JO 2024 : Los Angeles face à l’image des sites abandonnés des Jeux d’Atlanta

A l’été 1996, la ville d’Atlanta (Géorgie) inscrivait son nom dans l’histoire des Jeux Olympiques en accueillant l’édition du Centenaire et ce, après avoir obtenu l’organisation de l’événement sept ans auparavant face, notamment, à Athènes (Grèce).

La ville américaine avait réussi son pari en partie grâce au soutien de la marque la plus emblématique du territoire, Coca Cola.

Partenaire mondial du Comité International Olympique (CIO) depuis 1928, la marque de boisson pétillante – dont le siège social se situe à Atlanta – fut en effet un acteur majeur dans la décision de présenter une candidature.

« Au début, Coca est resté neutre. Mais il a été un des principaux contributeurs au fonds de 5 millions de dollars que la Chambre a constitué pour appuyer la candidature d’Atlanta en 1988-1990 » avait ainsi affirmé Gerry Bartels, Président de la Chambre de Commerce d’Atlanta, dans le cadre d’une enquête de « Libération » publiée le 20 juillet 1996.

Mais près de 21 ans plus tard, force est de constater que la puissance de Coca Cola n’a pas empêché la détérioration d’une partie des installations olympiques édifiées pour les Jeux de 1996, des Jeux qui sont souvent surnommés « Les Jeux Coca Cola » tant la mainmise du secteur privé a été remarquée lors de l’événement.

Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’Atlanta 1996 (Crédits – CIO)

Le Stade Olympique existe toujours, mais sous le nom de Turner Field.

D’une capacité de 85 000 places au moment des Jeux, l’enceinte a ensuite été reconfigurée à 50 000 places pour héberger l’équipe de baseball des Braves d’Atlanta.

Aujourd’hui cependant, le départ de la franchise pour le SunTrust Park de Cumberland dans la périphérie d’Atlanta, amorce un nouveau changement pour le site. Ainsi, l’installation des Panthers de Georgia State (football américain) dès le 31 août prochain va entraîner une réduction de la capacité à 23 000 sièges.

Le maintien – malgré des aménagements successifs – du Centennial Olympic Stadium est un fait notable dans le secteur d’Atlanta, puisque d’autres sites ayant abrité des compétitions lors des JO 1996 n’existent plus ou sont appelés à disparaître dans les prochains mois.

Visuel du Georgia State Stadium et de ses 23 000 places (Crédits – Georgia State Stadium)

De fait, l’Atlanta-Fulton County Stadium (52 000 à 60 000 places) – qui avait hébergé les matchs de la franchise des Braves de 1966 à 1996 puis la compétition de baseball lors des JO – a été détruit dès 1997 afin de laisser place à un vaste parking près du Stade Olympique.

La même année, l’Omni Coliseum fut également démantelé. Lors des Jeux de 1996, cet équipement de plus de 15 000 places avait accueilli le tournoi de volley-ball.

Prochainement, le Georgia Dome devrait lui aussi être détruit après avoir fait la fierté de la franchise de football américain des Falcons d’Atlanta. Comme mentionné en octobre 2015, cette dernière rejoindra bientôt le Mercedes-Benz Stadium actuellement en construction à proximité du site qui avait organisé les épreuves de gymnastique, basketball et handball des Jeux de 1996.

Signe de l’importance de l’installation dans le paysage économique local, le Georgia Dome a reçu – depuis son ouverture au public en 1992 et jusqu’à cette année, 1 400 événements et la venue de 39 millions de spectateurs.

Les retombées économiques pour le territoire sont quant à elles chiffrées à 7,4 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) en 25 ans d’activité.

Vue du Georgia Dome et du Mercedes-Benz Stadium en construction en avril 2017 (Crédits – Mercedes-Benz Stadium)

Un autre équipement majeur de l’Olympiade 1996 est aujourd’hui dans un état avancé de délabrement.

Hôte du tournoi olympique de hockey-sur-gazon, situé à quelques centaines de mètres du Georgia Dome, le Herndon Stadium est abandonné depuis 1997 en raison de difficultés financières pour assurer la pérennité de cette enceinte outdoor de 15 000 places*.

Sauf à imaginer une reprise prochaine, l’équipement est appelé à disparaître au regard de la détérioration du site.

Si le destin des équipements mentionnés ici est connu depuis des années, celui du Stone Mountain Tennis Center a été acté il y a moins de dix jours.

Vue du court principal du Stone Mountain Tennis Center (Crédits – The Gwinnett Daily Post)

Le Bureau des Commissaires du Comté de Gwinnett a en effet voté une enveloppe de 1,08 million de dollars (963 000 euros) pour permettre la destruction de l’enceinte ayant abrité le tournoi de tennis des JO 1996.

Disposant initialement d’un court principal de 12 000 places et de courts annexes, l’équipement – qui a par ailleurs organisé la finale de la Coupe Davis en 1998 – avait été reconfiguré après les Jeux afin d’établir des courts de 7 200, 4 000 et 2 000 sièges.

Inutilisée depuis 2007, l’installation était depuis fermée au public.

Les négociations engagées l’année dernière ont abouti à l’acquisition des terrains par le Comté de Gwinnett qui a ainsi pu avancer sur l’objectif de destruction des équipements. Les travaux devraient intervenir dès le mois de juin 2017.

« Demander la démolition n’est pas quelque chose que nous prenons à la légère.

Le Centre Olympique de tennis a été construit pour les Jeux de 1996 et a été utilisé depuis cette date. Aujourd’hui, le site représente un risque pour la sécurité » a fait savoir John Heard, Commissaire du Comté de Gwinnett.

Le Centennial Olympic Park accueille près de 3 millions de visiteurs par an grâce à l’organisation régulière d’événements culturels (Crédits – Centennial Olympic Park)

Le déclin de ce site, comme celui d’autres équipements des JO 1996, interpelle sur le modèle économique et sportif américain où l’émergence régulière d’arénas grandioses et plus spectaculaires les unes que les autres entraîne inévitablement la chute d’équipements plus anciens ou moins adaptés aux exigences du sport-spectacle.

Ce déclin – que les autorités d’Atlanta tente d’atténuer via la tenue d’événements culturels et l’adoption d’un plan de rénovation de 17 millions de dollars (15,16 millions d’euros) pour le Centennial Olympic Park d’ici 2019 – doit sans doute interroger le Comité de Candidature de Los Angeles 2024, qui avait célébré le vingtième anniversaire des Jeux l’an passé.

Si la candidature californienne martèle son argument d’absence de nouvelle construction sportive pérenne, le modèle économique à mettre en place pour assurer la rénovation, la gestion et l’entretien des équipements existants devra être étudié en profondeur.

Certes, la région métropolitaine de Los Angeles dispose d’installations sportives de premier plan et d’une économie importante dans le secteur des sports.

Néanmoins, un dérapage n’est pas à écarter et l’effervescence des Jeux Olympiques et Paralympiques ne préfigure en rien le devenir des installations utilisées. Les exemples du passé ne manquent pas dans ce domaine et la planification est plus que jamais un crédo que doit adopter Los Angeles comme toute ville désireuse d’accueillir les Jeux.

Aujourd’hui, la célébration n’est plus le maitre-mot des organisateurs. L’utilisation des sites après les Jeux – avec ou non un maintien en l’état – est une donnée essentielle pour candidater et ensuite présenter un projet.

La nature des investissements – publics ou privés – et des gestionnaires des sites est en ce sens un autre élément majeur pour offrir les meilleures garanties possibles au CIO.

A l’heure où l’institution de Lausanne (Suisse) se retrouve confrontée à une crise des candidatures inédite depuis le milieu des années 1980 pour les Jeux d’été, les projets de Los Angeles 2024 et de Paris 2024 apportent des éléments de réponses.

Expérimentée dans l’accueil des Jeux, les deux Villes Candidates ont néanmoins des différences notables dans la vision de l’événement, de l’Olympisme, et dans le modèle économique souhaité.

La première se fonde sur un investissement exclusivement privé – avec toutefois des dépenses publiques inévitables dans le secteur des transports – tandis que la seconde projette une participation des pouvoirs publics et des acteurs privés.

Au CIO désormais d’étudier la meilleure option pour l’échéance de 2024, sachant que les discussions se poursuivent en vue d’une double attribution des Jeux de 2024 et 2028.

Le Groupe de travail composé des quatre vice-Présidents du CIO doit ainsi rendre son rapport sur la question, le 09 juin prochain, à la Commission exécutive du CIO.

Cette remise aura lieu un mois avant la présentation des Villes Candidates devant les membres du CIO et les Fédérations Internationales (11 et 12 juillet).

* L’image en Une de l’article est une vue du Herndon Stadium en 2014 (Crédits – HBCU GameDay)

3 pensées

  1. Combien d’autres fois il faut mentionner que Los Angeles ne crée pas de nouveaux sites pour les Jeux olympiques?
    Quel article mal écrit.

    1. Bonsoir Sullivan,
      Je fais mention ici de l’absence de nouvelles constructions sportives pérennes dans le cadre du projet – des équipements comme le Bank of California Stadium étant prévu indépendamment – et j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises sur d’autres articles de préciser le projet de Los Angeles 2024.

      Dans cet article, je fais simplement le parallèle entre le projet de LA 2024, le modèle économique et sportif américain (que j’ai là aussi pu évoquer par le passé), et l’organisation des JO d’Atlanta 1996.

      Je ne comprends donc pas votre commentaire concernant l’article « mal écrit »…

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