JO 2026 : Le CONI installe un Comité d’évaluation pour départager les projets

Échaudé par l’avortement de deux candidatures successives, pour les Jeux d’été de 2020, puis pour les Jeux d’été de 2024, le Comité Olympique Italien (CONI) semblait désireux de maintenir une distance et de ne pas replonger dans le bain olympique avant plusieurs années.

In fine, le CONI a fait le choix d’adresser une lettre d’intention concernant une éventuelle candidature à l’organisation des Jeux d’hiver de 2026. Réceptionnée en mars dernier par le Comité International Olympique (CIO), la lettre faisait alors mention de trois villes transalpines intéressées : Cortina d’Ampezzo, hôte des Jeux d’hiver 1956 ; Turin, hôte de l’événement en 2006 ; et Milan, ville initialement choisie par le CIO pour héberger la Session devant désigner la Ville Organisatrice des Jeux de 2026.

(Crédits – CONI)

Mais malgré ce triple intérêt et après avoir manqué deux rendez-vous en raison des retraits politiques des candidatures de Rome 2020 et de Rome 2024, le CONI aurait pu être confronté à un nouveau revers, compte-tenu de l’incertitude politique ayant suivi la tenue des élections législatives italiennes. Cependant, et de manière surprenante, l’accord trouvé entre les deux formations politiques du Mouvement 5 Étoiles (M5S ; populiste) et de la Ligue du Nord (extrême-droite) a maintenu ouverte la perspective d’une candidature aux Jeux.

Jusqu’alors, le M5S avait pourtant affiché sa farouche opposition au Mouvement Olympique et à l’entreprise des Jeux. Il avait ainsi, sous l’impulsion de son fondateur, Beppe Grillo, et avec le soutien de la Maire de la « Ville Éternelle », Virginia Raggi, vivement pilonné les plans de la candidature de Rome 2024 durant de longs mois. Cette dernière avait par la suite été retirée de la course aux Jeux, suite à l’absence de garanties formulée par Virginia Raggi.

Au printemps, un revirement était néanmoins survenu à l’initiative même de Beppe Grillo. Le leader politique avait alors estimé qu’une candidature de Turin pour les Jeux d’hiver pouvait, à certaines conditions, représenter une opportunité majeure pour le territoire.

Ce changement de position, a d’ailleurs conduit à la récente décision du Conseil des Ministres. A l’occasion de la réunion qui s’est tenue la semaine dernière, ledit Conseil a précisé dans un communiqué, la nature et les exigences du soutien gouvernemental :

« Le Conseil des Ministres, ayant reconnu la volonté des municipalités de Cortina, Milan et Turin de présenter une offre pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2026, a exprimé sa volonté de garantir le soutien gouvernemental à la candidature italienne, dont le projet est une compétence du CONI.

Ce soutien est exprimé sous réserve de l’étude de toutes les possibilités pour parvenir à une solution opportune, en accordant la priorité à la maîtrise des coûts, et en tenant compte de la durabilité du projet sur le plan social et environnemental, de l’héritage des Jeux pour la ville, le pays et les générations futures ».

Siège du Comité Olympique Italien (CONI) au cœur du Foro Italico, Parc Olympique des Jeux de Rome 1960 (Crédits – CONI)

A l’aune de ce soutien indispensable, le CONI avait la possibilité, cette semaine, de débattre et de choisir la meilleure option pour porter les couleurs de Ville Candidate.

Ce mardi, l’instance olympique italienne s’est ainsi rassemblée dans son emblématique bâtiment du Foro Italico. Si la réunion a certes permis de débattre de la situation, elle n’a en revanche pas abouti à un choix parmi les trois villes intéressées par l’échéance 2026.

Pour se donner une marge de manœuvre adéquate, et sans doute aussi pour poursuivre le dialogue avec les pouvoirs publics à l’échelle locale et nationale, le CONI a décidé d’établir un Comité d’évaluation.

Ce dernier aura la charge de procéder à une étude de faisabilité des trois pré-projets, avant de rendre ses conclusions au mois de septembre 2018. A ce moment-là, le CONI fixera son choix qui pourrait, au-delà des atouts et des contraintes locales, être dicté par des pressions politiques diverses.

L’évaluation devra considérer divers critères mentionnés dans une résolution adoptée à l’unanimité des membres du Conseil National du CONI.

L’évaluation portera ainsi sur une vision d’ensemble du projet et sur le principe de l’attractivité de la candidature italienne, en particulier au regard de la concurrence internationale pour 2026. L’évaluation devra par ailleurs tenir compte, conformément aux exigences gouvernementales, d’une maîtrise des coûts et d’un rapport coûts / bénéfices opportun. La compacité du projet, la durabilité de ce dernier, l’héritage matériel et immatériel des Jeux et la recherche éventuelle de synergies entre les pré-projets seront aussi au cœur de l’évaluation, sans oublier bien sûr, le soutien institutionnel des Conseils Municipaux et des Régions.

Pour mener à bien les travaux du Comité d’évaluation, le CONI s’appuiera sur des personnalités reconnues :

  • Carlo MORNATI, Président du Comité d’évaluation, Secrétaire Général du CONI,
  • Franco CHIMENTI, Ancien Président de la Lazio de Rome (1986-1987), Vice-Président du CONI,
  • Alessandra SENSINI, Vice-Présidente du CONI,
  • Flavio RODA, Président de la Fédération Italienne de Ski (FISI),
  • Andrea GIOS, Président de la Fédération Italienne des Sports de Glace (FISG),
  • Valentina MARCHEI, Représentante de la Commission des Athlètes du CONI,
  • Jacopo LUCHINI, Athlète paralympique,
  • Franco CARRARO, Membre du CIO,
  • Mario PESCANTE, Membre du CIO,
  • Ivo Ferriani, Membre du CIO, Président de la Fédération Internationale de Bosbleigh et de Skeleton (IBSF),
  • Manuela DI CENTA, Membre honoraire du CIO, Championne Olympique de ski de fond,
  • Ottavio CINQUANTA, Membre honoraire du CIO, ancien Président de la Fédération Internationale des Sports de Glace (ISU).
Parvis enneigé du Dôme de Milan (Crédits – Comune di Milano / Page officielle Facebook)

A ce stade, Milan semble tenir la corde et ce, bien que la ville ne dispose pas de l’expérience olympique de ses deux rivales.

Un retour à Cortina d’Ampezzo ou à Turin aurait une signification symbolique forte pour deux villes qui auront, en 2026, accueilli les Jeux, 70 ans et 20 ans plus tôt. Mais en Italie, comme au sein du Mouvement Olympique, les symboles ne sont pas toujours synonymes de succès pour les Villes Candidates.

Athènes (Grèce) en fut un exemple flagrant dans sa quête d’héberger les Jeux du Centenaire en 1996, édition finalement attribuée par le CIO à la ville d’Atlanta (Géorgie, États-Unis).

7 pensées

  1. Il est fort possible aussi que le comité decide de ne pas trancher et de faire en sorte de fusionner une partie des dossiers de Cortina et de Turin avec celui de Milan. Par exemple, et sous toute réserve, la piste de glisse est prévue à Saint-Moritz dans le dossier milanais. Pourquoi ne pas plutôt utiliser celle construite pour les Jeux de Turin? Quelques épreuves de ski alpin pourrait aussi se dérouler dans les environs de Cortina et Turin pourrait accueillir une partie du tournoi olympique de hockey…Bref, l’Italie a les cartes en main pour proposer un excellent dossier. Maintenant, comme souvent dans ce pays, les rivalités entre villes et personnalités pourrait tout aussi bien mener à un nouvel échec.

    En tout cas, si la candidature italienne se concretise véritablement (et va jusqu’au bout cette fois, elle aura de grandes chances de victoire si le choix final devait se résumer à l’Italie ou la Turquie…

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