JO 2024 : Au-delà des Jeux se dessine l’opposition entre Trump et Garcetti

Engagée dans la course à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, la ville de Los Angeles est aussi engagée dans une bataille politique qui oppose aujourd’hui son Maire, Eric Garcetti, au Président des États-Unis élu en novembre dernier, Donald Trump.

Si ce dernier a fait preuve d’un appui à la candidature de Los Angeles 2024, notamment dans le cadre d’un appel téléphonique au Président du Comité International Olympique (CIO), il reste cependant à bonne distance de la « Cité des Anges » et se garde bien de commenter l’avancement dudit projet.

Une situation qui ne doit pas déplaire au Comité de Candidature – même si sa vice-Présidente, Janet Evans, souhaitait en novembre dernier une entente cordiale entre les deux parties – ni même au Maire de Los Angeles.

Le Maire de Los Angeles est arrivé ce dimanche 02 avril à Aarhus à l’occasion de la Convention SportAccord (Crédits – Mayor Eric Garcetti / Facebook)

Eric Garcetti – triomphalement réélu à la tête de sa ville courant mars – se pose en effet en gardien des idéaux américains face à la menace que représente selon lui le nouveau Président américain.

Par extension, Eric Garcetti entend aussi être un rempart pour protéger les valeurs olympiques, des valeurs qui seraient en harmonie avec celle de Los Angeles.

Cette opposition politique se retrouve en particulier sur la question de la politique migratoire américaine avec le premier puis le second Décret présidentiel portant interdiction temporaire d’accès au Pays de l’Oncle Sam, à des ressortissants de plusieurs pays, dont la Syrie.

« Le Décret que le Président a signé aujourd’hui vise toujours les mêmes personnes et est encore loin d’être en accord avec les valeurs de tolérance religieuse et d’égalité. Il va toujours à l’encontre de tout ce que nous pensons en tant qu’Américains et en tant que citoyens de Los Angeles.

Notre ville protégera toujours la sécurité de nos familles et de nos communautés et restera une ville accueillante où des gens du monde entier pourront trouver un foyer » avait notamment affirmé Eric Garcetti, dans un communiqué daté du 06 mars.

L’opposition entre les deux leaders politiques s’est aussi fait jour dans le domaine de la transition énergétique.

Si Donald Trump fera connaître sa position sur l’Accord de Paris dans les semaines à venir, le Président américain a déjà commencé à détricoter certaines mesures engagées par son prédécesseur à la Maison Blanche et allié politique de Garcetti, Barack Obama.

(Crédits – Donald Trump / Compte Twitter de la Présidence des États-Unis)

Au-delà de ces deux problématiques et au milieu de ces dernières, de la candidature olympique et paralympique, l’opposition entre Donald Trump et Eric Garcetti laisse à penser à une lutte acharnée pour le pouvoir fédéral d’ici les trois prochaines années.

En effet, bien qu’il n’ait pour l’heure rien écarté, Eric Garcetti pourrait – auréolé de sa nette réélection municipale – se lancer dans la bataille pour conquérir la Maison de Gouverneur de Californie. Cette bataille – particulièrement intéressante compte-tenu du poids de la Californie sur l’échiquier américain – se déroulera en 2018, soit deux ans à peine avant une autre bataille d’importance, l’élection présidentielle de 2020.

En s’engageant dans la course à la Californie et, le cas échéant, en remportant le scrutin, Eric Garcetti se placerait indéniablement en position de favori dans l’optique des Primaires Démocrates pour le scrutin de 2020.

Il incarnerait alors une forme de renouveau du Parti Démocrate et ce, après huit années de présidence Obama et après la lutte fratricide ayant opposé deux figures historiques du mouvement entre 2015 et 2016, Bernie Sanders et surtout Hillary Clinton.

Cette dernière ne devrait pas retenter sa chance – en raison de son âge d’abord, mais aussi de ses deux échecs successifs (2008 et 2016) – et passerait donc le flambeau à son allié de Californie.

Pour Eric Garcetti, le plus dur commence.

Présent auprès de la délégation de Los Angeles 2024 à Aarhus (Danemark) dans le cadre de la Convention SportAccord (02 au 07 avril), il devrait multiplier les allusions au soutien de Donald Trump à la candidature et ce, afin d’éviter les questionnements et les doutes.

Mais une fois de retour aux États-Unis, il aura la lourde tâche – si son souhait se porte bien entendu en direction de la Californie – de convaincre en structurant un Comité exploratoire et en lançant une campagne électorale. Pour l’heure, les sondages ne lui sont pas favorables.

Ainsi, selon une récente enquête de l’Institut d’études gouvernementales de l’Université Berkeley, reprise dans les colonnes du « Los Angeles Times », le lieutenant-Gouverneur Gavin Newsom (Démocrate) est en position de force avec 28% d’intentions de vote.

Derrière lui, le Républicain John Cox parvient à obtenir 18%, loin devant Antonio Villaraigosa – ancien Maire de Los Angeles – qui récolte 11%, le Trésorier de l’Etat, John Chiang (8%) et l’ancienne Responsable des écoles publiques, Delaine Eastin (3%).

Casey Wasserman (à gauche) et Eric Garcetti (à droite) autour du Président du CIO, Thomas Bach en marge des Jeux de Rio 2016 (Crédits – LA 2024 / Getty Images)

En parallèle de cette ambition politique – si d’évidence elle se concrétise – Eric Garcetti devra veiller à remporter la course olympique pour les Jeux de 2024.

Car sur ce terrain-là, Donald Trump ne manquera pas d’attaquer de manière virulente son opposant politique et ce, comme il l’a fait après l’échec de Chicago dans la course aux JO 2016 et après le retrait de Boston pour les JO 2024.

Dans les deux cas, la colère du milliardaire qui prône « America first » s’était portée sur deux responsables du Parti Démocrate : le Président Barack Obama, figure de l’Illinois et soutien de la candidature de Chicago 2016, et le Maire de Boston, Marty Walsh.

« Le Maire de Boston, Marty Walsh, a perdu beaucoup de temps et d’argent dans la course aux Jeux Olympiques, et puis il abandonne.

Je ne veux pas qu’il négocie pour moi ! » avait d’ailleurs affirmé Donald Trump sur son support de communication favori, le réseau social Twitter.

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