JO 2028 : La stratégie gagnante de Los Angeles pour accueillir les Jeux de 2028

Le Maire de Los Angeles, Eric Garcetti, précisera cette nuit – 17h00 heure californienne ; 02h00 du matin heure française – l’engagement de sa ville à accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2028.

Initialement candidate aux Jeux de 2024, Los Angeles a – dans le cadre du principe de double attribution et dans une stratégie parfaitement maîtrisée – choisi de se positionner sur l’échéance de 2028.

Comme l’avait fait savoir le Maire de la « Cité des Anges » la semaine dernière, l’attrait financier a été l’un des arguments majeurs qui a conduit la candidature américaine à faire le choix de la seconde option.

(Crédits – Eric Garcetti / Page Facebook)

Ce soir, dans un communiqué envoyé aux médias internationaux, le Comité de Candidature annonce de fait « son intention d’accueillir les Jeux de 2028 et son accord avec le Contrat Ville Hôte [proposé par le Comité International Olympique] pour 2028 ».

Concrètement, le CIO versera une contribution plus avantageuse à la Ville Hôte des Jeux de 2028, soit a minima 1,8 milliard de dollars (1,52 milliard d’euros), et jusqu’à 2 milliards de dollars (1,70 milliard d’euros).

Des programmes sportifs à destination du jeune public de la région de Los Angeles sont envisagés pour un montant de 160 millions de dollars (135,12 millions d’euros) inclus dans la contribution du CIO. Mais les opportunités offertes par la période de planification des Jeux plus longue qu’à l’accoutumée (onze ans au lieu de sept), expliquent le fait que la contribution globale pourrait atteindre le chiffre-clé de 2 milliards de dollars.

Concernant le marketing, le choix de 2028 se révèle être plus avantageux et potentiellement plus lucratif pour les parties prenantes.

Alors que la Ville Hôte des Jeux de 2024 aura la possibilité de mettre en œuvre son programme marketing et ses activités commerciales du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2024, soit pour une durée de six ans, la Ville Organisatrice des Jeux de 2028 pourra quant à elle établir les différents programmes dès le 1er janvier 2021 et ce, jusqu’au 31 décembre 2028, soit pour une durée de huit ans.

Mais surtout, l’Accord sur le plan de marketing devra être signé par le CIO et le Comité d’Organisation avant le 31 décembre 2018, que ce soit pour les Jeux de 2024 ou pour ceux de 2028.

Outre les modalités relatives aux droits commerciaux, l’institution olympique fait preuve d’une revalorisation conséquente par rapport aux données du Contrat 2024. Il en va ainsi pour les revenus liés aux droits de diffusion des Jeux, mais également pour les investissements relatifs à l’assistance générale du CIO à l’égard des organisateurs de l’événement.

De fait, les revenus issus de la radiodiffusion des Jeux pourraient s’établir à 898 millions de dollars (758,4 millions d’euros) pour 2028, contre 855 millions de dollars (722,1 millions d’euros) pour 2024.

En ce qui concerne l’assistance générale, le CIO estime à 125 millions de dollars (105,6 millions d’euros) son apport pour la Ville Hôte des Jeux de 2028, contre 116 millions de dollars (97,9 millions d’euros) pour la lauréate des Jeux de 2024.

Visuel du Stade Olympique d’Inglewood (au premier plan) et du LA Memorial Coliseum (Crédits – LA 2024)

Pour Eric Garcetti, « c’est une journée historique pour Los Angeles, pour les États-Unis et pour les Mouvements Olympique et Paralympique.

Aujourd’hui, nous nous engageons dans une étape majeure pour ramener les Jeux dans notre ville pour la première fois depuis une génération, et afin de commencer un nouveau chapitre dans l’histoire olympique intemporelle de Los Angeles.

Cet accord avec le CIO nous permettra de constituer un héritage d’espoir et d’opportunité qui va créer une ferveur à Los Angeles, non pas dans onze ans mais dès maintenant, et qui se poursuivra dans les années précédant les Jeux. Los Angeles 2028 tracera notre route pour faire de Los Angeles la ville la plus saine d’Amérique, en rendant les sports plus accessibles que jamais ».

Désormais, le Comité Olympique des États-Unis (USOC) et le Comité de Candidature de Los Angeles – via leurs Conseils d’administration respectifs – examineront les détails de l’accord en vue de finaliser ce dernier dans le courant du mois d’août.

En cas d’approbation, le CIO actera le principe d’une entente tripartite avec Los Angeles et Paris, et convoquera la 131ème Session à Lima (Pérou) pour permettre la ratification de ladite entente par les membres électeurs de l’institution.

Cette ratification – plus que probable à présent et sauf événement imprévu – interviendra le 13 septembre.

Dans la foulée de la communication de la candidature de Los Angeles, le CIO a publié la réaction de Thomas Bach, acteur majeur et décisif du principe de la double attribution des Jeux de 2024 et des Jeux de 2028.

« Nous sommes véritablement convaincus de pouvoir aboutir en août, sous l’égide du CIO, à un accord tripartite avec Los Angeles et Paris, pour parvenir à une situation triplement gagnante pour les trois partenaires. Cet accord sera présenté à la Session du CIO en septembre prochain à Lima pour ratification » a ainsi précisé le Président de l’institution.

Avec l’officialisation d’un positionnement sur l’édition olympique de 2028, la candidature de Los Angeles rappelle en tout cas son engagement – voire même son exigence – d’être un partenaire fiable et de qualité pour le Mouvement Olympique.

Ce crédo, martelé au cours des derniers mois, se veut d’ailleurs un écho à l’accueil des Jeux de 1984 pour lesquels la « Cité des Anges » n’avait rencontré aucune concurrence et ce, dans un contexte géopolitique particulier marqué notamment par la Guerre Froide avec l’ex-URSS.

En adoptant cette stratégie du dialogue et de l’ouverture sur un partenariat à long terme, Los Angeles et les autorités olympiques américaines ont indéniablement fait preuve d’un efficace pragmatisme.

La contribution du CIO permettra en effet de répondre à certaines attentes, tandis que les programmes d’amélioration pour les transports ou encore l’hébergement auront une opportunité de développement et de déploiement sur le territoire dans un espace-temps plus conséquent.

La préparation des Jeux n’en sera donc que plus adéquate et les enseignements tirés à la fois de l’accord tripartite et de l’accueil par Paris des Jeux de 2024 serviront d’éléments constructifs pour adapter encore davantage la tenue des Jeux de 2028.

Comme l’a fait savoir Larry Probst, membre du CIO et surtout Président de l’USOC, « Los Angeles 2028 aidera à relier le Mouvement Olympique aux jeunes du monde entier et fournira au CIO une stabilité et un partenariat à long terme qui démontreront la viabilité de l’accueil des Jeux aux futures Villes Candidates ».

Tony Estanguet, coprésident de Paris 2024, et Anne Hidalgo, Maire de Paris, sur le stand de la Ville de Paris lors de la Convention SportAccord 2017 (Crédits – Sport & Société)

Du côté de l’Hôtel de Ville de Paris, la satisfaction est bien sûr au rendez-vous ce soir.

Lancée en juin 2015, la candidature de Paris 2024 a connu une campagne de plus de deux années marquée par les retraits successifs de Hambourg (Allemagne), Rome (Italie), Budapest (Hongrie), mais également Boston (Massachusetts / États-Unis).

De premières discussions entre les Maires des deux dernières prétendantes aux Jeux avaient eu lieu au mois d’avril dernier à Aarhus (Danemark) en marge de la Convention SportAccord 2017.

Depuis, les deux Maires – ainsi que les leaders des deux candidatures – étaient restés sur un positionnement opposé : la fermeté d’une offre considérée comme étant uniquement valable pour 2024 d’un côté (Paris), et une ouverture intelligente à l’égard de la Famille Olympique pour concevoir un nouveau modèle des Jeux d’un autre côté (Los Angeles).

Le propos diffusé ce soir par les services de communication de la Ville de Paris illustre en ce sens la dualité dans l’approche des deux candidatures.

« Je suis heureuse que mon ami Eric Garcetti, Maire de Los Angeles, fasse aujourd’hui un nouveau pas important.

Les discussions entre nos deux villes et le CIO vont se poursuivre tout au long du mois d’août.

Nous voulons proposer aux membres du CIO l’accord le plus ambitieux possible pour l’avenir de l’Olympisme. Nous allons tout faire pour que Lima soit un moment historique » a ainsi fait savoir la Maire de Paris, Anne Hidalgo.

De gauche à droite, Casey Wasserman, Président du Comité de Candidature de Los Angeles 2024 ; Eric Garcetti, Maire de Los Angeles ; Thomas Bach, Président du Comité International Olympique ; Anne Hidalgo, Maire de Paris ; et Tony Estanguet, coprésident du Comité de Candidature de Paris 2024 (Crédits – Sport & Société)

Aujourd’hui, les parties prenantes à l’organisation des deux Olympiades de 2024 et de 2028 semblent se satisfaire de l’imminence d’un accord tripartite.

Il n’en demeure pas moins que la procédure chaotique rencontrée par le CIO dans le cadre de l’appel à candidature pour 2024 a considérablement rebattu les cartes. A ce niveau-là, Los Angeles a peut-être su faire preuve d’une plus grande lucidité.

Si un accord est officiellement ratifié, le 13 septembre prochain dans la capitale péruvienne, les interprétations pourraient être diverses.

Certains diront par exemple que Paris a remporté la bataille pour laquelle elle avait déposé sa lettre d’intention puis les trois volets de son dossier de candidature, éliminant de facto sa rivale américaine.

D’autres diront à l’inverse que Los Angeles ressort de cette bataille comme la grande gagnante, notamment au regard des apports financiers consentis par le CIO à l’égard de la cité de la Côte Ouest des États-Unis.

D’autres enfin pourraient estimer que le CIO est in fine – du fait de sa position centrale incontournable – le véritable vainqueur d’une course olympique mouvementée et atypique.

De ce dernier point de vue, il est à parier effectivement que le CIO réussira un tour de force maîtrisé, faisant d’une course dévastée par les abandons, un possible générateur de nouvelles opportunités avec deux Villes Hôtes expérimentées et ayant chacune – dans le projet qui est le sien – les spécificités nécessaires à la réussite du modèle olympique.

22 pensées

  1. Les États-Unis livreront la marchandise en 2028, c’est presque une certitude. Toutefois, les Américains ne sont pas à l’abri d’une forte récession économique et n’oublions pas que la Californie se situe dans une zone sismique majeure qui peut craquer à tout moment. On ne leur souhaite évidemment pas de connaître de telles péripéties, mais en 11 ans bien des choses peuvent arriver.

    Une autre donnée est à prendre en compte: Garcetti ne sera plus maire de LA depuis longtemps en 2028. On lui prête des ambitions présidentielles pour 2020. Si cela se confirme, rien ne dit que le prochain maire trouvera le deal aussi avantageux et voudra poursuivre l’aventure.

    De plus, obtenir 1,8 G$ en 2017 est une chose, mais que représentera cette somme en 2028? Pas certain qu’au final la ville aura signé un meilleur deal que Paris.

    Je crois qu’il est également très important de relire les declarations récentes de Garcetti, notamment lorsqu’il a dit que LA risquait de tout perdre. Mon sentiment est que les signaux étaient clairs de la part du CIO: Paris allait être designée pour 2024 et LA n’avait plus d’autre choix que de prendre ceux de 2028.

    Je pense qu’au final, Paris s’en sort bien mieux que LA.

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