JO 2024 : Los Angeles et Paris confortent leur position face à la surprenante Budapest

Au cœur du Sheraton Convention Center de Doha (Qatar), les trois Villes Candidates aux Jeux d’été de 2024 sont intervenues les unes après les autres à la tribune de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ANOC).

Le moment était important, mais loin d’être décisif alors que le scrutin olympique n’aura lieu qu’en septembre 2017.

De gauche à droite, Janet Evans, vice-Présidente de LA 2024 ; Eric Garcetti, Maire de Los Angeles ; Allyson Felix, Olympienne ; Angela Ruggiero, membre du CIO ; et Casey Wasserman, Président de la candidature américaine (Crédits - LA 2024)
De gauche à droite, Janet Evans, vice-Présidente de LA 2024 ; Eric Garcetti, Maire de Los Angeles ; Allyson Felix, Olympienne ; Angela Ruggiero, membre du CIO ; et Casey Wasserman, Président de la candidature américaine (Crédits – LA 2024)

Conformément à l’ordre établi par le Comité International Olympique (CIO), Los Angeles a ouvert le bal, avec un discours parfaitement calibré. Une intervention « à l’américaine ».

Janet Evans, vice-Présidente de LA 2024 en charge de la relation avec les sportifs a été la première à s’exprimer, délivrant un message de sécurité et de fiabilité.

« Aucun risque et aucun stress » a été la promesse de l’ancienne nageuse, aujourd’hui ambassadrice de premier plan de l’ambition olympique américaine.

Pour illustrer son propos, Janet Evans a sans surprise cité l’exemple du Village des Athlètes qui prendrait place au sein du campus universitaire de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Pour conforter l’aspect sécurité logistique et sans stress lié à l’organisation, un Conseil du Village serait institué au moment des Jeux afin d’associer l’ensemble des acteurs du Mouvement Olympique.

Casey Wasserman a alors pris le relais de Janet Evans pour être le deuxième intervenant pour la candidature américaine. Celui qui est à la tête de l’entreprise « Wasserman » et qui conduit le Comité de Candidature a martelé un message développé depuis maintenant plusieurs mois.

« Los Angeles 2024 incarne la transformation, avec les hautes technologies, l’innovation et la jeunesse » a ainsi déclaré le patron de LA 2024 au moment où des images de Google ou Hollywood défilaient sur les écrans géants installés derrière la tribune centrale où avait pris place bon nombre de membres du Comité International Olympique (CIO).

Un autre message important a ensuite été porté par la candidature américaine et ce, par l’intermédiaire de la toute nouvelle Présidente de la Commission des Athlètes du CIO et Directrice de la stratégie de LA 2024.

« Nous ne comptons pas adapter la ville aux Jeux Olympiques. Nous adapterons les Jeux à notre ville » a expliqué Angela Ruggiero.

Deux films – l’un technique, l’autre promotionnel avec les témoignages de la chanteuse Gwen Stefani ou de l’architecte Frank Gehry – ont entre-coupé les interventions officielles.

Allyson Felix a eu droit à des applaudissements nourris lors de l'évocation de son palmarès (Crédits - Sport & Société)
Allyson Felix a eu droit à des applaudissements nourris lors de l’évocation de son palmarès (Crédits – Sport & Société)

Des interventions marquées par la présence de la légende de l’athlétisme américain, Allyson Félix, cette dernière ayant d’ailleurs été chaleureusement applaudie par l’assemblée au moment où elle a expliqué la teneur de son palmarès.

Mais l’athlète a sans doute exprimé par la suite, à la fois la faiblesse, mais aussi l’incertitude de LA 2024 pour les mois à venir.

« L’Amérique a besoin des Jeux pour devenir meilleure, aujourd’hui plus qu’avant. Certains s’interrogent suite à l’élection présidentielle aux États-Unis, mais ne vous inquiétez pas, la diversité est notre force » s’est exclamée la sprinteuse noire-américaine.

Le Maire de Los Angeles à la sortir des délégations (Crédits - Sport & Société)
Le Maire de Los Angeles à la sortir des délégations (Crédits – Sport & Société)

La diversité américaine, force proclamée du territoire, a également été défendue par le Maire de Los Angeles, Eric Garcetti.

« Je veux une Américaine tournée vers l’extérieure. Choisissez LA pour montrer que notre force est de regarder le monde » a indiqué celui qui s’est exprimé en Espagnol, en Anglais et qui a eu quelques mots en Français.

Un message destiné à rassurer les délégations des CNO présents, et encore davantage les trente à quarante membres du CIO actuellement à Doha.

Il n’est toutefois pas certain que cette promesse soit tenue, d’autant plus si Donald Trump – Président élu et en fonction dès le 20 janvier 2017 – commence à mettre en œuvre son programme, en particulier en matière d’immigration.

Zsolt Borkai, Président du Comité Olympique de Hongrie (Crédits - Budapest 2024)
Zsolt Borkai, Président du Comité Olympique de Hongrie (Crédits – Budapest 2024)

Du côté de Budapest 2024, la stratégie présentée hier soir par « Sport & Société » a été suivie à la lettre.

A plusieurs reprises, les porteurs de la candidature hongroise ont exprimé le message basé sur la nouveauté que pourrait offrir Budapest au Mouvement Olympique.

« Les Jeux de Budapest 2024 seront une lumière pour la nouvelle génération.

Mais le rêve n’a pas lieu si on ne lui donne pas vie. Nous sommes la bonne ville, au bon moment » a indiqué Balázs Fürjes, Président de Budapest 2024 récemment interviewé sur « Sport & Société ».

La candidature de l’Est mise par ailleurs sur les grands travaux qui ont été entrepris au cours des dernières années, à la fois pour préparer la Hongrie et sa capitale à accueillir des événements d’importance continentale et internationale.

« Nous avons réalisé 55 milliards de dollars de travaux pour les infrastructures (sport, transport, etc…) durant les années passées » a précisé en ce sens le Président de la candidature, comme un gage de sécurité alors que le projet hongrois repose sur 33 sites dont 3 sont encore à construire.

Autre élément de satisfaction pour Budapest : la connexion entre la ville d’hier et d’aujourd’hui et la volonté affichée d’en faire une ville dynamique et ouverte à la nouvelle génération.

Sur ce point, la Maire Adjointe, Alexandra Szalay-Bobrovniczky, a estimé que « Budapest est une ville dont le moment est venu.

Nous sommes une ville où les nouvelles audiences et les nouvelles générations prennent vie. Nous avons l’amour de la vie et une profonde dynamique.

Budapest est la bonne ville, au bon moment ».

(Crédits - Budapest 2024)
Attila Mizsér, Directeur des Sports et des Sites de Budapest 2024 ; Zsolt Borkai, Président du Comité Olympique de Hongrie ; Alexandra Szalay-Bobrovniczky, Maire-Adjointe de Budapest ; Áron Szilágyi, Olympien ; Zsófia Arlóy, Paralympienne ; et Balázs Fürjes, Président de la candidature hongroise (Crédits – Budapest 2024)

Ce message – comme un slogan de candidature – est en adéquation avec les dernières déclarations de Budapest, soucieuse d’incarner la nouvelle ère de l’Olympisme.

La capitale hongroise s’affirme ainsi comme une ville mondiale mais qui en même temps reste une cité de taille moyenne, avec un concept compact et resserré autour du centre-ville et le long du Danube, et un héritage majeur pour la région d’Europe Centrale.

Si l’intervention de Budapest 2024 ne devrait pas permettre à cette dernière de gagner un statut de favorite, elle aura au moins eu le mérite de positionner la candidature de la Hongrie comme une véritable alternative face à deux villes dont l’expérience et le savoir-faire ne sont plus à démontrer.

L’outsider montre les muscles. La présentation d’aujourd’hui en a apporté la preuve.

La jeunesse et la modernité de la ville ont été une fois encore valorisées, à l’instar du film promotionnel diffusé devant l’assemblée et qui fut dévoilé la semaine dernière en marge de la nomination des Ambassadeurs de Budapest 2024. L’héritage aussi, avec la mise en avant de Ferenc Kemény qui fut l’un des membres fondateurs de l’Olympisme moderne avec le Baron Pierre de Coubertin.

Teddy Riner à la tribune (Crédits - Sport & Société)
Teddy Riner à la tribune pour défendre et soutenir Paris 2024 en sa qualité d’ambassadeur sportif (Crédits – Sport & Société)

Dernière ville à prendre la parole, Paris.

En sa qualité de Président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), Denis Masseglia a été le premier de la délégation française à s’avancer devant les délégations des 206 Comités Nationaux Olympiques.

Ce dernier a précisé les contours de la déclaration de Paris 2024 à l’attention des CNO.

« Dès septembre 2017, vous bénéficierez d’un service d’excellence à chaque étape du projet, un service personnalisé pour répondre à la diversité de nos 206 CNO.

Vous découvrirez bientôt tous les détails de cette déclaration innovante sur le site Internet du projet de Paris 2024. Ensemble, à votre écoute, nous voulons l’enrichir pour faire de Paris 2024 une expérience exceptionnelle pour chacun » a annoncé Denis Masseglia.

Comme ce fut prévu, Bernard Lapasset, coprésident de Paris 2024 a enchaîné la présentation en Anglais pour saluer la dynamique et l’engagement des CNO et pour souligner l’attractivité du Club France à l’occasion des Jeux de Rio, un Club France qui s’est voulue une vitrine du projet tricolore.

Star de la délégation française, le judoka Teddy Riner a ensuite pris la parole pour évoquer son expérience de sportif de haut niveau.

« Comme tous les champions olympiques, je porte mes médailles d’or avec fierté. Elles sont le symbole de la passion, de l’engagement, du travail, et du succès ; pas seulement du mien mais aussi celui de ceux qui m’ont toujours soutenu : mes entraîneurs, ma Fédération et bien sûr mon Comité Olympique.

Ensemble, nous nous mobilisons pour vous offrir des Jeux dont nous nous souviendrons tous. Les athlètes font le succès des Jeux, nous leur avons donc donné la parole.

Leur priorité ? C’est un seul Village qui offre des temps de trajet réduits. Paris 2024, c’est donc un projet compact et parfaitement connecté » a indiqué le double Champion olympique de judo.

Cette intervention s’est déroulé avant la diffusion du film technique de la candidature.

En Français et en Anglais, ce clip a présenté le dispositif de Paris 2024 avec des images spectaculaires – grâce à la technique du drone – des sites emblématiques de la candidature, notamment la Cité du Cinéma appelée à devenir le restaurant olympique et paralympique lors des Jeux.

Plan global de Paris 2024
Plan olympique recentré sur Paris et la Seine-Saint-Denis (Crédits – Paris 2024)

Déjà présente à Rio de Janeiro (Brésil) cet été, la Maire de Paris a une fois de plus fait la démonstration de son implication forte auprès de la candidature, une implication soulignée hier après-midi par Tony Estanguet, coprésident de Paris 2024.

Anne Hidalgo a d’abord vanté l’Accord de Paris au regard de l’urgence environnementale, en rappelant son engagement de Présidente du C40, organisation des plus grandes villes en faveur du climat où siège notamment un certain… Eric Garcetti.

« Quand je regarde ma ville, lorsque je vois les épreuves et défis que nous relevons chaque jour, je me dis que Paris, ville humaniste, ville d’art, ville de culture, est aussi une ville de progrès.

Paris, c’est l’Europe, mais c’est aussi une vocation universelle et un pont avec tous les continents, en particulier l’Afrique, le continent le plus jeune » a déclamé Anne Hidalgo, avec un dernier argument non-négligeable pour espérer capter – dès aujourd’hui – l’attention des membres africains de l’institution de Lausanne (Suisse).

La Maire de Paris s’est ensuite ouvertement positionnée comme une réussite de la « Ville Lumière », territoire attractif et de partage.

Un argumentaire alors renforcé par le deuxième film de Paris 2024, le clip promotionnel « Share Paris » présenté il y a déjà quelques mois, au moment des JO de Rio 2016.

La Maire de Paris a une fois encore montré son engagement pour la candidature (Crédits - Sport & Société)
La Maire de Paris a une fois encore montré son engagement pour la candidature (Crédits – Sport & Société)

Inévitablement fragilisée par l’élection de Donald Trump, LA 2024 devait se présenter à Doha sans laisser paraître le moindre doute. Néanmoins, les quelques références ici et là de la part des intervenants de la « Cité des Anges » ont rappelé l’épine laissée depuis la semaine dernière dans le pied de la candidature.

Les points presse qui se sont tenus à l’extérieur de la salle de conventions ont d’ailleurs montré cette fébrilité, avec des questions relatives à Donald Trump à l’adresse du Maire de LA et soutien de la candidate Démocrate vaincue, Hillary Clinton.

De son côté, Budapest a concrètement développé sa vision des Jeux, espérant sur ce point être la plus proche de l’Agenda 2020 du Mouvement Olympique.

Relativement jeune, la délégation hongroise – avec toutefois des personnalités moins connues que LA et Paris – a marqué des points et a su profité de cette première sortie officielle. A noter cependant que contrairement à ses deux rivales, Budapest a fait le choix de s’exprimer exclusivement en Anglais, alors que LA et Paris ont enchaîné Anglais, Français et Espagnol.

Paris enfin devait proposer son concept et éviter les écueils passés.

Hormis peut-être l’absence d’un message fort – un slogan incarnant l’esprit de la candidature – Paris 2024 a réussi sa prestation, notamment en proposant un film technique de qualité avec de nouveaux visuels et des éléments chiffrés permettant d’identifier les points-clés du projet.

(Crédits - Sport & Société)
(Crédits – Sport & Société)

Le travail de conviction ne fait que commencer.

Doha est un point d’étape, comme « Sport & Société » a déjà eu l’occasion de l’expliquer. Il restera à présent à achever l’année 2017 avec la poursuite des visites des Fédérations Internationales. Ce sera le cas pour les trois Villes Candidates.

L’année prochaine, le tempo s’accélérera progressivement avec la visite de la Commission d’évaluation entre avril et mai 2017 à Los Angeles, Budapest et Paris. La remise du Rapport de ladite Commission suivra en juillet à Lausanne, avant que les Villes ne prennent le départ pour Lima (Pérou).

Elles auront alors quelques jours pour finaliser leur ultime prestation.

Cette dernière sera le point final d’une course débutée bien avant septembre 2015 et l’inscription des Villes Candidates auprès du CIO.

27 pensées

  1. N’aurait-il pas été judicieux de faire une partie en arabe?
    Par exemple par Sarah Ourahmoune (mais peut-être que l’arabe n’est pas la langue de ses parents qui sont kabyles je crois)

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