JO 2024 : Quand le retrait de candidatures entraîne amertume, colère et regrets

Le 13 septembre prochain, les membres électeurs du Comité International Olympique (CIO) seront appelés – dans le cadre de la 131ème Session – à ratifier l’accord tripartite qui permettra à Paris d’organiser les Jeux d’été de 2024 et à Los Angeles d’accueillir l’édition estivale de 2028.

Deux ans après l’ouverture de la phase de candidature, le CIO disposera de deux partenaires de choix pour les onze années à venir.

Néanmoins, il ne faudrait pas pour autant négliger l’impact qu’ont eu les retraits successifs de candidatures sur le dénouement final de la procédure olympique.

Ainsi, nul besoin de considérer que l’une ou l’autre des deux dernières Villes Candidates en lice à gagner la bataille par KO sur son adversaire et ce, alors même que le CIO a souhaité – dès le printemps 2017 – le principe d’une double désignation afin de palier aux abandons et retraits de Boston (États-Unis), Hambourg (Allemagne), Rome (Italie) et Budapest (Hongrie).

(Crédits – CIO)

En considérant de fait que Paris a pu s’imposer sur Los Angeles, certains font preuve d’un irrespect évident à l’égard aussi bien de l’institution de Lausanne (Suisse), que de la cité californienne.

Paris devrait obtenir l’attribution des Jeux de 2024, tandis que Los Angeles devrait décrocher ceux de 2028. Le choix du conditionnel est ici important car d’ultimes réglages doivent encore être actés entre les trois parties prenantes d’ici la mi-septembre.

A ce moment-là seulement, il sera temps de proclamer la victoire de la stratégie « gagnant-gagnant-gagnant » du Président du CIO, Thomas Bach. Car compte-tenu des aléas de la procédure 2024, la seule véritable victoire est celle d’une institution qui a su s’adapter pour pérenniser son modèle et même envisager le renouveau de ce dernier au cours de la décennie à venir.

De gauche à droite, Casey Wasserman, Président du Comité de Candidature de Los Angeles 2024 ; Eric Garcetti, Maire de Los Angeles ; Thomas Bach, Président du Comité International Olympique ; Anne Hidalgo, Maire de Paris ; et Tony Estanguet, coprésident du Comité de Candidature de Paris 2024 (Crédits – Sport & Société)

En attendant l’officialisation des succès de Paris et de Los Angeles, d’anciennes Villes Candidates ont pu exprimer des regrets depuis 2015, voire même bien avant si l’on prend en considération les Villes Candidates aux Jeux d’hiver de 2022.

Le Président du Comité Olympique d’Allemagne (DOSB), Alfons Hörmann, avait par exemple exprimé de l’amertume et des regrets après le retrait de la candidature de Munich 2022, un retrait consécutif au « Non » du référendum.

« Il est regrettable de constater que Pékin (Chine) et Almaty (Kazakhstan) sont les deux seules villes en course. Il est maintenant clair que Munich aurait eu la victoire servie sur un plateau d’argent » s’était d’ailleurs avancé le dirigeant allemand.

Le cas de Munich n’est pas l’unique exemple pour l’Allemagne.

La candidature avortée de Hambourg a ainsi pu apparaître comme une « occasion manquée »selon les propres termes de Thomas Bach – au regard de l’ambition projet urbain développé et de l’investissement de plus de 12 millions d’euros pour la phase promotionnelle.

Matteo Renzi au Village des Athlètes de Rio 2016 pour rencontrer les sportifs italiens, vendredi 05 août (Crédits – Matteo Renzi / Facebook)

Aujourd’hui, le destin d’une autre candidature a refait surface avec les derniers propos de Matteo Renzi, ex-Président du Conseil Italien.

Sur sa page Facebook, le dirigeant politique a fustigé l’attitude des responsables municipaux de Rome – sans jamais les citer nommément – tout en reconnaissant l’opportunité offerte par le CIO aux deux Villes Candidates que sont Paris et Los Angeles.

« C’est officiel.

Près de 2 milliards de dollars iront à Paris et sa périphérie pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Et pour 2028, autant d’argent ira à Los Angeles.

Dire qu’il y a exactement un an, au dîner du Comité Olympique à Rio, tout le monde donnait Rome favorite. Ceux qui ont dit non à ce rêve devront répondre de ce choix devant une génération entière d’Italiens, pas seulement les sportifs » a notamment affirmé l’ancien Maire de Florence.

Le propos de Matteo Renzi n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui exprimé par le Comité de Candidature de Rome 2024 après l’annonce du retrait de l’engagement de la ville par la Maire, Virginia Raggi.

La réaction de Matteo Renzi démontre en tout cas la sensibilité sur laquelle repose l’idée olympique en Italie. Déjà, pour les Jeux de 2020, la « Ville Éternelle » avait été contrainte de se retirer laissant alors le champ libre à Tokyo (Japon), Istanbul (Turquie) et Madrid (Espagne).

Aujourd’hui, la perspective d’une prochaine campagne olympique italienne n’est pas à l’ordre du jour. Si sa position a pu s’atténuer quelque peu, le Président du Comité Olympique Italien (CONI) s’était à cet égard montré particulièrement ferme.

« Pour les 30 ou 50 ans qui viennent, nous dirons au revoir aux Jeux.

[…] La candidature est devenue un jeu complexe qui ne concerne plus seulement le sport, mais qui est désormais orienté pour moitié par la politique » avait fait savoir Giovanni Malago en septembre 2016.

Cet éloignement vis-à-vis du Mouvement Olympique semble aussi être de mise du côté de l’Espagne et ce, même si les autorités sportives du pays tentent régulièrement d’inciter les collectivités à se porter candidates.

Ainsi, après ses échecs pour les Jeux de 2012, 2016 et 2020, Madrid – avec l’arrivée au pouvoir d’une majorité hostile aux JO – avait acté la mise à l’arrêt de toute ambition olympique à moyenne échéance.

Visuel du projet de Parc Olympique de Madrid 2020 (Crédits – Madrid 2020)

Pour illustrer ce choix, l’administration madrilène avait repensé le plan de développement urbain autour des installations de ce qui devait être le Parc Olympique. Une manière de fermer la porte aux Jeux et de montrer la possibilité d’un développement territorial alternatif.

De l’autre côté de la Méditerranée, ce souci de développement demeure encore en suspens.

Car si Matteo Renzi et Virginia Raggi se sont opposés avec force sur l’opportunité d’une candidature olympique de Rome, le cas de la Citta dello Sport n’a toujours pas été réglé et ce, malgré les années de retard et les centaines de millions d’euros injectés dans ce projet inachevé.

3 pensées

  1. Rome favorite lors des JO à RIO? lol, il a le sens de l’humour de Matteo Renzi. Virginia Raggi venait déjà d’être élue et la candidature de Rome était déjà en état de mort clinique.
    Dans tout le processus de candidature Rome n’a été favorite que le temps que les Etats unis et la France se déclarent candidats.

    1. Tout à fait d’accord. Même si Rome était allée au bout de sa candidature, je suis persuadé qu’elle aurait fini loin derrière Paris et peut-être Los Angeles.

      L’Italie a renoncé deux fois d’affilée, dans des conditions assez rocambolesques à chaque fois. Le pays peut faire une croix sur les JO pour très très longtemps. Tout comme l’Allemagne. Les retraits consécutifs de Munich pour 2022 et d’Hambourg pour 2024 ont certainement dû avoir un effet dévastateur auprès du CIO.

      Le cas de l’Espagne est un peu différent. Je peux comprendre le renoncement de Madrid après trois tentatives ratées consécutives. N’oublions pas non plus les échecs de Séville pour 2004 et 2008 et ceux de Jaca pour 2010 et 2014. Ce qui fait un total de 7 échecs en l’espace de 16 ans (soit entre 1997 pour la désignation des JO 2004 et 2013 pour ceux de 2020)!

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