Étienne Thobois : « Les Fédérations Internationales sont impressionnées par le niveau de détails » de Paris 2024

Présent à Doha (Qatar) au sein de la délégation de Paris 2024, Étienne Thobois, Directeur Général de la candidature française, a répondu aux questions de « Sport & Société ».

Depuis le Sheraton Convention Center où s’est déroulée cette semaine l’Assemblée Générale de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ACNO) – et la première présentation officielle des candidatures -, le dirigeant tricolore revient sur quelques points techniques du projet d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024.

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  • Environ la moitié des Fédérations Internationales sont venues à Paris à ce jour. Quel est le sentiment qui ressort de ces premières visites ?

C’est un sentiment positif. Elles nous disent toutes que les informations générales que l’on présente sont complètement alignées avec ce qu’elles ont besoin.

Les Fédérations sont plutôt agréablement surprises et même impressionnées par le niveau de détails dans lequel nous sommes déjà entrés : nous les emmenons sur les sites sportifs qui intéressent leurs disciplines, on les emmène sur le site du Village et elles se rendent compte qu’il ne s’agit pas d’un endroit à construire à partir de rien.

Cela permet aussi de prendre conscience de la distance entre les sites et de la compacité du projet que l’on a. Nous parlons aussi des sites d’entraînement, d’hébergement pour les Fédérations Internationales, de la politique des transports, etc…

Les retours que nous avons portent aussi sur la qualité de l’équipe. Je crois qu’avec Jean-Philippe Gatien, nous disposons d’un Directeur des Sports qui sait parler aux FI, qui vient de ce monde-là. Il a par ailleurs cette sensibilité qui permet de bien comprendre quels sont les besoins des Fédérations car il est primordial de parler le même langage. Il y a Jean-Philippe, mais on pourrait aussi parler de la Direction technique avec Anthony Piqueras ou Lambis Konstantinidis, ce dernier ayant en outre une vision internationale et tournée vers le paralympique.

Globalement, on peut dire que nous avons un retour satisfait exceptionnel, y compris de FI dont le sport serait hébergé dans un site temporaire. Mais dans notre cas, les sites temporaires, ce seront le Château de Versailles pour l’équitation, le tir-à-l’arc aux Invalides, le beach-volley sous la Tour Eiffel, etc… Ce sont tout de même des sites temporaires qui ont un certain prestige. Et puis nous avons aussi le « cluster » du Bourget, non loin de la presse et des médias, ce qui est important pour une FI car l’un des critères d’évaluation – pour elles – concerne l’exposition qu’elles vont obtenir à travers les Jeux.

  • Sur ce point de la perception des FI à l’égard du projet, quelle est la différence par rapport aux précédentes candidatures de Paris ?

Nous sommes dans un processus différent. A l’époque de la candidature aux JO 2012, les interactions avec les FI étaient bien plus réglementées. Aujourd’hui, le Comité International Olympique (CIO) dit aux Villes Candidates et aux FI, ‘Parlez-vous, échangez, travaillez ensemble pour proposer le meilleur projet’.

Ce dialogue avait commencé bien avant les visites sur sites. Nous avions ainsi rencontré au moins deux fois les FI.

On peut donc aller beaucoup plus loin que ce que l’on pouvait faire par le passé lors des précédentes candidatures.

  • Dans le cadre du deuxième volet du dossier de candidature, Paris 2024 a procédé à des ajustements techniques pour certains sports. Quelle a été la principale motivation pour justifier ces changements ?

On a gardé la même ossature, mais nous avons uniquement changé quelques sites. Cela s’est fait au cours des échanges avec les FI mais aussi au regard de spécificités techniques.

Par exemple, nous avions initialement prévu de placer deux sports au sein de l’Arena 92 de Nanterre. Il s’est avéré qu’en termes de son et de sécurisation des gymnastes, il pouvait y avoir un problème de vibration avec l’haltérophilie à côté.

On a donc choisi de déplacer cette discipline sur le Zénith de Paris et de mettre la boxe – prévu sur ce site – à Roland Garros en profitant d’une couverture temporaire*. In fine, cela a permis d’avoir un renforcement du dossier et une satisfaction des Fédérations qui y ont vu une meilleure exposition. Nous avons optimisé le projet, sans pour autant accroître les dépenses.

Visuels du Stade de France et du futur Centre Aquatique (Crédits - Paris 2024)
Visuels du Stade de France et du futur Centre Aquatique (Crédits – Paris 2024)
  • Parmi les équipements qui doivent être construits par Paris 2024 pour les Jeux, notons le Centre Aquatique. Après trois échecs (1992, 2008 et 2012), l’Île-de-France va-t-elle enfin être dotée d’un équipement structurant pour la natation et ce, avec ou sans les Jeux ?

Des engagements ont été pris, notamment un protocole relatif au terrain où doit être implanté le Centre Aquatique, mais également concernant le financement avec la participation, entre autres, de l’État.

Aujourd’hui, nous sommes dans une configuration en tant que vainqueur. Bien évidemment, il y aura un ajustement dans le cas inverse.

Forcément, les modalités de construction ne seront pas les mêmes pour un site de 17 000 places ou pour une infrastructure de 2 500 places.

Nous aurons le temps de nous poser cette question, à partir du 14 septembre 2017.

  • A cet égard, le modèle développé par Londres 2012 a-t-il été une inspiration ?

Londres est effectivement un exemple, en particulier sur ce type d’installations. Mais Londres a aussi coûté cher et il faut veiller à ne pas atteindre un tel niveau de dépenses.

Il y a aussi d’autres exemples, comme Sydney.

Il ne faut pas oublier l’évolution des matériaux et le choix de ces derniers pour bâtir et aménager les sites. C’est une problématique importante dans le cadre d’un projet évolutif.

Visuel du Village Olympique et Paralympique (Crédits - Paris 2024)
Visuel du Village Olympique et Paralympique (Crédits – Paris 2024)
  • Ne craignez-vous pas de critiques de la part notamment du CIO en ce qui concerne l’intégration de la Seine-Saint-Denis au projet ? On se souvient des éléments à charge qui figuraient dans le dossier de Paris 2008, avec la problématique de tours relativement proches de la zone du Village des Athlètes…

Absolument pas. Pour être tout à fait clair, la Seine-Saint-Denis est un axe central de cette candidature, avec un héritage physique qui sera essentiellement là-bas, avec le Village Olympique et Paralympique ou le Centre Aquatique.

Pour le projet 2008, la problématique concernait la proximité d’immeubles de grande hauteur autour du Village des Athlètes, avec une distance qui pouvait potentiellement poser problème sur le plan de la sécurisation et du contrôle d’accès de ces immeubles.

Nous avions eu la même question pour le projet 2012 avec le stade à Colombes et la proximité de quatre tours qui pouvaient potentiellement présenter un danger.

Ceci est toutefois quelque chose d’assez classique.

Aujourd’hui, avec le Village de Pleyel-L’Île-Saint-Denis, nous sommes sur quelque chose de différent. Les seuls problèmes, c’est la proximité de l’A86 mais cette dernière sera isolée grâce à des murs anti-bruits, et ce sont les lignes à haute tension mais elles seront enfouies.

* En ce qui concerne la couverture temporaire pour l’accueil de la boxe à Roland Garros, Étienne Thobois se veut rassurant et confiant :

« Techniquement, ce n’est pas compliqué, ce n’est pas un obstacle. Pour la boxe, nous n’avons pas besoin de fermer complétement – il n’y a pas de problématique de vent – cela peut donc être une structure légère, assez simple à mettre en place. Quoiqu’il en soit, nous resterons attachés à l’excellence environnementale, avec par définition, des matériaux transformables et réutilisables ».

22 pensées

  1. Concernant le cluster Le Bourget, il est indiqué dans le dossier de candidature n°2:

    Domaine commun Cluster Le Bourget : 278 903 k$

    Je me demande bien à quoi va servir cette ligne budgétaire?
    Je comprends bien la ligne:
    Domaine commun Stade de France : 22 800 k$
    C’est sans doute pour réaménager un peu les abords du stade de France,
    mais 278 903 k$ pour aménager le cluster du Bourget, c’est énorme non!
    (sachant que ça ne contient ni les pavillons sportifs, ni le village des médias, ni le CIRTV, qui sont comptabilisés par ailleurs)

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