JO 2026 : La volonté de revenir sur la scène olympique, l’exemple de Sion

Dix ans après l’organisation des Jeux d’hiver pour lesquels elle était candidate, la ville de Sion (Suisse) s’apprête à déposer un nouveau dossier auprès des instances olympiques.

La première étape sera franchie ce jeudi, avec la remise des éléments techniques auprès de Swiss Olympic. La seconde étape pourra intervenir dès la fin de l’année 2017, si l’institution helvète accorde sa confiance au projet porté par les Cantons de Vaud, du Valais et avec le soutien des Cantons de Fribourg et de Berne.

Une étape intermédiaire devra toutefois être dépassée au printemps 2017 : la votation citoyenne.

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Carte de la Suisse Occidentale (Crédits – Objectif 2026)

Les 08 juin 1997, lors de la précédente candidature de Sion, le Canton du Valais s’était alors exprimé à 67,1% en faveur du projet et du soutien financier apporté par la Collectivité.

Un mois plus tard, un sondage national avait apporté le même résultat ; 67,1% des Helvètes favorables à la tenue des Jeux de 2006 dans leur pays.

Aujourd’hui, en prévision d’une nouvelle votation, quelques sondages sont menés mais demeurent incertains compte-tenu qu’il s’agit d’enquêtes réalisés sur Internet.

Ainsi, dans un récent sondage publié par « Le Nouvelliste », 67% des internautes se sont prononcés pour une candidature de Sion et ce, alors que Montreux était aussi sur les rangs pour obtenir le titre de Ville Candidate. Un autre sondage de ce type – toujours pour « Le Nouvelliste » – a démontré le soutien de 59% des sondés en faveur d’une nouvelle candidature hivernale.

Le soutien populaire sera en tout cas recherché par les porteurs du dossier de Suisse Occidentale.

L’échec de la candidature des Grisons pour l’organisation des JO 2022 reste en effet dans les mémoires. Les citoyens du Canton avaient rejeté le projet, sans nul doute effrayé, dans le contexte des préparatifs de Sotchi 2014, par la perspective de Jeux dispendieux et d’une certaine manière, hors de contrôle.

Avec sa candidature, la Suisse Occidentale espère désormais reprendre le flambeau de l’ambition olympique helvète pour faire oublier l’échec du Canton des Grisons – qui est à nouveau candidat -, mais surtout pour effacer les déroutes de Sion 2002 et Sion 2006.

Pour cela, le projet actuel peut compter sur le soutien d’entrepreneurs à l’image de Christian Constantin. Ce dernier est d’ailleurs l’un des artisans de cette candidature et fut l’un des premiers à exprimer un intérêt pour le territoire de postuler à l’accueil de l’événement aux cinq anneaux.

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Visuel de ce que pourrait être le Village Olympique de Collombey (Crédits – Christian Constantin SA / Image 3D Saywhat Creative Factory)

Engagé dans le projet, l’entrepreneur prévoit d’acquérir les terrains de l’ancienne raffinerie Tamoil à Collombey. C’est sur une partie de ce site que pourrait être édifié l’un des deux Villages des Athlètes de Sion 2026.

Une importante phase de dépollution devrait être engagée au préalable – rappelant en ce sens les chantiers de Londres 2012 sur l’East End devenu depuis le Queen Elizabeth Olympic Park – avant de laisser place à un Village le temps des Jeux, puis à une véritable ville nouvelle à l’horizon des trente prochaines années. Là encore, l’exemple londonien n’est pas bien loin.

Cette ville – de taille moyenne – serait dès lors située au cœur d’un cadre naturel majestueux et pourrait offrir des prestations en adéquation avec les exigences de durabilité et d’héritage, des notions fortes de l’Agenda 2020 du Comité International Olympique (CIO).

La gestion énergétique serait notamment l’un des points centraux de l’aménagement de la future ville, de même que la mobilité avec la priorité accordé à des déplacements doux.

Outre le site de Collombey, le dossier de Sion 2026 pourrait s’appuyer sur l’aménagement d’un second espace d’hébergement pour les athlètes. Ce dernier serait implanté à Thoune.

De fait, bien qu’étant dans la perspective d’être Ville Hôte des Jeux, Sion n’aurait pas la responsabilité d’assurer l’hébergement des sportifs au moment des compétitions. Ce choix – s’il vient à être confirmé jeudi – diffèrerait en tout cas du projet présenté pour les JO 2006.

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Cartographie du projet de Sion 2006 (Crédits – Rapport de la Commission d’évaluation du CIO pour les Villes Candidates aux Jeux d’hiver de 2006)

A ce moment-là, la candidature avait proposé au CIO l’organisation des Cérémonies d’ouverture et de clôture et l’hébergement des sportifs à Sion. Les Cérémonies étaient ainsi envisagées au Stade de Tourbillon – écrin du FC Sion dont Christian Constantin est président -, tandis que l’hébergement avait été souhaité en bordure de la vieille ville.

Au-delà du stade, qui pourrait servir de cadre aux festivités de 2026, la Ville de Sion avait aussi proposé l’organisation d’une partie des compétitions sur son territoire. Le patinage artistique et le short-track devaient ainsi se dérouler dans une patinoire à construire.

Pour les autres sports, sept localités supplémentaires avaient été sollicitées pour accueillir les Jeux sur des sites existants, à construire ou à rénover : Crans Montana pour le saut à ski, le curling, le ski alpin et le snowboard ; Martigny pour le hockey-sur-glace et le patinage de vitesse ; Goms pour le biathlon et le ski de fond ; Viège et Sierre pour le hockey-sur-glace ; Veysonnaz pour le ski alpin ; et enfin St-Moritz pour le bobsleigh et la luge.

Concernant les investissements à réaliser, Sion 2006 avait tablé sur 162,3 millions de dollars – valeur 1997-1998 – et 129,4 millions pour les installations sportives. Au total, le budget d’organisation (COJO) avait été estimé à 901,5 millions de dollars et le budget hors-COJO à quelques 3,948 milliards de dollars.

Ce dernier poste concernait en particulier la réalisation ou la rénovation d’infrastructures liées aux transports.

Dans son Rapport d’évaluation, la Commission du CIO – alors présidée par Chiharu Igaya et notamment composée de Gunilla Lindberg qui deviendra plus tard Présidente de la Commission d’évaluation puis de la Commission de Coordination des JO 2018 – avait toutefois porté un regard critique sur les données présentées.

« La Commission estime que le budget des dépenses en capital relatives aux installations sportives est peut-être un peu sous-estimé.

Il sera important de veiller à ce que tout dépassement des dépenses en capital ne soit pas financé par le biais du budget de fonctionnement.

Les dépenses en capital hors-budget du COJO représentent le plan d’investissement à long terme pour le Canton du Valais. Moins de 20% de ces dépenses sont directement liées à l’infrastructure nécessaire pour accueillir les Jeux Olympiques d’hiver en 2006″ avait ainsi mentionné la Commission d’évaluation en janvier 1999.

Pour financer les chantiers des Jeux, la candidature de Sion 2006 s’était appuyée sur les pouvoirs publics.

Ces derniers – Confédération, Canton du Valais et Communes partenaires – avaient d’ailleurs apporté des garanties financières à hauteur de 80 millions de francs suisses en cas de surcoût des travaux.

Pour le projet 2026, les Collectivités seront bien sûr présentes, mais leur rôle devrait être plus limité. Face aux inquiétudes et au risque d’un échec lors de la votation citoyenne, la participation du secteur privée devrait être privilégiée.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le projet est en partie porté par des entrepreneurs et non des acteurs du monde politique.

La dynamique semble en tout cas avoir fonctionné, du moins pour le moment. Les différents échelons administratifs ont en effet acté un accord de principe pour financer la candidature, avant – peut-être – d’envisager un appui au projet.

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