JO 2024 : Paris propose une structure de gouvernance novatrice

Tout comme ses rivales Los Angeles (États-Unis) et Budapest (Hongrie), la candidature de Paris 2024 a déposé vendredi 07 octobre, le second volet de son dossier technique.

Ce volet, consacré à la gouvernance, aux aspects juridiques et au financement des sites, permet d’avoir une vision globale de ce que pourrait être l’organisation des Jeux à Paris du point de vue de la répartition des responsabilités.

(Crédits - Paris 2024 / KMSP)
(Crédits – Paris 2024 / KMSP)

Misant sur une structure de gouvernance novatrice, Paris 2024 a mis à profit l’étude d’Olympiades passées, ainsi que la propre expérience des précédentes candidatures françaises.

Ainsi, le Comité de Candidature propose la mise en place, au côté du Comité d’Organisation des JO (COJO) qui prendra la forme juridique d’une entité privé à but non lucratif, de deux instances distinctes mais aux compétences importantes : La Société de Livraison des équipements olympiques et paralympiques (SOLIDEO) et le Comité Héritage Paris 2024.

La première structure sera chargée d’assurer la bonne livraison des sites et des projets nécessaires aux Jeux, projets portés par les pouvoirs publics ou par les entreprises privées qui seront alors désignées pour les différents chantiers.

La SOLIDEO devra également travailler à la planification des installations après l’événement.

En faisant le choix ici d’une entité publique, la candidature de Paris 2024 a souhaité rappeler l’engagement des autorités locales, régionales et nationales derrière le projet olympique et paralympique. Cet engagement se mesure d’ailleurs à l’investissement prévu par chacun des acteurs publics du projet.

La seconde structure aura quant à elle le rôle d’associer les acteurs publics du projet, avec le monde économique, la société civile, mais aussi bien sûr le COJO et la SOLIDEO et ce, dans le but de créer un programme d’héritage performant et durable dans tous les domaines.

Élément non-négligeable dans le cadre de la mise en place du programme, le Comité Héritage Paris 2024 qui sera instauré après la désignation de la Ville Hôte, percevra l’intégralité d’un éventuel surplus opérationnel des Jeux de la part du COJO.

Pour compléter ce dispositif à trois têtes – COJO ; SOLIDEO ; Comité Héritage – le Conseil Olympique et Paralympique Paris 2024 fera le nécessaire lien et assurera la cohérence des projets et des actions menés.

Outre les représentants des trois instances précitées, les membres français du Comité International Olympique (CIO), les dirigeants du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) siègeront aussi au sein de ce Conseil, de même que les représentants de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France et de l’État.

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Il y a douze ans, la candidature de Paris 2012 avait proposé un concept de gouvernance différent, reposant principalement sur la structure du COJO et sur l’installation d’une Organisation de Coordination Olympique (OCOO).

Comme le précisait alors le dossier de candidature transmis à l’époque au CIO, cette Organisation « sera spécialement créée dans l’année suivant la désignation de la Ville Hôte. Cette entité s’assurera que les prestations et la livraison des infrastructures et équipements olympiques seront réalisées comme prévues.

Créée par une loi, cette Organisation sera en charge du pilotage, de la coordination et de la planification des opérations olympiques hors COJO.

Elle s’assurera également de la livraison telle que planifiée des travaux et de la fourniture des services de transport, de sécurité et d’urgence ; la gestion du ‘domaine urbain’, la mise en œuvre de l’Agenda 21 et la planification des célébrations dans la ville ; la centralisation des informations relatives à l’avancée des projets pour le COJO de Paris et le CIO ; la réalisation d’audits financiers et techniques et la gestion des risques ».

Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, et Anne Hidalgo, Maire de Paris (Crédits - Paris 2024)
Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, et Anne Hidalgo, Maire de Paris (Crédits – Paris 2024)

Au-delà de la gouvernance, la fourniture du second volet de candidature a été l’occasion d’apporter des éléments intéressants quant à l’appui populaire et institutionnel dont bénéficie le projet.

Outre l’unité politique affiché par les acteurs locaux et régionaux, la candidature de Paris 2024 dispose aussi d’une unité à l’échelle nationale. Ceci n’est pas anodin à l’heure où la France entre dans une année électorale majeure, avec au printemps 2017, la tenue de l’élection présidentielle puis des élections législatives.

Dans son dossier de candidature, Paris 2024 précise aussi avoir « développé un partenariat productif avec les cinq confédérations syndicales reconnues (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) ».

Cette mention n’est pas négligeable, d’autant plus si l’on se réfère aux récents mouvements sociaux.

Concernant le soutien populaire apporté à la candidature, Paris 2024 se base sur un sondage mené par l’institut TNS-Sofres en septembre dernier. Ce dernier démontre l’appui de 77% des Français, 74% des habitants de la Région Île-de-France, et 69% des Parisiens.

Dans le cadre de la précédente candidature de la capitale, Paris 2012 avait indiqué un soutien populaire plus large à l’échelle locale et régionale (77%) ainsi qu’à l’échelle nationale (79%) à l’occasion d’un sondage réalisé en octobre 2004.

Plan des sites olympiques (Crédits - Paris 2024)
Plan des sites olympiques (Crédits – Paris 2024)

Sur le plan financier, l’État et les Collectivités Territoriales partenaires du projet se sont récemment engagés.

La Ville de Paris a ainsi voté un investissement de 145 millions d’euros, tandis que la Région Île-de-France a fait le choix d’un effort budgétaire de 209 millions d’euros. Du côté de l’État, le Premier Ministre, Manuel Valls, a indiqué une participation à hauteur de 1 milliard d’euros.

Le Département de la Seine-Saint-Denis – acteur-clé du dispositif présenté – apportera pour sa part 67,4 millions d’euros ; l’Établissement Public Territorial « Plaine Commune » (Secteur de Pleyel-L’Île-Saint-Denis), 35 millions d’euros ; l’Établissement Public Territorial « Paris Terres d’Envol » (Secteur du Bourget), 20 millions d’euros.

Enfin, sept autres Collectivités Territoriales fourniront une enveloppe d’un montant de 78,4 millions d’euros.

Au total, l’investissement public pour les Jeux se chiffrera donc à plus de 1,554 milliard d’euros.

Bien sûr, il convient d’ajouter à cette somme les différents postes compilés dans le budget COJO et le budget hors-COJO afin d’aboutir à l’enveloppe globale nécessaire à la réalisation du projet de Paris 2024.

Selon les chiffres fournis par la candidature au CIO, le budget COJO s’élèvera à 3,290 milliards de dollars (2,97 milliards d’euros) et le budget hors-COJO à 3,185 milliards de dollars (2,875 milliards d’euros).

Sur cette dernière enveloppe, il convient de souligner la part importante retenue par l’aménagement du Village des Athlètes à Pleyel-L’Île-Saint-Denis et le Village des Médias à Dugny-Le Bourget. Ces deux équipements structurants représentent en effet un coût de 1,820 milliard de dollars (1,642 milliard d’euros), dont 1,560 milliard (1,407 milliard d’euros) entièrement à la charge d’investisseurs privés.

S’appuyant sur 95% de sites existants ou temporaires, Paris 2024 entend également bénéficier de la contribution promise par le CIO à la Ville Hôte, à savoir 1,7 milliard de dollars (1,534 milliard d’euros).

Dès lors, en enlevant la part d’investissement public et la contribution du CIO, la part de l’investissement privé se chiffrerait à quelques 2,757 milliards d’euros.

Visuel du Village des Athlètes de Paris 2024 dans le secteur de Pleyel-L'Île-Saint-Denis (Crédits - Paris 2024)
Visuel du Village des Athlètes de Paris 2024 dans le secteur de Pleyel-L’Île-Saint-Denis (Crédits – Paris 2024)

A l’étude des trois dossiers présentés par les Villes Candidates, force est de constater que chacune propose un plan de financement radicalement différent.

Si Paris propose une répartition des investissements, Budapest entend mobiliser pleinement les pouvoirs publics, tandis que Los Angeles préfère miser – tradition américaine – sur un apport du secteur privé.

En prenant en compte ce constat, le CIO va dès à présent devoir analyser la meilleure option possible et ce, à l’aune des éléments dont il dispose aussi sur l’expérience de Rio 2016 et les préparatifs chaotiques de Tokyo 2020.

39 pensées

  1. Le dossier de Paris est brilliant et très intelligemment pensé. Si la ville ne gagne pas cette fois, c’est que véritablement le CIO ne veut pas que la France ait les Jeux.

  2. A l’instar de la London Delivery Authority, la structure imaginée par le comité de candidature de Paris, a tout pour réussir une organisation et une planification concrète et transparente des Jeux de 2024. D’ores et déjà, cet engagement est un gage de sérieux et montre que toutes les collectivités travaillent dans le même sens.

    Los Angeles propose un mode de financement désuet, ou les fonds privés sont légion. Ce qui n’est pas sans risque. Ce qui a marché en 1984, a été un fiasco en 1996. Le CIO a de la mémoire.

    Solideo, un nom qui sonne populaire, que l’on a pas fini d’entendre…

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