JO 2024 : Le Mouvement 5 Étoiles pousse la candidature de Rome vers la sortie

Hostile à la candidature olympique de sa ville, la Maire de Rome, Virginia Raggi, avait annoncé avant les Jeux de Rio 2016, son intention de rendre sa décision d’ici au mois d’octobre.

Finalement, la représentante locale du « Mouvement 5 Étoiles » (M5S) pourrait ne pas attendre cette échéance. Virginia Raggi pourrait en effet annoncer son choix dans les jours à venir, peut-être même dès la semaine qui s’ouvre.

L’annonce d’un refus de soutenir la candidature de Rome 2024 viendrait mettre un terme à plusieurs mois d’incertitudes qui avaient contribuer à fragiliser le projet italien.

Lors des JO 2016, le Comité de Candidature – qui avait certes bénéficié du déplacement au Brésil du Président du Conseil, Matteo Renzi – avait notamment été contraint d’annuler la conférence de presse pourtant autorisée par le Comité International Olympique (CIO).

A l’inverse de ses trois rivales – Paris, Los Angeles et Budapest – Rome 2024 n’avait ainsi pas souhaité s’exprimer devant les journalistes internationaux, sans doute dans la crainte d’avoir à répondre à des questions exclusivement centrées sur le positionnement et la décision imminente de Virginia Raggi.

Ce week-end toutefois, ce n’est pas au niveau local que s’est débattu l’avenir et sans doute la fin de la candidature de Rome. En effet, plutôt que Virginia Raggi, c’est cette fois-ci au tour de Beppe Grillo de s’exprimer sur le projet de la « Ville Éternelle ».

Sur son blog, Beppe Grillo a choisi de faire un parallèle avec les sites olympiques abandonnés d'Athènes 2004 pour critiquer le projet de Rome 2024
« Les installations olympiques d’Athènes 2004 aujourd’hui ». Sur son blog, Beppe Grillo a choisi de faire un parallèle avec les sites olympiques abandonnés d’Athènes 2004 pour critiquer le projet de Rome 2024

Dans une tribune publiée sur son blog et intitulé « Les Jeux Olympiques à Rome, non merci », le fondateur du M5S dénonce l’utilité de la candidature et surtout l’intérêt du projet au regard des coûts à supporter par la Ville et l’État, en choisissant habilement des illustrations de sites abandonnés après les Jeux d’Athènes 2004, des Jeux pour lesquels Rome était déjà candidate.

« Si les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde peuvent servir aux classes politiques et économiques ainsi qu’à de nombreux chefs d’entreprises pour satisfaire des acrobaties mégalomanes, ils sont souvent utilisés pour hypothéquer l’avenir des jeunes, qui doivent faire face à la dette, et comme une puissante arme de distraction massive dans le but d’offrir un spectacle qui est diffusé dans le monde entier par les médias et la télévision qui financent une fraction du coût.

[Les Jeux proposent] des reliefs éphémères aux conditions économiques et sociales des familles qui peuvent être momentanément heureux avec les médailles avant de devoir supporter la coûteuse entreprise des travaux » estime notamment la figure historique du mouvement anti-partis.

Au-delà des paroles, Beppe Grillo va plus loin encore dans son réquisitoire contre la candidature de Rome, en prenant l’exemple d’événements ou de projets régionaux dont le coût s’est finalement avéré plus élevé que les estimations initiales.

« Rome, qui n’a pas encore récupéré de l’organisation des Mondiaux de natation 2009 (déficit de 9 millions d’euros), qui a laissé des dettes et des déchets qui doivent encore être éliminés, avec la construction des ‘voiles’ de Calatrava à Tor Vergata avec une enveloppe de 250 millions d’euros pour un tas de béton et une masse de fer qui pourraient coûter environ 700 millions d’euros ; avec la piscine d’Ostie à 26 millions d’euros ; avec la piscine de Valco San Paolo pour 13 millions d’euros ; ou encore avec la piscine construite sur des terres publiques avec des fonds privés, puis offerte en concession à Circolo Aniene, a-t-elle vraiment besoin des Jeux Olympiques ? » questionne ainsi Beppe Grillo.

(Crédits - Roma 2024)
(Crédits – Roma 2024)

La réaction politique au sommet de l’État Italien ne s’est pas fait attendre.

Engagé dans une périlleuse campagne référendaire d’ici l’automne, Matteo Renzi, a tenu à critiquer le positionnement du « Mouvement 5 Étoiles » en estimant que ce dernier affaiblirait l’Italie.

« Le projet de Rome pour les Jeux Olympiques de 2024 est une grande opportunité pour l’Italie. Le projet est sérieux, rigoureux et bien fait. Ce n’est pas un hasard si nous sommes en pole position par rapport aux autres Villes Candidates.

J’ai lu que pour se regrouper après leurs querelles internes, le M5S aimerait dire Non aux Jeux Olympiques de Rome. Nous respecterons la décision de la Maire Virginia Raggi, mais permettez-moi de dire très fortement que le choix du Non à une grande opportunité pour le développement et l’emploi en Italie serait une erreur. Il s’agirait d’un geste triste et cynique.

Les intérêts de notre pays sont plus importants que les querelles des différents partis » a affirmé, ce samedi, le Président du Conseil Italien sur sa page Facebook.

Quoiqu’il en soit, Matteo Renzi semble d’ores et déjà préparé au retrait de l’Italie de la course aux anneaux olympiques.

Mais en dépit du retrait de Rome 2020 et donc probablement de Rome 2024, l’ancien Maire de Florence ne perd pas espoir de voir son pays retenter sa chance pour l’édition 2028 des Jeux d’été.

Récemment, Matteo Renzi avait ainsi affirmé qu’il respecterait le choix de Virginia Raggi mais qu’un renoncement de la capitale pourrait conduire à la désignation d’une autre ville italienne pour candidater à la prochaine échéance.

Une manière, peut-être, de relancer l’ambition olympique du côté de Milan, voire même de Florence.

11 pensées

  1. Bepe Grillo a dit donc Raggi ferra si elle ne veut pas subir les foudres du M5S et de ses militants.

    Grillo montrent bien qu’il a un discours orienté. Prendre Athènes 2004 alors que Barcelonne 1992 et Londres 2012 ont prouvé qu’une bonne gestion et un programme crédible post-jeux permettent d’éviter les éléphants blancs.

  2. Rome 2024 est déjà du passé. Même si la ville maintenait sa candidature, personne au CIO ne voudra confier les Jeux à une ville dont la mairesse pourrait renoncer à l’organisation à tout moment. La capital italienne a tout intérêt à se retirer maintenant, pour éviter une humiliation lors du vote du CIO.

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