Bernard Lapasset : « Une gouvernance et un projet qui font naître la confiance auprès du CIO »

Actuellement présent avec la délégation française à Rio de Janeiro (Brésil), Bernard Lapasset défend avec enthousiasme la candidature de Paris 2024.

Coprésident de cette dernière avec Tony Estanguet, Bernard Lapasset a accepté de répondre en exclusivité aux questions de « Sport & Société ». Évoquant le succès du Club France à l’issue de la première semaine des Jeux Olympiques, il revient aussi sur l’importance de la présence de la candidature tricolore à Rio.

Bernard Lapasset à la tribune de la Philharmonie de Paris lors de la présentation du projet, le 17 février 2016 (Crédits - Sport & Société)
Bernard Lapasset à la tribune de la Philharmonie de Paris lors de la présentation du projet, le 17 février 2016 (Crédits – Sport & Société)
  • Après une semaine de Jeux, quel est votre ressenti quant aux animations proposées et aux activités au Club France ?

Le Club France est une grande réussite que l’on doit au Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). C’est un endroit extraordinairement moderne en matière d’activités, d’animations et d’ouverture vers l’extérieur. Il est populaire, festif et sportif.

Le CNOSF accueille entre 4 000 et 5000 visiteurs par jour. C’est unique ! J’ai visité une dizaine de « maisons » et nous sommes les seuls à donner une telle image d’ouverture et de mixité. C’est aussi l’image d’un pays qui s’ouvre et qui veut exprimer son engagement envers les Brésiliens mais aussi envers la famille olympique toute entière.

Il est important de voir de quelle manière on assure le suivi et l’accueil de ceux qui veulent venir. On a une diversité de visiteurs : des Brésiliens bien sûr qui sont extrêmement majoritaires, mais on voit aussi arriver des sportifs de tous les pays. Il y a une très grande diversité de publics qui viennent participer à la fête qui est célébrée ici chaque jour. Un esprit de célébration qui permet de donner une image positive des Jeux Olympiques au-delà de l’événement ; et qui pèse extrêmement fort pour la candidature française.

Nous portons et exprimons collectivement une image de la France au travers de ce Club ici à Rio. L’image d’un pays qui veut défendre et promouvoir le « vivre ensemble ». C’est un enjeu majeur dans nos sociétés et nous pouvons dire que nous avons ici, au Club France, un exemple unique du vivre ensemble que rend possible l’Olympisme et les Jeux.

(Crédits - France Olympique)
(Crédits – France Olympique)
  • Par rapport aux JO 2016, quel premier enseignement pouvez-vous tirer de l’organisation de l’événement à Rio ?

On a écrit et on a dit beaucoup de choses sur les Jeux avant qu’ils ne débutent. Il y a effectivement beaucoup de challenges pour la population brésilienne mais les Jeux ont repris la main et c’est ce que nous observons ici à Rio.

Depuis 10 jours nous vivons à l’heure des compétitions pour les athlètes, pour le public, pour les médias, pour ceux qui participent à l’animation des Jeux Olympiques et on se rend compte que tout cela vit très bien. C’est quelque chose qui s’est finalement bien installé, malgré les petites hésitations au départ comme dans toutes les organisations. Aujourd’hui, nous sommes loin de ça. Cela se passe très bien au Village des Athlètes, au niveau de l’alimentation, au niveau du déroulement des matchs et des compétitions.

Nous faisons tous l’expérience de Jeux sur un territoire très grand. Il n’y a pas cette compacité que l’on recherche dans les Jeux. Le Brésil a vraiment voulu construire quelque chose d’immense pour assurer une célébration superbe. Ce constat pèse un petit peu pour chacun d’entre nous, mais cela reste un élément bien identifié. Il y a par ailleurs eu des efforts dans le domaine des transports et cela est salué.

Je crois vraiment que les Jeux de Rio seront accomplis et qu’ils vont donner l’image positive de ce que voulait faire le Comité d’Organisation. Aujourd’hui on mesure l’ambition qu’avait le Brésil : moderniser le territoire, donner davantage de moyens de transports, donner davantage d’ouverture vers l’extérieur. C’était un challenge important mais il devrait être réussi.

François Hollande, Président de la République ; Bernard Lapasset, coprésident de Paris 2024 ; et Thomas Bach, Président du CIO (Crédits - Présidence de la République)
François Hollande, Président de la République ; Bernard Lapasset, coprésident de Paris 2024 ; et Thomas Bach, Président du CIO (Crédits – Présidence de la République)

Dans une campagne il y a plusieurs éléments qui comptent.

Le premier, c’est de donner la référence de la gouvernance : Est-ce que cette gouvernance est solide ? Est-ce qu’elle est unitaire ? Est-ce qu’elle porte un message et un seul ? Est-ce qu’elle porte véritablement des atouts pour gagner ?

Je crois que cet élément a d’abord été apporté par le Mouvement sportif, puisque nos athlètes ont participé et très bien participé. Il y a évidemment le soutien fort et marqué par la présence du Président de la République et des responsables politiques. Ce sont des éléments extrêmement forts qui rassurent le Comité International Olympique (CIO) et les Fédérations Internationales.

La candidature de Paris 2024 a totalement modifié ce qui s’était produit dans le passé. Ce que nous avons montré, c’est cette forme de gouvernance qui donne la solidité nécessaire et qui fait naître la confiance auprès des membres du CIO.

La France est unie, elle le montre et elle le porte avec force et détermination. Je crois que c’est un élément qui, sur la première semaine, a beaucoup compté sur l’approche et la façon dont nous voulons nous exprimer.

Thomas Bach, Président du CIO, à la découverte du projet français (Crédits - Paris 2024)
Thomas Bach, Président du CIO, à la découverte du projet français (Crédits – Paris 2024)
  • Pour la deuxième et dernière semaine des Jeux, et à plus long terme au moment des Jeux Paralympiques, quelles vont être les prochaines étapes pour la candidature ?

Nous sommes aujourd’hui dans une phase où nous vivons les Jeux. Après Rio il sera temps de partager avec les Français l’expérience des Jeux et de les engager chaque jour un peu plus. Les Jeux paralympiques début septembre seront un autre temps fort pour nous !

Ici à Rio, les Fédérations Internationales ressentent l’attention que nous portons à leur sport. Elles sentent le besoin que nous avons de mieux connaître leur sport, leur identité, leur discipline. Le message, c’est d’aller vers elles, de donner le signal que la France est porteuse de valeurs. Ce n’est pas simplement le dossier qui va compter, c’est aussi l’expression d’une vision et d’une manière de vivre les sports.

Notre ambition pour Paris 2024, c’est la promesse des meilleurs Jeux pour chaque discipline et que nous soyons le meilleur partenaire pour le CIO.

18 pensées

  1. Tout le monde est beau et gentil, ce sont des propos convenus et de circonstance.
    Il faut relayer aussi des opinions un peu moins lisses et un peu plus discordantes, si on veut faire de l’information complète et objective…..

  2. Bonjour Kévin et merci pour toutes ces informations. J’ai lu plusieurs articles et leurs commentaires qui étaient optimistes sur Paris 2024. Une personne disait que le projet est compact or je ne le trouve pas. A Rio et à Londres le village olympique est couplé avec les piscines, l’arena de basket, l’arena de handball, le vélodrome, … et même le stade olympique pour Londres.

    A Paris, le village serait éloigné de plus d’un kilomètre du premier site de compétition (Stade de France) et les autres sites sont à 5 – 10 kilomètres. Il faudra sans doute pas loin d’une heure (ou bien plus avec les embouteillages) pour aller du village olympique au parc expo porte de Versailles, à Bercy, … Trop peu d’épreuves sont sur le même site. Il me semble qu’en 2012 il avait 2 noyaux : Bourget et Auteuil.

    A Los Angeles, hormis le village olympique (à 15 km), les principaux sites sont dans le même clusters. Il sera facile de passer d’une salle à l’autre et de vivre l’esprit olympique tout en étant au coeur de LA et non en banlieue parisienne.

    Kévin, Paris a-telle vraiment ses chances pour 2024 face au géant américain ? LA a-t-elle des failles ?

    1. Bonsoir Mathilde,

      Londres 2012 avait réussi la prouesse de coupler la quasi-totalité de ses sites au sein du Parc Olympique. Il faut dire qu’il y avait derrière ce projet, une ambition urbaine à plus grande échelle et qui doit aboutir d’ici 2030-2035. J’ai eu l’occasion d’évoquer ces changements urbains, et j’aurai encore l’occasion de le faire prochainement.

      Pour Paris, le « cluster » Stade Olympique / Piscine / Village est un point fort essentiel. Il se concentre sur un territoire qui a besoin d’être revitalisé et qui a longtemps été mis à l’écart des politiques publiques.
      Toutefois, la manière dont sera conçue le Village devra être étudiée avec attention. Le projet de Paris 2008 avait été critiqué par le Rapport d’évaluation du CIO, qui avait pointé la taille des immeubles et la proximité avec d’autres immeubles existants alentours (problème de sécurité).

      Pour Los Angeles, le choix initial s’était porté sur un terrain relativement éloigné du centre. Finalement, la candidature a fait le choix d’utiliser les sites des campus universitaires de Los Angeles. Judicieux, mais pas original, cela rappelant la technique américaine déjà en marche en 1984 et en 1996.

      Au-delà de la problématique du Village – là encore, j’ai régulièrement l’occasion d’y revenir – Paris a des chances réelles, du fait de la qualité technique de son dossier (sites existants importants et en nombre) et des modifications apportées dans la gouvernance après les échecs successifs. Tout dépendra néanmoins de la manière dont Paris 2024 arrivera à « vendre » son dossier, à présenter son projet aux membres du CIO et aux responsables des Fédérations Internationales (ce soutien compte aussi !)
      Los Angeles présente aussi un solide dossier technique, avec un nombre de sites existants importants (héritage de 1932 et 1984 surtout). Mais la « magie » LA opérera-t-elle ? C’est une candidature « sécurité » au sens financier. Le message devra être clairement défini par la candidature.
      Le principal point faible est selon l’aspect politique. Celui-ci peut rentrer en ligne de considération, et les déclarations de Donald Trump (même s’il n’est pas élu) pourrait détourner une partie des électeurs du CIO de la candidature US. A suivre !

      1. J’ajouterai que Los Angeles a le très gros désavantage de passer après Rio et Tokyo, deux villes non-européennes. Ajoutons à cela les Jeux d’hiver en 2018 et 2022 en Asie et l’Europe n’aura plus organisé les JO en 2024 depuis Sotchi en 2014. De plus, il y a peu de chance que des villes européennes se présentent pour 2028. Rome, Budapest et Paris ne seront certainement plus de la partie, en cas de défaite pour 2024. Londres vient de les avoir et l’Allemagne ne semble plus en faire un objectif, après la déconfiture d’Hambourg. Istanbul n’est pas vraiment une option et la Russie est pour le moment hors-jeux. Quant à Madrid, il y a très peu de chances qu’elle se relance dans la bataille.

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