JO 2024 : Pour son projet, Budapest mise sur un financement public des Jeux

A l’instar de Los Angeles (États-Unis) – dont « Sport & Société » proposait hier un compte-rendu – la candidature de Budapest (Hongrie) a communiqué en fin de semaine le second volet de son dossier technique au Comité International Olympique (CIO).

Au travers d’un document de 26 pages – transmis à l’institution olympique en Français et en Anglais – Budapest 2024 fait un tour d’horizon des questions relatives à la gouvernance organisationnelle des JO 2024, aux garanties financières ainsi qu’aux modalités de financement des sites.

L'arrivée du marathon aurait lieu sur la Place des Héros (Crédits - Budapest 2024)
L’arrivée du marathon aurait lieu sur la Place des Héros (Crédits – Budapest 2024)

Concernant la gouvernance à mettre en place dans le cas où Budapest se verrait attribuer les Jeux, les autorités nationales hongroises ont pris les devants dès le printemps 2016, en faisant adopter par le Parlement, la Loi LVIII de 2016, autrement dénommée Loi Olympique.

Par cette action, les autorités ont souhaité prouver leur total engagement derrière l’ambition olympique et paralympique de la capitale et ce, alors que cette dernière se retrouve dans une compétition polarisée autour de Los Angeles et de Paris.

Avec la Loi Olympique, Budapest 2024 dispose d’un précieux atout.

En effet, ce document précise d’ores et déjà les contours de la future gouvernance, en définissant clairement les structures d’organisation et de coordination des Jeux. Si un Comité d’Organisation sera bien sûr instauré, d’autres structures viendront compléter le dispositif hongrois.

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Ainsi, outre le Comité d’Organisation – qui aura la forme juridique d’une société à responsabilité limitée à but non lucratif – Budapest 2024 entend s’appuyer sur l’Autorité des Aménagements Olympiques de Budapest (BODA) et sur le Comité Interministériel de Coordination de la Sécurité.

Mais au-dessus de ces trois instances, le Groupe de Coordination des Jeux aura la main mise sur le bon déroulement des travaux et de l’organisation des JO 2024.

Ce groupe sera alors composé du Premier Ministre de Hongrie (Président) ; du Ministre en charge des Jeux ; du Maire de Budapest ; du Président du Comité Olympique de Hongrie ; du Président Directeur Général de Budapest 2024 par ailleurs Directeur Général de la BODA.

Au sein de ce groupe, le Ministre en charge des Jeux sera l’interlocuteur de référence pour le Comité d’Organisation et pour la BODA, tandis que le Premier Ministre sera le principal acteur chargé des relations avec le Comité Interministériel de Coordination de la Sécurité.

En dessous de ces quatre instances décisionnelles, trois Comités supplémentaires seront déployés et reliés à la BODA (Transport, Héritage et Durabilité, Sites et Infrastructures) et un Groupe complémentaire sera rattaché au Comité Interministériel (Sécurité Olympique).

Sur le plan de la planification et de l’héritage des Jeux, Budapest 2024 à l’intention de mettre en application les recommandations du CIO et de son Agenda 2020.

De fait, comme le précise le document officiel de la candidature, « le Comité chargé de l’Héritage et de la Durabilité assurera la supervision du Programme Héritage. Ce Comité s’appuiera sur les travaux réalisés pendant la phase de candidature, veillant à ce que les questions de durabilité et d’héritage demeurent au cœur de la planification des Jeux.

[…] Ce groupe sera chargé d’élaborer et de superviser la mise en œuvre d’un Plan exhaustif d’héritage olympique, avant la fin de 2018″.

Ledit Plan devra notamment être en mesure de fournir des informations précises quant à l’utilisation des sites après les Jeux et ce, dans le but de ne pas laisser de structures « éléphants blancs » sur les sites ayant abrité l’événement.

Le tournoi de beachvolley prendrait place dans une enceinte temporaire implantée derrière le spectaculaire Vajdahunyad Castle (Crédits - Budapest 2024)
Le tournoi de beachvolley prendrait place dans une enceinte temporaire implantée derrière le Vajdahunyad Castle (Crédits – Budapest 2024)

Élément majeur de toute candidature olympique, le soutien institutionnel et politique est évoqué au centre du document transmis au CIO.

La candidature de Budapest 2024 peut en tous cas se prévaloir d’un large support politique, avec il est vrai l’engagement personnel du Premier Ministre Hongrois depuis les prémices du projet, mais également avec l’appui des autorités municipales.

Selon les porteurs de la candidature, 78% des Parlementaires et 88% des élus municipaux soutiennent l’ambition olympique et paralympique. Ils avancent par ailleurs un autre chiffre pour démontrer la solidité du dossier de Budapest : 84% des Parlementaires ont approuvé la Loi Olympique soumise au vote en juin 2016.

La candidature met par ailleurs en exergue la soutien apporté par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Budapest, les Universités de Hongrie ainsi que les clubs et fédérations de sports, sans oublier le Conseil Hongrois de Conception de Bâtiments écologiques.

Concernant les sondages et le soutien de la population, les dernières données publiées avaient laissé transparaître un regain d’intérêt des Hongrois pour le projet olympique et paralympique.

La candidature évoque ici le sondage IPSOS réalisé durant l’été, mais publie non pas les chiffres relatifs au soutien, mais ceux concernant la fierté qui serait celle des Hongrois dans le cas où Budapest obtiendrait les Jeux.

Belle subtilité de langage.

Il en ressort dès lors que 62% des Hongrois seraient fiers si la capitale venait à organiser les JO 2024. Pour rappel, le taux de soutien des Hongrois à l’égard de la candidature est de 58% selon l’enquête mené par l’institut IPSOS.

(Crédits - Budapest 2024)
(Crédits – Budapest 2024)

Dans le domaine des engagements financiers apportés à la candidature, Budapest 2024 s’appuie une nouvelle fois sur la Loi Olympique votée par le Parlement. Cette dernière prévoit notamment l’apport de garanties de la part du Gouvernement.

Concrètement, il est ainsi mentionné que « la Loi Olympique précise spécifiquement que le budget central fournisse les fonds nécessaires pour, et assure le financement de :

La construction des sites de compétition et des sites d’entraînement des Jeux Olympiques et Paralympiques (Section 42(3) (a)),

La construction du Village Olympique et des Villages des Médias (Section 42(3) (b)),

La construction du Centre de Radio-Télévision / Centre Principal de Presse (Section 42(3) (c)),

L’exécution des projets de transport liés aux Jeux (Section 42(3) (d)) ».

Dans d’autres termes, le Gouvernement se porte garant du financement et de la bonne livraison des JO 2024. Un effort qui est déjà en route avec le large soutien financier octroyé à la candidature.

Ce constat se mesure d’ailleurs dans le récapitulatif des dépenses à entreprendre pour l’aménagement des sites nécessaires à la tenue de l’événement.

Sur l’ensemble des sites – hors Villages et espaces Médias – le Comité de Candidature de Budapest 2024 s’est engagé à utiliser 7 installations temporaires et 14 équipements existants. Il faudrait toutefois construire 3 nouvelles enceintes, sans compter les 14 installations prévues indépendamment des Jeux.

Pour mettre à bien ces chantiers, la puissance publique serait majoritairement sollicitée, que ce soit au travers du budget d’organisation (COJO) ou hors-organisation (hors-COJO).

Ainsi, le Gouvernement prendrait en charge une partie non-négligeable du budget COJO actuellement chiffré à environ 2,765 milliards de dollars (2,472 milliards d’euros).

Outre cette enveloppe, le budget hors-COJO prévoit un fort engagement public. Sur un total de près de 2,278 milliards de dollars (2,037 milliards d’euros), le financement public est en effet envisagé à hauteur d’environ 2,120 milliards de dollars (1,895 milliard d’euros).

(Crédits - Budapest 2024)
(Crédits – Budapest 2024)

Une telle promesse pourrait être de nature à rassurer le CIO et ses membres électeurs. Elle pourrait aussi les inquiéter.

La candidature de Budapest 2024 devrait donc s’employer à convaincre l’institution de Lausanne (Suisse) de la solidité de son dispositif et surtout de la stabilité de l’économie hongroise.

Car avec une promesse de financement public des Jeux – à l’inverse de la proposition de LA 2024 et dans une moindre mesure du projet de Paris 2024 – la candidature de Budapest prend des risques, d’autant plus au regard du nombre d’installations à aménager dans le cadre de l’événement sportif.

18 pensées

  1. Avec les temps qui courent, n’est il pas trop dangereux effectivement pour une ville comme Budapest de ne compter que sur le « public » pour financer Les jeux ? Paris est plus dans le « moitié moitié » , LA sur les franchises et donc le privée. Je ne pense pas que cela avantagera la candidature hongroise.

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