Brésil : Dilma Rousseff dans l’attente du vote du Sénat

Quelques semaines après le vote mouvementé de la Chambre des Députés, le Sénat du Brésil s’apprête à son tour à se prononcer en faveur de la destitution de la Présidente Dilma Rousseff.

Première femme élue à la tête de la puissance Sud-Américaine, cette dernière devrait en effet être écartée du pouvoir et ce, conformément à la procédure de l’Impeachment engagée contre elle par l’opposition de Droite et une partie de ses anciens alliés politiques.

Dilma Rousseff a accueilli la flamme olympique des JO 2016, le 03 mai à son arrivée à Brasilia (Crédits - Rio 2016 / Célio Messias)
Dilma Rousseff a accueilli la flamme olympique des JO 2016, le 03 mai, à son arrivée à Brasília (Crédits – Rio 2016 / Célio Messias)

Le vote devrait intervenir cette semaine à Brasília.

D’ores et déjà – et sur le modèle de la Commission de la Chambre des Députés – une Commission spéciale du Sénat a recommandé vendredi la suspension de Dilma Rousseff. Cette recommandation, qui servira de base aux débats et au scrutin devant le Sénat, a été approuvée par 15 voix contre 5. Une large majorité donc.

Concernant cette fois le vote du Sénat réuni en séance, les dernières estimations ne laissent guère de place au doute.

Selon un décompte du quotidien « O Estado de São Paulo », 50 sénateurs devraient se prononcer en faveur de la destitution, tandis que 20 semblent aujourd’hui décidés à maintenir leur soutien à la Présidente réélue en 2014.

Si le Sénat acte la poursuite de la procédure – il faut une majorité simple, soit 41 suffrages – Dilma Rousseff sera suspendue de la Présidence du Brésil pour une durée de 180 jours, avant qu’un procès ne s’ouvre officiellement.

Pour palier à cette vacance du pouvoir, le vice-Président Michel Temer prendra la place de Dilma Rousseff et assurera la conduite du pays et, ce n’est pas anodin, l’ouverture des Jeux Olympiques, le 05 août prochain. L’ex-allié de la Présidente en exercice a en tous cas déjà préparé le changement de direction à la tête du Brésil, en consultant autour de lui dans le but de nommer de futurs Ministres.

Le probable futur Président par intérim – épargné récemment par un magistrat en charge de l’enquête de corruption « Petrobras » – devra affronter les critiques mais aussi, et peut-être surtout, les déboires judiciaires de ses collègues.

Après le Parti des Travailleurs (PT), le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) commence lui aussi à vaciller après les investigations des enquêteurs. Or, le PMDB est précisément la formation politique dirigée par Michel Temer. Plusieurs millions de dollars auraient été transférés sur différents comptes à l’initiative de membres du parti suspectés d’avoir perçu des pots-de-vin et autres commissions occultes.

Face à ces nouvelles révélations qui menacent cette fois leurs adversaires, et bien que résignés sur l’issue du scrutin, les partisans de Dilma Rousseff et plus largement du Parti des Travailleurs, ne désarment pas.

L’ancien Président charismatique, Lula, estime notamment que Michel Temer ne parviendra pas à rétablir la stabilité économique et politique d’ici la prochaine élection présidentielle prévue en 2018. Celui qui fut le mentor politique de Dilma Rousseff n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de se représenter à nouveau à la présidence.

Quoiqu’il en soit, Lula peut compter sur un capital sympathie encore élevé depuis son départ du pouvoir. Bien que paradoxale, la perception de Lula par les Brésiliens demeure plus positive que d’autres dirigeants ayant exercé la fonction suprême.

Interrogés sur le meilleur Président de l’histoire du Brésil, 35% des sondés s’étaient ainsi tournés en direction de Lula. Un chiffre bien supérieur à ceux de Fernando Henrique Cardoso, prédécesseur de Lula (16%) mais surtout de Dilma Rousseff (1%).

Ce pourrait être l'une des dernières images de Dilma Rousseff en tant que Présidente du Brésil. Ici avec Carlos Arthur Nuzman, Président de Rio 2016 ; et Fabiana Claudino, capitaine de l'équipe brésilienne de volley-ball (Crédits - Rio 2016 / Célio Messias)
Ce pourrait être l’une des dernières images de Dilma Rousseff en tant que Présidente du Brésil. Ici avec Carlos Arthur Nuzman, Président de Rio 2016 ; et Fabiana Claudino, capitaine de l’équipe brésilienne de volley-ball (Crédits – Rio 2016 / Célio Messias)

En attendant le vote du Sénat, déterminant pour la vie politique brésilienne et pour la stabilité du pays, Dilma Rousseff pourra peut-être se réjouir de la chute annoncée de son adversaire et Président de la Chambre des Députés, Eduardo Cunha.

Celui-là même qui dirigea les débats lors du vote du 17 avril dernier, a ainsi été suspendu de ses fonctions par un juge de la Cour Supérieure de Justice.

Il faut dire que le rival de la Présidente est impliqué – comme de nombreux élus brésiliens – dans le gigantesque scandale « Petrobras », et est accusé d’avoir perçu des pots-de-vin à hauteur de 5 millions de dollars.

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