection

Tandis que la course à l’organisation des Jeux d’hiver de 2026 a connu un nouveau rebondissement cette semaine, avec les résultats de la consultation populaire à Calgary (Canada), les villes intéressées par l’échéance de 2030 poursuivent leurs efforts respectifs.

Ainsi, les deux prétendantes américaines ont reçu la visite d’une délégation du Comité Olympique des États-Unis (USOC), Comité qui doit statuer sur l’opportunité de présenter une candidature d’ici la fin de l’année 2018.

De fait, Denver (Colorado) et Salt Lake City (Utah) ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir comme il se doit la délégation composée – notamment – du Président de l’USOC, Larry Probst, de la nouvelle Directrice Générale de l’institution, Sarah Hirshland, mais encore du Chef des Relations extérieures, Patrick Sandusky.

(Crédits – USOC)

Les personnalités présentes ont débuté leur périple par Denver, mardi 12 novembre.

Ce jour-là, la délégation de l’USOC a pu rencontrer le Gouverneur de l’État, John Hickenlooper, et le Maire de Denver, Michaek Hancock, tous deux membres du Comité exploratoire pour une candidature de Denver 2030, en leur qualité de Présidents d’honneur.

Les partisans du projet ont à cette occasion pu exposer leur vision de Jeux repensés dans leur modèle et leur fonctionnement, avec bien sûr un financement intégralement issu de fonds privé.

A ce sujet, le Rapport du Comité exploratoire publié en juin dernier a fait mention de la faisabilité d’organiser des Jeux pour un coût d’organisation d’au moins 1,861 milliard de dollars (1,64 milliard d’euros).

Pour parvenir à un équilibre du budget, Denver 2030 pourrait compter sur la contribution du Comité International Olympique (CIO) – dont le montant pour l’échéance en question reste à définir – ainsi que sur diverses sources de revenus.

Le programme de sponsoring pourrait de fait rapporter 566 millions de dollars (498,98 millions d’euros) selon les premières estimations réalisées dans le cadre du Rapport d’opportunité et de faisabilité. Ledit Rapport indique également que la billetterie des Jeux pourrait constituer une manne financière majeure, avec des revenus de l’ordre de 504 millions de dollars (444,32 millions d’euros). Les opérations commerciales susceptibles d’être instaurées en amont des Jeux auraient quant à elles une portée d’au moins 232 millions de dollars de revenus (204,53 millions d’euros).

En dépit d’estimations budgétaires d’ores et déjà établies, et qu’il conviendra d’affiner si Denver venait à être sélectionnée par l’USOC pour porter les couleurs américaines, le choix des sites pour les compétitions reste encore à l’étude.

Sur le site Internet rassemblant les activités et la communication du Comité exploratoire, il est ainsi précisé :

Le Comité exploratoire prospecte toujours les lieux où se déroulerait chaque événement. […] Le facteur important que le Comité prend en compte pour déterminer les sites potentiels est le principe de durabilité.

Contrairement aux récentes Villes Hôtes des Jeux Olympiques et Paralympiques, Denver n’est pas intéressé par la construction de nouveaux sites spécifiquement pour les Jeux. Le Comité exploratoire souhaite plutôt trouver des moyens de maximiser l’utilisation des infrastructures déjà en place à Denver et de compléter par des sites temporaires pouvant être reconvertis, vendus ou utilisés ailleurs après les Jeux.

Il n’empêche, même si Denver parvient à mettre en avant un plan d’organisation basé sur une gestion responsable des sites, le souvenir des Jeux de 1976 pourrait bien venir perturber les espoirs d’une candidature dans le Colorado.

En effet, le 12 mai 1970, Denver fut désignée Ville Hôte des Jeux d’hiver par le CIO, avec un avantage de 39 voix contre 30 pour Sion (Suisse). Néanmoins, en raison de considérations tout autant financières (surcoûts inévitables) que logistiques (sites inadaptés), et face à l’opposition de certains élus locaux, une consultation fut organisée deux ans plus tard. Le 07 novembre 1972, les citoyens s’exprimèrent alors sur la perspective d’accueillir les Jeux à Denver et dans ses environs. Les résultats défavorables à l’organisation pourtant attribuée de l’événement, conduisirent par la suite le CIO à revoir ses plans et à désigner, le 03 février 1973, l’expérimentée Innsbruck (Autriche) – Ville Hôte en 1964 – comme organisatrice des JO 1976.

Même si cette séquence appartient au passé, il est fort à parier que certains regards se porteront avec la plus grande vigilance sur une éventuelle candidature de Denver.

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Dès lors, le choix de Salt Lake City pourrait s’avérer comme l’option idéale pour l’USOC et, le cas échéant, pour le CIO, soucieux de désigner une candidate solide qui ne saurait lui faire défaut.

La ville de l’Utah possède plusieurs atouts et d’une réelle volonté d’effacer le souvenir des Jeux entachés de critiques de 2002. En plus d’installations sportives existantes et régulièrement utilisées en hiver comme en été, Salt Lake City dispose d’un solide appui populaire à en croire les enquêtes sondagières, sans oublier aussi l’élément démographique qui pourrait aussi jouer en faveur d’une candidature de l’Utah.

Cette dernière, portée par un Comité exploratoire installé en octobre 2017 et soutenue par l’ancien Président de SLC 2002, Mitt Romney, s’inscrit dans une ambition responsable, avec l’utilisation des sites hérités de 2002 et des aménagements mineurs.

Le budget d’organisation estimé est d’ailleurs en adéquation avec cette ambition, puisqu’il se chiffre à 1,29 milliard de dollars (1,13 milliard d’euros).

Mercredi 13 novembre, la délégation de l’USOC a en tout cas pu mesurer le degré d’expertise de Salt Lake City et l’engagement des autorités locales pour ramener les Jeux d’hiver dans le giron américain.

La visite de l’Anneau de vitesse a d’ailleurs été une parfaite illustration de cet engagement.

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