JO 2024 : Los Angeles dans l’attente des résultats de l’élection présidentielle américaine

Ce mardi 08 novembre, plusieurs dizaines de millions d’Américains sont appelés aux urnes afin de renouveler en partie le Congrès, mais surtout pour désigner – au travers du système des Grands électeurs – le futur Président des États-Unis.

Dans une campagne sans commune mesure où les bassesses ont été légions, le round final se jouera demain entre Hillary Clinton (Parti Démocrate) et Donald Trump (Parti Républicain).

Si les deux candidats soutiennent la candidature olympique et paralympique de Los Angeles 2024, la victoire de l’un ou de l’autre n’aura peut-être pas les mêmes répercussions.

Donald Trump et son colistier Mike Pence (Crédits - Site Internet de campagne)
Donald Trump et son colistier Mike Pence (Crédits – Site Internet de campagne)

En août dernier, en marge des Jeux de Rio 2016, le Maire de Los Angeles avait clairement indiqué que l’élection de Donald Trump pourrait desservir les intérêts de LA 2024 auprès des membres électeurs du Comité International Olympique (CIO).

Comme le mentionne encore ce mois-ci « USA Today », « pour Los Angeles, une présidence Trump rendrait très difficile la conquête des voix des électeurs des pays musulmans et latinos, ainsi que celles des membres féminines du CIO, selon quatre personnes impliquées dans les efforts olympiques américains qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat ».

Il est vrai que les propos du candidat du « Grand Old Party » ont déjà conduit à de vives contestations au sein de la société américaine. Ses déclarations sur les femmes, sa proposition d’interdire l’accès des musulmans au territoire américain ou encore ses propos sur l’immigration en provenance du Mexique voisin ont provoqué des tensions en marge de ses meetings et les critiques du camp Démocrate.

La « menace » Trump est avant toute chose une affaire de politique.

N’oublions pas en effet que Los Angeles est une ville conduite par un Maire issu du Parti Démocrate, Eric Garcetti, depuis 2013 – mais avant lui James K. Hahn (2001-2005) et Antonio Villaraigosa (2005-2013) -, tout comme la Californie, avec le Gouverneur Jerry Brown depuis 2011.

Dans un État qui vote traditionnellement pour le Parti Démocrate à l’élection présidentielle sans interruption depuis 1992 – et l’élection d’un certain Bill… Clinton – il est donc de bon ton de mobiliser un électorat pas franchement enthousiaste à la vue de l’offre politique présentée cette année.

Pour éviter l’élection de Donald Trump à la tête du pays, l’argument olympique est donc brandi par certains pour espérer convaincre la population de se déplacer aux urnes.

Un argument comme un autre qui pourrait peut-être avoir son importance dans la dernière ligne droite, les sondages publiés par le Comité de Candidature de Los Angeles 2024 indiquant un fort soutien populaire pour l’ambition de la « Cité des Anges ».

En quête des troisièmes Jeux Olympiques de son histoire, Los Angeles bénéficie en effet d’un taux de soutien de 88% parmi la population locale. Un soutien également perceptible à l’échelle fédérale avec un appui de 89% des Américains selon une enquête Associated Press / GfK du mois de juin 2016.

Ce large soutien populaire est incontestablement un atout pour la candidature américaine et pour le Comité Olympique des États-Unis (USOC) qui espère ramener les Jeux d’été dans le pays de l’Oncle Sam, après les Jeux d’Atlanta 1996, ouverts à l’époque par le Président Bill Clinton.

Casey Wasserman (à gauche) et Eric Garcetti (à droite) autour du Président du CIO, Thomas Bach (Crédits - LA 2024 / Getty Images)
Casey Wasserman (à gauche) et Eric Garcetti (à droite) autour du Président du CIO, Thomas Bach (Crédits – LA 2024 / Getty Images)

Au sein du CIO, la campagne américaine a sans doute été scrutée avec attention, mais comme tout événement se déroulant dans un pays dont une ville est candidate à l’organisation des Jeux.

Il ne faudrait donc pas considérer que cette « menace » puisse être, in fine, un avantage pour la candidature de Paris 2024.

Si LA et Paris sont les deux favorites sur le papier – Budapest restant l’outsider – un scrutin olympique n’a rien d’un simple calcul arithmétique ou d’une logique électorale classique.

Ceux qui considèrent que l’élection de Donald Trump pourrait avantager Paris et renforcer en conséquence les chances de la candidature française font une erreur. Il s’agit d’une problématique d’abord américaine puis olympique dans une moindre mesure – LA étant candidate -, mais en aucun cas française.

A moins d’un an de l’élection de la Ville Hôte, les cartes ne sont pas figées et les exemples passés devraient servir de leçons.

Si Paris veut remporter la mise, le 13 novembre 2017 à Lima (Pérou), elle devra convaincre de ses propres atouts – 95% de sites existants ou temporaires, une gouvernance novatrice et un financement partagé – tout en évitant les écueils qui ont pu rendre caduque ces précédentes tentatives auprès de l’institution olympique.

La course aux anneaux de Lausanne (Suisse) se jouera jusqu’au bout. Avec ou sans l’élection de Donald Trump à la présidence américaine.

Le Président Barack Obama lors d'une démonstration d'escrime en soutien à Chicago 2016, en septembre 2009 (Crédits - Brooks Kraft / Corbis)
Le Président Barack Obama lors d’une démonstration d’escrime en soutien à Chicago 2016, en septembre 2009 (Crédits – Brooks Kraft / Corbis)

Ceux qui pensent que l’élection du magnat de l’immobilier pourrait avantager Paris doivent se remémorer l’élection présidentielle américaine de 2008 et le fiasco de la candidature de Chicago 2016 qui avait suivi.

Certes, les États-Unis n’étaient pas dans la meilleure des positions auprès du CIO – bisbilles persistantes autour des droits TV notamment – mais l’influence du populaire Président élu, Barack Obama, n’avait en rien permis à sa ville de séduire les membres de l’institution.

Malgré l’engagement de Michelle Obama puis la venue à Copenhague (Danemark) du Président en personne, Chicago avait été sortie de la course olympique dès le premier tour.

Donald Trump n’avait pas hésité à rappeler cette déroute. C’était en avril dernier.

A l’été 2015, le candidat Républicain avait déjà pris pour cible un élu du Parti Démocrate. Il s’agissait alors de Marty Walsh, Maire de Boston, qui fut un temps la Ville Candidate sélectionnée par l’USOC.

7 pensées

  1. De toute façon la Paris sera dans la même situation si le FN passe au second tour. Il n’y aura pas non plus d’avantage pour L.A si l’élection française s’y dirige vers cette direction. Le plus important est de voir les alliances à venir avec les membres « indécis », et surtout n’oublions pas Budapest car je remarque une sympathie grandissante au projet hongrois qui pourrait obtenir, pourquoi pas les soutiens des « petites nations » voulant changer de la dominations des pays majeurs, dont les E-U et la France en font partis.

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