Paris 2024 : Vers un Centre Aquatique semi-démontable à Saint-Denis

L’aménagement d’un Centre Aquatique de dimension olympique fait, depuis de longues années maintenant, sujet à discussion et ce, en particulier lorsque la France se porte candidate à l’organisation des Jeux d’été.

Ainsi, après les échecs successifs de Paris 1992, Lille 2004, Paris 2008 et surtout Paris 2012, les projets d’édification d’un Centre Aquatique ont tous rapidement été recalés malgré les performances croissantes des équipes de France de natation constatées au cours de la dernière décennie dans les grands rendez-vous internationaux.

Visuel du Centre Aquatique (Crédits – Paris 2024 / Populous / Luxigon)

Aussi, dès lors que Paris a montré son intérêt pour la course aux Jeux de 2024, il n’a guère été surprenant de constater un certain regain d’engouement pour un équipement pérenne dans le département de la Seine-Saint-Denis. Dès lors, à l’initiative en particulier de la Ville d’Aubervilliers – site prévu pour la construction d’un Centre Aquatique Olympique pour les JO 2012 – les élus locaux se sont mobilisés pour obtenir les garanties nécessaires à l’aménagement d’un complexe capable d’accueillir les Jeux et, après la clôture de ces derniers, le grand public, avec en ligne de mire, les scolaires.

Pour parvenir à l’équation d’un site modulable, le Comité de Candidature, puis le Comité d’Organisation de Paris 2024, ont inspecté des bâtiments édifiés à l’étranger dans l’optique de compétitions d’envergure. Le Centre Aquatique des Jeux de Londres 2012 a bien sûr été un point d’étape incontournable, de même que celui de Budapest (Hongrie) qui avait reçu une délégation tricolore en janvier dernier.

Aujourd’hui, après des semaines d’intenses tractations et les inquiétudes légitimes posées par la publication d’un Rapport de l’Inspection Générale des Finances, il semble que le projet de Centre Aquatique à Saint-Denis soit en passe d’être confirmé avec toutefois des aménagements.

Concrètement, à en croire un récent communiqué de l’Établissement Public de Plaine Commune, les élus locaux auraient obtenu des arbitrages favorables de la part de l’État et ce, dans le but d’apporter un héritage urbain, éducatif et sportif au territoire. Ledit communiqué fait ainsi mention que :

« Sur le site de la Plaine Saulnier, en face du Stade de France, les élus de Plaine Commune ont obtenu de l’État la garantie ferme que deux bassins pérennes (un de 50 mètres avec 10 lignes d’eau et un de 25 mètres avec 8 lignes d’eau) soient laissés en héritage à la population ».

Visuel du Centre Aquatique de Paris 2024 près du Stade de France (Crédits – Paris 2024 / Populous / Luxigon)

Avec cette garantie, issue d’une phase de consultation et de concertation encore en cours à l’heure actuelle, l’État prend l’engagement de maintenir sur site une partie du dispositif envisagé pour les Jeux dans le cadre du dossier de candidature.

Dans ce dernier, Paris 2024 avait ainsi précisé que le Centre Aquatique de Saint-Denis, limitrophe des transports en commun, disposerait de deux bassins olympiques de 50 mètres de long. In fine, un seul équipement de dimension olympique devrait voir le jour. Ce choix devrait permettre de limiter les coûts, sachant sur ce point, que le bouclage budgétaire a souvent constitué un véritable casse-tête et, en conséquence direct, un frein, au développement d’un Centre Aquatique Olympique en Île-de-France.

Durant la phase de candidature, l’investissement consacré à l’édification du Centre avait d’ailleurs été chiffré à quelques 123,12 millions de dollars dans la partie de financement hors-Comité d’Organisation (COJO). En plus de cet investissement, un budget de fonctionnement annuel de l’ordre de 2,65 millions d’euros avait été avancé par les porteurs de la candidature, avec deux hypothèses de recettes. La première reposait sur les entrées grand public et les diverses activités proposées (1,85 million d’euros), et la seconde, reposait sur l’apport des institutionnels (Fédération Française de Natation, Ville de Paris, Ville de Saint-Denis, Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, Conseil Régional d’Île-de-France, etc…) pour un montant de 800 000 euros.

Avec un réexamen du concept initial et une modularité de l’équipement plus importante que prévu, Paris 2024 espère à présent contenir les coûts d’avant et d’après-JO. Pour cela, les aménagements post-olympiques ne se limiteront pas aux seules installations aquatiques, mais également aux tribunes destinées à l’accueil des spectateurs au moment des Jeux. Selon toute vraisemblance, la capacité du futur Centre Aquatique sera considérablement réduite après l’événement olympique et paralympique. Dans son dossier de candidature, Paris 2024 avait d’ailleurs avancé un chiffre : 2 500 places pérennes à l’issue des Jeux.

Outre le Centre Aquatique de Saint-Denis, un autre équipement de natation pourrait connaître quelques aménagements par rapport au concept initialement présenté par Paris 2024.

Plutôt que de devenir un site de compétition, la piscine de Marville – qui fera l’objet d’une rénovation complète pour intégrer le dispositif des Jeux – devrait finalement être dédiée à l’entraînement. Le tournoi de water-polo, qui devait y prendre place, serait dès lors relocalisé à Saint-Denis, sur un site temporaire jouxtant le Centre Aquatique.

Vue des bassins et des tribunes du Centre Aquatique de Londres (Crédits – Zaha Hadid Architects)

Le modèle de structure semi-démontable pour un Centre Aquatique n’est pas une nouveauté dans l’univers olympique. Pour les Jeux de 2012, Londres avait par exemple fait le choix d’un équipement reconfigurable, conçu de manière monumentale par l’architecte de renom, Zaha Hadid.

Cette dernière avait alors imaginé un Centre Aquatique à l’architecture audacieuse et réfléchie. Avec des ailes rappelant le mouvement d’un nageur, le Centre Aquatique de Londres avait été en mesure d’accueillir jusqu’à 17 500 spectateurs lors des compétitions en 2012. Deux ans plus tard, le démantèlement des ailes avait changé la perception du site et, par la même occasion, réduit la capacité à 2 500 sièges pérennes avec la possibilité d’adjoindre 1 000 sièges en cas d’événements d’envergure.

Vue extérieure du monumental Centre Aquatique de Londres (Crédits – Zaha Hadid Architects)

Concernant les sites de pratique de la natation et du plongeon, le Centre londonien a conservé deux piscines de 50 mètres et une fosse à plongeon de 25 mètres.

Pour les piscines de dimension olympique, l’une est consacrée à l’entraînement, avec la possibilité de scinder l’équipement en deux bassins distincts de 25 mètres avec un plancher modulable. La seconde est quant à elle davantage dédiée à la compétition, avec 10 couloirs de nage et une profondeur de 3 mètres. A ces deux installations, le Centre Aquatique a donc également conservé la fosse à plongeon de 25 mètres de longueur pour 5 mètres de profondeur.

Aujourd’hui, plus de 2 millions de visiteurs ont eu l’occasion d’arpenter le Centre Aquatique du Queen Elizabeth Olympic Park, tandis que, chaque semaine, 3 500 inscrits – scolaires et grand public – pratiquent la natation et 600 autres le plongeon.

(Crédits – London Aquatics Centre)

Pour Paris, et plus largement pour la France, l’idée d’une structure semi-démontable n’est pas propre au projet olympique et paralympique de 2024, puisqu’elle se retrouvait, déjà, dans de précédentes tentatives d’organisation des Jeux.

A chaque candidature successive, un projet différent fut présenté, avec ses spécificités pour les Jeux et ses caractéristiques pour la phase de reconversion nécessaire à tout équipement de cet ampleur.

Visuel du projet de Stade Nautique dans le quartier de Tolbiac, face à l’aréna de Bercy (Crédits – Dossier de candidature de Paris 1992)

Pour les Jeux de 1992, Paris avait fait le choix du quartier de Tolbiac pour édifier un vaisseau de 10 000 places, doté d’une toiture transparente.

Un bassin olympique aurait alors été aménagé, de même qu’une fosse de 25 mètres destinée au plongeon et à la natation synchronisée. Un bassin d’entraînement de 50 mètres aurait par ailleurs été installé sous les tribunes du Stade Nautique.

Outre ce site principal, le dispositif de Paris 1992 reposait également sur la piscine existante Georges Vallerey, aménagée pour les Jeux de 1924 et héritage majeur de cette Olympiade. Avec une capacité de 4 000 places, ce site aurait pu abriter le tournoi préliminaire de water-polo.

Visuel du parvis du Centre Aquatique de Villeneuve d’Ascq envisagé pour les Jeux d’été de 2004 (Crédits – Dossier de candidature de Lille 2004)

Quelques années plus tard, pour les Jeux de 2004, la ville de Lille proposa à son tour l’utilisation de deux équipements, avec la construction spécifique de la Piscine du Parc Olympique à Villeneuve d’Ascq, et la réhabilitation de la Piscine Marx Dormoy à Lille.

Pour les épreuves de natation et de natation synchronisée, la première aurait été édifiée pour un coût global de 95,6 millions de dollars, dont 1,9 million à la charge du Comité d’Organisation des Jeux. Cet équipement, à l’architecture singulière largement transparente et ouverte sur l’extérieur, aurait été doté de 12 000 places au moment des Jeux et avait été pensé pour être utile à la population après l’événement.

Ainsi, comme le mentionnait le dossier de candidature, « la piscine olympique, destinée aux compétitions régionales, nationales et internationales, accueillera, durant l’année scolaire, les étudiants des universités et lycéens de Villeneuve d’Ascq et tous les habitants de la métropole lilloise.

Celle-ci, dotée de multiples accompagnements ludiques, sera particulièrement appréciée par sa qualité environnementale, son accessibilité, sa transparence et ses diverses possibilités scéniques extérieures. La gestion de cette piscine fera l’objet d’une attention particulière ».

La Piscine Marx Dormoy aurait quant à elle bénéficié d’une rénovation de l’ordre de 25,6 millions de dollars (dont 1,9 million pour le COJO) afin d’accueillir les épreuves de plongeon et le tournoi de water-polo, avec une capacité de 5 270 places.

Visuel du projet de Piscine Olympique principale dans le 19ème arrondissement de Paris (Crédits – Dossier de candidature de Paris 2008)

Exit Lille 2004. Pour les Jeux de 2008, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) fit à nouveau le choix de la capitale pour porter les couleurs – et les espoirs – de l’ambition olympique tricolore.

Un ambitieux concept fut dès lors développé afin d’assurer la réhabilitation urbaine et un héritage majeur pour le monde de la natation.

De fait, les porteurs de la candidature avaient envisagé la construction d’une Piscine Olympique principale sur le Boulevard des Sports (19ème arrondissement), avec une capacité de 15 000 places. La structure, dont le coût avait été chiffré à 48,2 millions de dollars, dont 3,4 millions à la charge du Comité d’Organisation, aurait alors été en mesure d’abriter les épreuves de natation, de natation synchronisée et de plongeon.

Pour accueillir le tournoi de water-polo, un second équipement aurait été mobilisé pour les Jeux. Une Piscine Olympique (5 900 places) aurait ainsi été construite à Créteil (Val-de-Marne), pour un investissement de 20,4 millions de dollars, dont 4,4 millions pris en charge par l’instance organisatrice.

L’idée aurait ensuite été de reconfigurer les deux bâtiments afin d’en faire de véritables écrins pour la natation française. En effet, comme le précisait à l’époque le dossier de candidature, le site principal aurait été remodelé pour ne faire subsister qu’une piscine de compétition entourée de 5 000 sièges pour l’accueil du public et d’événements d’envergure. Outre un Centre de formation et d’entraînement de haut niveau, le complexe sportif aurait par ailleurs hébergé le siège de la Fédération Française de Natation (FFN).

Quant à la nouvelle structure aquatique de Créteil, le Comité de Candidature de Paris 2008 avait là-aussi eu un projet optimal de reconversion post-JO. La capacité d’accueil aurait bien sûr été réduite (2 000 places) et l’utilisation du site aurait été ouvert au grand public, avec également, la présence du siège de la Ligue Régionale de Natation d’Île-de-France.

Visuel du site du Centre Aquatique du projet de Paris 2012 (Crédits – Dossier de candidature de Paris 2012)

Enfin, pour les Jeux de 2012, Paris avait projeté de bâtir un complexe de 20 000 places non loin du Stade de France.

Le bâtiment, construit pour un coût de 83 millions de dollars, dont 31,4 millions à la seule charge du Comité d’Organisation, aurait ensuite été réaménagé pour conserver une capacité plus modeste de 5 000 places.

Ce choix aurait permis l’organisation ultérieure de compétitions de portée nationale et internationale, ainsi que l’accueil annuel du public, et notamment des scolaires de Seine-Saint-Denis et d’Île-de-France.

16 pensées

  1. Le projet de dissocier geographiquement les entraînements (à Marville) de la compétition (à Saulnier) est totalement impossible.
    Le règlement FINA oblige à construire un bassin d’entraînement de dimension olympique à moins de 500m du bassin principal pour l’échauffement et là détente.

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