Tokyo 2020 : La compacité du projet face aux exigences budgétaires

Un peu plus d’un mois après avoir réceptionné le drapeau olympique à Rio de Janeiro (Brésil), le Comité d’Organisation des Jeux d’été de Tokyo 2020 pourrait prochainement être contraint de revoir une nouvelle fois ses plans concernant l’implantation des sites sportifs.

« Sport & Société » avait présenté l’ensemble du dispositif dans le cadre d’un large dossier thématique. Ce dispositif incluait déjà des changements par rapport au dossier de candidature qui avait été soumis au Comité International Olympique (CIO) dans le courant de l’année 2013.

En dehors du projet de nouveau Stade Olympique – qui a lui-même connu plusieurs rebondissements au cours des trois dernières années – plusieurs sites ont ainsi été impactés par des modifications plus ou moins importantes et ce, en raison de contraintes logistiques ou financières.

De fait, sur 28 sports inscrits au programme olympique – les cinq sports additionnels des JO 2020 ne sont pas pris en compte – 9 ont connu une évolution de leur implantation et de leur localisation entre le projet initial et le projet actualisé cette année : le badminton ; le basketball ; le cyclisme (sur piste, VTT, et l’arrivée sur route) ; l’escrime ; le rugby ; les sports équestres ; le taekwondo ; la voile et la lutte.

(Crédits - Dossier de candidature de Tokyo 2020)
Visuel des Youth Plaza Arena A et B de Tokyo 2020. Présentées en 2013, ces dernières ne font plus partie du projet (Crédits – Dossier de candidature de Tokyo 2020)

Initialement, le badminton devait se dérouler dans la Youth Plaza Arena A (7 000 places) située dans la zone dite de la « Baie de Tokyo ».

Cette installation supplémentaire a toutefois été supprimée du nouveau dispositif, puisque les matchs de badminton sont désormais prévus dans l’enceinte du Musashino Forest Sport Centre. Cette nouvelle aréna est actuellement en cours de construction dans la zone « Héritage », non loin de l’existant Tokyo Stadium, et offrira une capacité de 8 000 places.

Les sports équestres ont partiellement changé de localisation, passant là-aussi de la zone de la « Baie de Tokyo » (Dream Island Stadium) à la zone « Héritage » remaniée (Equestrian Park).

Le basketball devait pour sa part siéger au sein de la Youth Plaza Arena B (18 000 places), également située dans la zone de la « Baie de Tokyo ». In fine, les matchs sont programmés dans la Saitama Super Arena (19 000 places) qui existe déjà, mais qui est implantée bien au-delà des deux zones du dispositif initial, dans la ville de Saitama au Nord de Tokyo.

Concernant le cyclisme, hormis le BMX, toutes les disciplines ont été impactées par des changements : le départ et l’arrivée des épreuves sur route auront lieu à l’Imperial Palace Garden (l’arrivée devait initialement se dérouler dans le Musashino Forest Park), tandis que le cyclisme sur piste et le VTT ont été délocalisés dans la ville de Izu où un Vélodrome et des parcours existent déjà.

Avec ces deux changements spécifiques, la promesse de faire des Jeux dans un rayon de 8 kilomètres autour du Village des Athlètes est écornée. En effet, Izu se situe à 120 kilomètres au Sud-Est de la capitale nippone. Toutefois, les modifications ont permis de réaliser quelques économies bienvenues.

L’escrime et le taekwondo auraient dû s’installer au sein de l’existant Tokyo Big Sight Hall B (8 000 places) selon les plans présentés il y a trois ans. Aujourd’hui, les organisateurs ont acté le déplacement des épreuves dans le Centre d’exposition et de convention Makuhari Messe, à l’extrémité de la zone de la « Baie de Tokyo ».

Il en sera de même avec la lutte qui devait pourtant se présenter au Tokyo Big Sight Hall A (10 000 places).

Toujours dans un aspect logistique, le rugby a lui-aussi connu un changement de site. Au départ, les matchs devaient avoir lieu dans le nouveau Stade Olympique (80 000 places selon les premiers plans de l’architecte Zaha Hadid). Désormais, il est prévu d’organiser le tournoi dans le Tokyo Stadium (50 000 places).

Enfin, la voile a posé des problèmes plus importants et ce, compte-tenu de la proximité des couloirs aériens de l’aéroport international de Tokyo-Haneda.

De fait, le Comité d’Organisation a supprimé la Marina de Wakasu afin de privilégier l’Enoshima Yacht Harbour, site des épreuves de voile des JO 1964, à 71 kilomètres au Sud de la capitale.

Visuel du futur Centre Aquatique en date d'octobre 2015 (Crédits - Tokyo 2020 / Tokyo Metropolitan Government)
Visuel du futur Centre Aquatique en date d’octobre 2015 (Crédits – Tokyo 2020 / Tokyo Metropolitan Government)

Si ces changements sont d’ores et déjà conséquents, ils pourraient néanmoins ne pas être les derniers.

En effet, une Commission Spéciale mise en place à l’initiative de la nouvelle Gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, doit présenter ce jeudi une série de propositions pour réduire le volume des dépenses.

Selon la presse nippone, quatre domaines seraient impactés de différentes manières : la natation ; le canoë-kayak (course en ligne) ; l’aviron et enfin le volleyball.

Pour la natation, la capacité du Centre Aquatique pourrait être revu à la baisse. Il ne faudrait donc plus compter sur la perspective d’une arène à 20 000 places. Cette même problématique se poserait aussi pour l’Ariake Arena dont la capacité envisagée est actuellement de 15 000 sièges.

Pour ce qui est du canoë-kayak et de l’aviron, des critiques ont été faites concernant l’implantation du site actuel – Sea Forest Waterway – et ses contraintes liées au vent et aux marées. Le site final pourrait en conséquence être particulièrement éloigné de Tokyo et des plans initiaux.

L’option du Bassin de régates internationales de Nagaragawa (Préfecture de Gifu) n’est plus à écarter malgré la distance avec Tokyo : 400 kilomètres tout de même.

Visuel du futur site d'aviron et de canoë-kayak en date de mai 2016 (Crédits - Tokyo Metropolitan Government)
Visuel du futur site d’aviron et de canoë-kayak en date de mai 2016 (Crédits – Tokyo Metropolitan Government)

Dans son dossier de candidature, Tokyo 2020 prévoyait un financement des sites à hauteur de 5,175 milliards de dollars (4,62 milliards d’euros), comprenant outre les sites sportifs, le Stade Olympique, le Village des Athlètes et les espaces médias.

L’enveloppe prévisionnelle consacrée aux seuls sites sportifs s’élevait alors à 2,253 milliards de dollars (2 milliards d’euros). Avec les modifications déjà opérées, des économies non-négligeables ont été actées, notamment avec la suppression des sites Youth Plaza Arena A / B (420 millions de dollars soit 375 millions d’euros) et de la Wakasu Olympic Marina (114 millions de dollars soit 102 millions d’euros).

Bien sûr, d’autres dépenses sont venues s’ajouter depuis 2013 avec la délocalisation de sports dans certains sites ou tout du moins la rénovation de structures existantes non-inscrites dans le projet de candidature.

Cependant, l’effort consenti depuis trois ans n’est pas anodin : sur les sports impactés depuis l’élection de Tokyo comme Ville Hôte des Jeux, il était ainsi prévu d’aménager 3 nouveaux sites et 3 sites temporaires, tout en assurant l’utilisation de 3 sites existants.

Désormais, et dans l’attente des changements qui devraient être prochainement annoncés, Tokyo 2020 compte s’appuyer, pour les sports précédemment énumérés, 6 sites existants, 2 sites temporaires et seulement 1 nouvel équipement.

Maquette du futur Stade Olympique de Tokyo 2020 (Crédits - Cidade Olimpica)
Maquette du futur Stade Olympique de Tokyo 2020 (Crédits – Cidade Olimpica)

Face à l’incertitude persistante quant à la localisation définitive des sites – et donc de leur financement – Tokyo 2020 peut se rassurer en faisant le constat de la réussite de son Programme des Sponsors.

Ce dernier représente, à un peu moins de 4 ans de l’ouverture des prochains Jeux d’été, une manne financière majeure.

Avec 40 Partenaires comptabilisés, le Comité d’Organisation des prochains JO d’été pourrait avoir amassé la somme de 375 milliards de yens, soit près de 3,333 milliards d’euros.

14 pensées

  1. A ce rythme, on devra dire ce qui n’a pas changé pour faire au plus court. J’ai l’impression que Tokyo est la première ville hôte à faire autant de modification. Même si je trouve certain changement logique, comme pour le basketball et le badminton. De plus on peut se demander à quoi sert la première phase de la procédure de candidature du CIO si on peut changer quasiment toute les sites de compétitions. Je précise qu’il est normal de changer des sites quand il y a plus simple que le projet initial.

    Madrid et Istanbul vont vouloir des comptes. Ils ont été battu par un projet qui a été enterré.

    1. Pour illustrer les différents changements, j’ai puisé dans mes archives afin de comparer le dernier projet en date avec celui de la candidature… 4h de recherche, comparaison, rédaction, etc…

      Le projet initial est bien loin de l’ambition initiale de 2013.

      Il est vrai que les changements qui peuvent être opérés laissent la possibilité de complétement revoir la copie. Pour 2024, on voit d’ailleurs Los Angeles qui a procédé déjà à quelques changements, que ce soit avec le Village des Athlètes ou encore récemment en incorporant des sites du Sud de la Californie, au détriment de la compacité et de distances courtes Village / Site.

      1. Un exemple à méditer pour Paris qui pourraient utiliser plusieurs infrastructures modernes dans d’autres villes de France proches de la capitale . Je pense notamment à la Kinderarena de Rouen ou encore au Stade Pierre-Mauroy en configuration arena. Pourquoi ne pas prévoir une piscine olympique temporaire à Lille et délocaliser des matchs de basket à Rouen?

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